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Le miroir aux alouettes
Dossier: CIA
Publié dans Le Temps le 24 - 01 - 2010

Comme la plupart de ses prédécesseurs le Président américain Barack Obama s'est trouvé dans l'obligation de dénoncer la défaillance de la CIA dans l'affaire de l'attentat déjoué la veille de Noël à bord d'un avion à destination des Etats-Unis. Il a qualifié ces lacunes d'«un mélange de défaillances humaines et systémiques » Le coupable est en effet parvenu à monter à bord de l'avion,
et ce malgré les mises en garde du père qui avait averti la CIA de la radicalisation de son fils.
Ce n'est pas la première fois que la CIA et l'administration politique se trouvent épinglées pour faute grave, et ce ne sera sans doute pas la dernière, car la liste des ratages et des erreurs d'appréciation de la CIA est si longue, les lacunes si grosses et leurs conséquences sont si graves, qu'en les examinant de près on est en droit de se demander s'il ne s'agit pas en fait d'un faux vrai.
On sait maintenant qu'en 2004, des enquêtes indépendantes ont mis en lumière le fait que l'incapacité de la CIA de prévenir les attentats du 11 septembre. On sait surtout à qui le crime a profité. On sait aussi que, de Watergate au Viet Nam, la plupart des affaires où la CIA a failli, les USA ou la CIA elle-même, ont gagné gros. C'est la raison pour laquelle nous avons choisi ces deux grands dossiers pour illustrer notre propos.
Iran-Irak : un ratage sur 60 ans
L'Iran monopolise le gros des lacunes imputée à la CIA. Ce pays vit depuis près de 60 ans une chaîne de désastres liés au péché originel de la CIA en Iran. Péché qui s'est souvent répercuté sur le voisin irakien, si bien que l'histoire des deux pays avec la CIA s'enchevêtre.
Le premier maillon de cette chaîne de désastres remonte à l'année 1953, avec l'Opération Ajax menée contre Premier ministre iranien Mossadegh. L'opération Ajax est la première d'une longue série de coups d'Etat entièrement gérés par la CIA.
En 1951, après que le gouvernement iranien ait décidé la nationalisation du pétrole et renouvelé sa confiance au Premier ministre, Mossadegh, les Britanniques mettent en place un blocus et organisent le boycott des compagnies pétrolières iraniennes, plongeant le pays dans le chaos. Ces compagnies pétrolières poussent le premier ministre anglais Mc Millan à demander au Président Eisenhower de les aider à se débarrasser de Mossadegh. En 1953 un coup d'Etat est orchestré par la CIA. Celle-ci installe au pouvoir le régime féodal du Shah.
En 1977, Carter accède au pouvoir. Il tenait à en finir avec les opérations clandestines et les coups bas de la CIA. Carter nomme à la tête de l'agence l'Amiral , Stansfield Turner, détesté à l'intérieur de la CIA, car il avait, un an plus tôt, témoigné au Congrès contre les abus de l'agence dans les années soixante.
Coïncidence ou complot ? Toujours est-il qu' à la mi-août 1978, la CIA avait donné au Président Carter des informations totalement erronées sur l'Iran, affirmant que ce pays n'était pas dans une situation révolutionnaire, ni même pré-révolutionnaire. Le Chah d'Iran, soutenu par les Américains pendant les vingt-cinq ans qui suivirent la destitution de Mossadegh, dut s'enfuir devant le raz-de-marée de la révolution islamique.
Résultat : deux ans plus tard, la guerre Iran-Irak (1980-1988) fut une aubaine pour les industries d'armement à travers le monde et en particulier aux Etats Unis.
Saddam Hussein est devenu, depuis cette guerre, l'allié précieux des Etats-Unis, c'est ainsi qu'il put se permettre d'envahir le Koweït le 2 août 1990. Mais auparavant il en informa l'ambassadrice des USA en Irak. Celle-ci lui fit comprendre que son pays n'interviendrait pas, lui donnant ainsi une sorte de feu vert. Mieux encore, fin juillet 1990, la CIA et les services de renseignements alertent le gouvernement Bush Père. Et au Pentagone personne n'a pris au sérieux les avertissements des agents de la CIA en place le long de la frontière.
