Avec le retour, hier, des constituants à leurs commissions dans le but de finaliser le texte de la Constitution, les supputations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale ont repris leur place dans les discussions traversant le paysage politique national. Les indiscrétions sur la disposition de certains parmi les partis politiques représentés au sein de la Constituante ou n'ayant pas de sièges au Palais du Bardo de rejoindre le gouvernement actuel sont également de retour. Les déclarations de Ajmi Lourimi, membre du bureau exécutif d'Ennahdha, publiées, hier, par un journal de la place révélant que «certains groupes parlementaires au sein de l'ANC ont exprimé le désir d'entrer au gouvernement en échange de leur coopération et leur cohésion avec ce même gouvernement» ont suscité diverses réactions auprès des différents acteurs de la scène politique nationale. Interrogés par La Presse pour répondre à la question de savoir s'ils ont été contactés par le gouvernement ou s'ils ont offert eux-mêmes leurs services à la Troïka, ils n'ont pas hésité à reprendre l'analyse qu'ils se font de la situation politique actuelle et à réaffirmer leur attachement à la nécessité d'opter pour une démarche consensuelle qui «éviterait à la Tunisie de graves risques de tomber dans l'instabilité et le chaos au cas où la date fatidique du 23 octobre 2012 serait atteinte sans que l'on parvienne à l'élaboration définitive de la Constitution, conformément aux engagements répétés à plusieurs reprises par le président de l'ANC et par le chef du gouvernement Hamadi Jebali». Initiative imminente d'Al Joumhouri Issam Chebbi, porte-parole du parti Al Joumhouri, est on ne peut plus clair et précis, en soulignant : «Nous n'avons pas été contactés par le gouvernement pour une éventuelle participation à un gouvernement d'union nationale. Pour notre part, nous n'avons pas touché le gouvernement. Cette question n'a été discutée ni au niveau de la direction centrale du parti ni à l'échelle des constituants d'Al Joumhouri à l'ANC. Donc, les déclarations de Ajmi Lourimi ne nous concernent pas dans la mesure où tout le monde sait que notre parti ne cherche pas les portefeuilles ministériels. Nous œuvrons, plutôt, à faire sortir le pays d'une crise qui pourrait menacer sa stabilité ainsi que le processus de la transition démocratique. Nous avons déjà appelé à un dialogue national en vue de convenir d'un programme de salut national sur la base de la formation d'un gouvernement de compétences qui sera capable d'apporter les solutions qu'il faut à la crise actuelle et qui sera soutenu par l'ensemble des forces politiques nationales. La direction de notre parti se penche actuellement sur la mise au point d'une initiative que nous proposerons à nos partenaires sur la scène politique nationale. Notre initiative ambitionne de résoudre la crise dans laquelle se débat notre pays et de chercher une solution à caractère consensuel qui devra prémunir la Tunisie contre une crise de légitimité dont elle n'a pas besoin et contre laquelle elle n'a pas les moyens de résister». Oui, à mes conditions De son côté, Bouebdelli Bousairi, président du Parti républicain maghrébin, précise qu'il «n'a pas été approché officiellement pour une participation éventuelle au gouvernement. Cependant, au cours du mois de mai 2012, j'ai eu une rencontre avec Hamadi Jebali, chef du gouvernement, et nous avons échangé des idées sur la question de l'enseignement, avec tous ses cycles. Je lui ai fait part de ma conception quant à la restructuration de cet important secteur. Je pense qu'il faudrait créer un ministère qui regrouperait, outre l'éducation et l'enseignement supérieur, le domaine de la formation et qui sera dirigé par un ministre secondé par deux secrétaires d'Etat. Depuis mon entrevue avec Hamadi Jebali, je n'ai reçu aucun contact officiel bien que je continue à dialoguer avec les responsables, mais à titre officieux». Le Parti républicain maghrébin est-il disposé à s'allier à Ennahdha lors des prochaines élections ? «Oui, sous certaines conditions dont la résolution du problème des salafistes, la préservation du Code du statut personnel, le retrait de l'article 28 du projet de la Constitution, la consécration des libertés et l'abandon de l'article relatif à la criminalisation de l'atteinte au sacré». Objectif, éviter les erreurs de la Troïka De son côté, Azad Badi, membre du bureau exécutif du mouvement Wafa, révèle que «personne au gouvernement ne nous a proposé de faire partie d'un gouvernement d'union nationale. En ce qui nous concerne, nous n'avons pris attache avec personne pour proposer nos services». Le constituant du mouvement Wafa précise : «Nous avons une vision politique évaluative de ce qui a été réalisé tout au long de l'année politique qui s'achève dans quelques semaines. Pour nous, les politiques futures doivent être mises en place en fonction des résultats de cette évaluation, notre objectif étant de ne pas re-commettre les erreurs du passé. Toutefois, nous soutenons l'organisation d'un dialogue national auquel participeront toutes les forces nationales dans l'objectif de faire réussir la deuxième étape de la transition démocratique. Quant à faire partie d'un gouvernement, quelle que soit son appellation, il doit être fondé sur les politiques et les grands choix qui guideront son action. Et ces choix concernent, en premier lieu, la concrétisation des objectifs de la révolution dont beaucoup de politiciens s'éloignent de jour en jour. Il est indispensable d'éviter les erreurs commises par la Troïka qui a préféré se répartir les portefeuilles ministériels et les hauts postes au sein de l'administration». Secrétaire général du parti El Amen, Mohamed Naâmoun, nie avoir été touché par le gouvernement pour que son parti y participe. «L'orientation générale au sein d'El Amen est que nous refuserons une telle offre. Cependant, le dernier mot reviendra au bureau politique qui décidera de la position à prendre, à la suite d'un débat franc et démocratique», tient-il à préciser.