C'est dans la même minuscule salle de réunion de l'ex PDP que s'est tenue hier matin la conférence de presse hebdomadaire du parti Al Jomhouri. Comme toujours, on joue sur l'image avec un pupitre high-tech, derrière lequel se dresse une grande «enseigne» du parti «Républicain». Dans son allocution devant les quelques journalistes présents, Issam Chebbi, membre du bureau politique et député à l'ANC, présente ses condoléances aux familles des naufragés de Lampedusa et rappelle qu'il est important de condamner ceux qui font de ce commerce humain une profession, tout en soulignant qu'il faut combattre la misère et le désespoir de la jeunesse tunisienne qui la pousse à tenter l'aventure dans ces embarcations de la mort. D'autre part, une délégation du parti Al-Jomhouri a rencontré le maire de Lampedusa et a demandé officiellement à rencontrer les rescapés. En ce qui concerne la presse, le député d'Al Jomhouri a exprimé son indignation face à ce qu'il a appelé «la dégringolade» de la liberté d'expression, et ce, moins de deux ans après la révolution du 14 janvier 2011, qui avait délié les langues. Rappelons que suite à une grève des employés, les quotidiens Al-Sabah et Le Temps ne sont pas parus hier. Issam Chebbi estime, par ailleurs, que le gouvernement actuel a choisi de faire taire la voix de la presse au lieu de la réformer. «Aucune institution, aucune Constitution ne peut avoir de sens sans une réelle liberté de la presse» déclare-il, tout en soulignant le soutien du parti au syndicat de Dar Assabeh dans son combat, et la solidarité également avec Sami Fehri, victime, selon lui, de cette guerre à l'encontre de la presse. Dans un autre registre, le parti Républicain admet que l'engagement a été pris de rédiger la constitution en une année et que celle-ci se termine le 23 octobre, date à laquelle il faudra demander des comptes au gouvernement et à l'ANC. Il explique que c'est dans ce cadre qu'Al-Jomhouri, avec ses partenaires politiques (Al Massar notamment), a proposé à tous les partis que soit organisée une table ronde nationale qui aura pour objectifs de : - Déterminer une date officielle et définitive pour la tenue des prochaines élections. - D'ouvrir un large dialogue national sur le régime politique à adopter, vu les divergences entre le parti majoritaire à l'ANC et le reste de la classe politique. Cette table ronde nationale, à laquelle tient le parti Républicain, doit, selon lui, se tenir avant la date butoir du 23 octobre et que la feuille de route doit impérativement être prête avant cette date. Commentant les propos de Lotfi Zitoun, qui a déclaré, dans une interview accordée à notre journal, que le gouvernement est ouvert à toute forme de dialogue, Issam Chebbi ironise en estimant que ces déclarations sont les bienvenues après un an et demi de sorties fracassantes de la part du conseiller du Premier ministre. Néanmoins, le parti se dit en attente d'une réponse officielle de la part du gouvernement. Le député a aussi prévenu qu'Al Jomhouri ainsi que toutes les forces républicaines du pays se dresseront contre les tentatives de mainuise d'Ennahdha sur les institutions publiques d'une part, et contre les menaces qui pèsent sur les libertés individuelles, d'autre part. En réponse à une question autour d'éventuelles divisions au sein du parti, le représentant d'Al-Jomhouri déclare : «Il y a des divergences d'opinions, mais le parti est uni dans les décisions qui sont approuvées quasiment à l'unanimité». Le parti condamne au passage ce qu'il a appelé «une tentative d'agression contre la mémoire nationale», en s'attaquant au musée Bourguiba à Monastir. La rentrée politique s'annonce donc mouvementée pour le Parti, ainsi que pour toute la classe politique, qui semble obligée de s'asseoir autour de la table pour s'entendre sur certains sujets d'ordre national, et ce, avant la grande bataille d'une élection dont nous attendons encore que soit fixée la date.