Une fois le forfait de Saddam commis, les Etats-Unis, avec l'autorisation de l'ONU et le soutien de forces internationales, volent au secours de la souveraineté du Koweït et déclarent la guerre à l'Irak en janvier 1991. Le Koweït est libéré un mois plus tard.
Faut-il arrêter l'Opération Tempête du Désert alors que le pouvoir est toujours en place ? La CIA souhaite se voir confier la tâche d'éliminer Saddam Hussein.
Ce sera fait suite à la guerre livrée contre l'Irak en 2003. La CIA est, en effet, mise en cause dans le dossier irakien. Elle est accusée d'avoir fourni des informations erronées sur la présence d'armes de destruction massive en Irak, et comme d'habitude ces informations « erronées » ont contribué à ce que l'administration de George W. Bush décide de déclencher la guerre contre ce pays.
De l'Afghanistan au World Trade Centre et inversement
Ben Laden a été recruté, entraîné et armé par la CIA pendant la guerre d'Afghanistan pour attaquer les Soviétiques. A l'époque, il bénéficiait du soutien total des Américains, qui lui avaient offert tous les moyens de ses ambitions, allant jusqu'à lui fournir des armes de pointe, sans aucun contrôle. Dix ans après le départ des Soviétiques, ces armes circulaient encore.
C'est à cette époque (en 1999) que plusieurs attentats contre les ambassades américaines de Tanzanie et du Kenya et contre le navire l'USS Cole au Yémen, font de nombreux morts.
Ces attentas que la CIA n'a pas su prévoir, furent revendiqués par Al Qaida.
Aux élections présidentielles de 2000, George Bush Junior remporte de justesse la course à la Maison-Blanche. Il est alerté par la CIA : Ben Laden menace maintenant directement les Etats-Unis. En mars 2001, deux mois plus tard, une commission gouvernementale publie un rapport de 150 pages qui se termine par ces mots : « Un assaut direct contre les citoyens américains, sur le sol américain, causant la mort et la destruction, paraît vraisemblable. Face à cette menace, notre nation n'a aucune structure gouvernementale cohérente ».
En février 2001, Israël avertit la CIA : « Des terroristes vont pirater un ou des avions de ligne et s'en servir comme armes ». Le Roi Abdallah de Jordanie, le Président Moubarak, puis le Chancelier Gerhard Schröder transmettent au Pentagone la même information : « Une attaque aura lieu prochainement sur le sol américain, dans laquelle des avions seraient impliqués ».
On connaît la suite, ses conséquences dramatiques sur le Moyen Orient et ses répercussions lucratives pour les gros bonnets de l'armement et du pétrole.
Les coups bas de Cuba au Viet-Nam
Les affaires de la Baie des Cochons, de l'assassinat de J.F. Kennedy et de la guerre contre le Viêt-Nam, sont liées et ce, aussi paradoxal que ceci puisse paraître. Voici le lien.
Cuba, 1961, Fidel Castro, qui vient de chasser le dictateur Batista, nationalise les plantations de sucre détenues par des Américains. Dès le lendemain commence l'escalade : fin des prêts à Cuba, rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. La C.I.A. engage des mercenaires, 1.500 exilés cubains peu expérimentés, qui sont littéralement envoyés au suicide. Le gouvernement de Castro étant très populaire, le soulèvement n'a pas lieu et les attaquants sont rejetés à la mer. L'embargo américain qui frappe Cuba depuis le début des années 1960 dure encore.
« Est-ce que la CIA a assassiné mon frère ?»
La C.I.A. espérait que Kennedy, devant le désastre, se sentirait obligé de dépêcher l'armée américaine en renfort. Mais Kennedy refusa et l'opération échoua.
