Par Mohsen ZRIBI Depuis l'attaque de l'ambassade US du côté des Berges du Lac, on a la nette impression que la lutte contre les salafistes est montée d'un cran pour subitement devenir plus farouche et donc moins «tendre». Cette escalade, il faut aller la chercher d'abord dans le discours politique marqué désormais par un ton plus dur et une volonté plus manifeste d'«en finir avec ce mouvement dans les plus brefs délais». Cela se lisait, ces jours-ci, dans les déclarations de M. Hamadi Jebali et dans celles de ses ministres de l'Intérieur et de la Justice. Çà et là, les propos, jusqu'ici mielleux au point de friser la complaisance envers les salafistes, l'ont cédé à un langage ferme, voire menaçant qui n'a pas tardé à se traduire sur le terrain, avec notamment l'arrestation de deux des plus proches lieutenants d'Abou Iyadh, en l'occurrence Hassen Braïek et Adel Hannachi, qui attendent d'être jugés... en dépit de la grève de la faim qu'ils viennent d'entamer. Par ailleurs, l'étau se resserre de plus en plus autour de l'homme fort du mouvement et de deux de ses principaux fidèles dont l'enquête policière a confirmé l'implication dans l'assaut de l'ambassade et de l'école américaines. En parallèle, les descentes et les coups de filet lancés dans les milieux salafistes ont récemment redoublé d'intensité au même moment où la présence policière devant et autour des mosquées est devenue plus imposante, particulièrement lors de la prière du vendredi. Parfum US Autant de signaux forts qui nous amènent à nous poser les questions suivantes : pourquoi le combat contre les salafistes a soudainement gagné en agressivité et en détermination ? Quelle mouche a piqué Ennahdha devenue, du jour au lendemain, «antisalafiste» ? Le gouvernement a-t-il été, par hasard, «secoué» par une partie étrangère, afin de s'empresser de prendre le taureau par les cornes ? Vraisemblablement, la 3e question est bonne à prendre, tout simplement parce que, à travers elle, ça sent «un parfum US». En témoignent plusieurs vérités, à savoir: 1 —Mme Hillary Clinton a, en un temps record, reçu, coup sur coup, le ministre des Affaires étrangères et le président de la République. 2 — Les médias américains haussent désormais le ton chaque fois qu'ils évoquent les problèmes de la Tunisie. 3 — Parlant en marge de l'affaire de l'attaque de l'ambassade US à Benghazi (Libye), Mme Clinton a lancé une menace à peine voilée sur «l'intention ferme des Etats-Unis de pourchasser tous les terroristes d'Al Qaïda où qu'ils se trouvent dans les pays du Grand-Maghreb». 4 —Des médias américains ont récemment révélé l'infiltration d'agents de la CIA et du FBI dans les milieux des intégristes jihadistes sévissant dans les pays maghrébins et au Mali. Dès lors, il n'est pas exclu que la lutte de la Tunisie contre les salafistes soit soutenue à fond par les Américains.