• Les exportations des produits d'artisanat ont rapporté à notre pays 385 millions de dinars l'année dernière • Des conditions de travail favorables doivent être garanties pour assurer la pérennité de ces 1.200 entreprises artisanales dont 523 sont exportatrices • La commercialisation des produits importés et l'industralisation constituent des menaces pour les petits artisans L'artisanat peut offrir des opportunités d'emplois pour plusieurs Tunisiens dans toutes les régions du pays. Chaque région dispose, en effet, de ses spécificités. Il y a quelque temps, un projet dénommé «une région, un produit» a été lancé mais n'a pas été concrétisé sur le long terme. Pourtant, l'artisanat fait travailler aujourd'hui des milliers de personnes — dont un grand nombre a suivi une formation dans les centres spécialisés — et procure au pays des recettes en devises grâce à l'exportation. D'ailleurs, selon les derniers chiffres disponibles, les exportations des produits d'artisanat ont rapporté à notre pays 385 millions de dinars (MD) l'année dernière. Pas moins de 328 MD — de l'ensemble de ce montant — ont été obtenus grâce justement aux exportations dites indirectes contre seulement 57 MD pour les envois à l'étranger. C'est dire que nombreux touristes viennent spécialement en Tunisie pour découvrir le pays, sa culture et sa civilisation à travers les objets d'artisanat pour le décor mais aussi pour l'utilisation domestique. Utilisation de matériaux de qualité Cependant, un danger plane sur l'artisant tunisien dans la mesure où l'on a constaté au cours des dernières années des objets de décoration provenant des pays étrangers et notamment asiatiques, ce qui concurrence sérieusement les produits locaux. La finition du travail est assez correcte et les prix sont abordables. Un autre phénomène menace notre artisanat, à savoir celui de l'industrie. Plusieurs produits sont fabriqués par l'industrie comme le tapis, le verre soufflé et autres lampadaires. Les connaisseurs préfèrent toujours acheter des produits fabriqués à la main et qui nécessitent souvent des journées de travail avec l'utilisation de matériaux de qualité. Toutes les dispositions doivent donc être prises pour sauver notre artisanat en obligeant les industriels à spécifier que leur produit provient de l'industrie pour ne pas tromper les consommateurs tout en protégeant les petits artisans. D'ailleurs le secteur de l'artisanat participe avec 2.2% dans les exportations avec une part de 4% dans le PIB. Les promoteurs n'ont jamais été découragés et continuent chaque année d'investir et d'exploiter les opportunités qui se présentent. Il faut vraiment aimer cette activité et croire en son développement pour réussir et pérenniser l'entreprise.Ce n'est pas un hasard si la valeur annuelle des investissements est estimée à 18,4 MD. On a constaté dans plusieurs entreprises que le métier est hérité de père en fils. Mais il ne faut pas dormir sur ses lauriers car certaines spécialités sont menacées de disparition après l'abandon du travail par les jeunes qui ne sont plus intéressés par les luminaires décorés et autres. Répondre aux normes établies Les quelque 350 mille artisans opérant dans 76 activités sont toujours appelés à relever les défis malgré les problèmes rencontrés et qui ont trait aux matières premières, à la concurrence et au manque de main- d'œuvre. Les conditions de travail favorables doivent être garanties pour assurer la pérennité de ces 1.200 entreprises artisanales dont 523 sont exportatrices. Au contraire, ce chiffre peut augmenter, moyennant la création de nouveaux ateliers dans des régions qui ont des traditions dans ce domaine. Les boutiques agréées sont, quant à elles, une garantie pour les consommateurs qui cherchent à acheter des produits authentiques et de valeur. D'autres boutiques peuvent être ajoutées à la liste à l'avenir, à condition de répondre aux normes établies. Le secteur ne peut garantir la qualité que par la présence de l'amine qui est généralement un professionnel bien rodé, connaissant toutes les facettes des activités artisanales. Il semble que ce «chef de corporation» soit de nouveau mis sur le terrain, dans la mesure où l'on compte pas moins de 38 amines qui peuvent conseiller les nouvelles recrues et les orienter, surtout que le nombre annuel des jeunes formés et des stagiaires est d'environ 15 mille. C'est dire que le secteur qui offre près de 7.000 emplois par an n'est pas tout à fait laissé pour compte. Mais l'amélioration de ces offres et des conditions de travail est une demande légitime.