John Kennedy décide alors de réduire les pouvoirs de la C.I.A. et de se séparer de son puissant patron, Allen Dulles, qui est forcé à donner sa démission. Allen Dulles est furieux contre ce qu'il appelle son « limogeage ». Il était depuis dix ans l'incarnation même de la C.I.A..
Au lendemain de l'assassinat de John Kennedy en 1963, son frère, Bob, se précipite chez John Mc Cone, le nouveau directeur de la CIA, et ne lui pose qu'une question : « Est-ce que la CIA a assassiné mon frère ?»
La commission Warren est chargée par le nouveau Président Lyndon Johnson de faire toute la lumière sur l'assassinat de Kennedy. Mais curieusement, l'enquête est confiée à Allen Dulles, alors que Kennedy et lui se haïssaient et qu'il lui devait d'avoir perdu son poste. Dulles était donc à la fois juge et partie.
« Faites-moi élire, et vous l'aurez, votre fichue guerre » au Vietnam
Quelques mois après l'assassinat de Kennedy, Lyndon Johnson avait remis en question le plan de retrait des conseillers militaires américains du Vietnam envisagé par le président disparu. A un général impatient, il avait déclaré : «Faites-moi élire, et vous l'aurez, votre fichue guerre ».
En Août 64, la CIA monte une fausse attaque nord-vietnamienne contre un navire de guerre américain dans le golfe du Tonkin. Avec cette agression fabriquée de toutes pièces, Johnson a enfin un prétexte pour multiplier par dix le nombre de soldats américains qui combattent en Asie du Sud-Est, et commencer ses bombardements contre le Vietnam du Nord.
Au Vietnam se met en place l'Opération Phénix. La CIA est chargée d'appliquer purement et simplement un programme d'assassinats ciblés de civils : enseignants, médecins, cadres, pour paralyser le pays. Des équipes spéciales sont formées par des instructeurs américains de la CIA.
La guerre la plus longue dans laquelle les Etats-Unis se sont embarqués fait des millions de morts vietnamiens et américains. Le caractère cinglant de la défaite américaine est à l'origine d'une crise morale sans précédent dans tout le pays.
Viet Nam et Watergate même combat
Il s'agit de l'affaire Watergate.
L'Opération Chaos, qui débute sous Johnson et ira en s'amplifiant sous son successeur, Richard Nixon, vise les « gauchistes », les « subversifs », tous accusés d'être manipulés par des puissances étrangères. Plus de dix mille américains, professeurs, étudiants, journalistes, hommes politiques, sont espionnés, surveillés, mis sur écoutes, par la CIA depuis des années. Des unités spéciales de renseignement effectuent des cambriolages, des perquisitions, ouvrent le courrier de citoyens dont le seul crime consiste à être en désaccord avec la politique de leur gouvernement, notamment au Vietnam.
Le 17 juin 1972, en pleine campagne présidentielle, cinq hommes sont appréhendés alors qu'ils s'introduisent dans l'immeuble du Watergate. Déguisés en plombiers, ces anciens agents de la CIA ont été chargés par Richard Nixon d'inspecter les locaux du parti démocrate.
Nixon, qui entame sa campagne pour sa réélection, est persuadé d'avoir étouffé le scandale du Watergate. Tous les sondages le donnent gagnant avec une confortable avance. Mais pris à la gorge par deux journalistes du Washington Post, Nixon demande à Richard Helms, directeur de la CIA, de faire pression sur le FBI pour qu'il abandonne l'enquête. Et de le couvrir en disant que les dossiers ont été saisis à la demande de la CIA, ce que Helms refuse.
Trop de coïncidences malheureuses
Contrairement à la promiscuité Iran Irak qui favorise les frictions et donc l'intervention d' « autrui », les autres affaires se sont déroulées dans des pays situés dans diverses parties du monde. Leur seul lien est une route stratégique menant à des intérêts américains de première importance, des intérêts pétroliers ou idéologiques.


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