Sartre a écrit un jour dans l'une de ses œuvres «L'Autre, c'est l'enfer», évoquant nos rapports complexes et conflictuels à l'autre. C'est sur cette notion que se base tout le travail de la pièce de théâtre intitulée L'abîme de Haitham El Haj présentée, mardi dernier, au lycée pilote de l'Ariana. Drainant un public essentiellement jeune, cette pièce, jouée par les membres de la troupe «Djebel du Liban» raconte la vie agitée et tumultueuse de Azar, le personnage principal, qui, entouré de son amante et de ses serviteurs, s'interroge sur les rapports humains, et entre, dès lors, dans un tourbillon interminable de questionnements. Il refuse les rapports imposés à l'Autre et se révolte contre le destin en tenant d'accéder à la vérité. La pièce, composée de 3 scènes et de 3 actes, se joue dans une salle de salon, représentée sur scène par un grand sofa, une cheminée, un porte-manteaux et une table. Azar entre dans un monologue d'idées philosophiques évoquant certaines notions liées à la psychologie humaine, telles que la solitude, le bien et le mal ... A partir de cela commence une série de questionnements philosophiques sur le sens de la vie et de l'existence, sur l'amour et la mort. Azar s'insurge contre sa situation, se refermant sur lui-même, la solitude devient alors pour lui un lieu de libération, de rêve, de joie et d'extase qui l'aide à oublier les soucis du quotidien. Il se réfugie dans un monde propre à lui, se heurtant ainsi au monde réel, représenté par ses deux serviteurs et son amante Sarra. Ce conflit, mis en relief par l'emploi fréquent de jeux de mots et d'un discours philosophique, vise à susciter réflexion et remise en question chez les spectateurs, les confrontant à la vanité de l'existence humaine, à l'absurdité et la complexité de l'être. La tension dramatique augmente quand Azar réalise que sa quête de solitude est vouée à l'échec. Ne pouvant plus vivre avec les autres, il finit par se suicider. La pièce revêt une dimension tragique et met en évidence l'importance des relations humaines. Ce que l'on retient, à la fin, c'est que l'être isolé, coupé du monde, finit toujours par s'autodétruire.