Même le Livre saint a été brûlé !!! Cette fois-ci, ce ne sont ni des Américains ni des juifs israélites qui ont outragé les symboles des musulmans, mais des individus de chez nous qu'on ne saurait appeler Tunisiens. Ils sont dégoûtants ! Tout compte fait, ils n'auront réussi qu'un seul coup : faire parler d'eux pour être voués aux gémonies. La belle affaire. Au moins, leurs collègues de la honte, qui avaient, il y a peu, attaqué l'ambassade américaine en réaction au film portant préjudice au prophète Mohammad, disaient prendre une position contre toute atteinte au sacré des musulmans. Mais cette fois-ci, pourquoi un tel acte odieux sans raison valable ni mobile sérieux ? Au moins, les autres avaient agi à visages découverts, mais ceux-ci se sont retranchés derrière des cagoules. Un crime commis sous le couvert de la lâcheté. Tout mesquinement. Terrible ignorance !! Or, ces gens-là veulent laisser entendre qu'ils réagissent au nom d'Allah ! Et alors, au nom d'Allah, ils ont brûlé même le Livre saint !! Une fois de plus, ils viennent d'administrer la preuve, supplémentaire et inutile, qu'ils ne croient en rien, même pas en Allah ! Ce qui fait qu'on commence à s'attendre à la suite maintenant : demain, ils vont s'attaquer à Sidi Mehrez, puis à Sidi Belhassen, ensuite à Sidi Ali Hattab, à Sidi Abdessalem, etc. Il n'y a qu'une seule explication à leur acte stupide. Ces individus ignares sont partis de l'idée que puisque nombre de Tunisiennes croient en la sainteté d'Essayda El Mannoubya, le temps serait venu pour les amener à ne croire qu'en Allah et son Prophète, en mettant le feu sur le sanctuaire de la Sainte de la Mannouba et de Tunis. Erreur sur toute la ligne ! Il importe de rappeler que Aïcha El Mannoubya était une femme soufie, qui avait donc voué toute sa vie à l'amour du Créateur. Jamais en son temps (l'Histoire est là pour le confirmer), elle n'avait prétendu pouvoir intercéder auprès d'Allah pour exaucer les vœux des petits esprits. C'est seulement l'imaginaire populaire qui lui a de tout temps conféré des pouvoirs qu'elle n'avait pas, et attribué capable capable des miracles dont jamais elle ne s'était montrée ni n'avait prétendu l'être. La sainteté lui a été reconnue en vertu de son désintérêt total pour les choses de la vie et son dévouement inconditionnel et illimité à l'amour d'Allah. Rien de plus, rien de moins. A deux reprises conviée au palais de l'émir Abou Zakaria El Hafsi, Aïcha avait décliné l'invitation en s'excusant de ne pouvoir frelater sa foi en foulant le sol soyeux et drapé des châteaux. Mais elle avait dû, à contrecœur, se rendre une fois au palais de l'émir afin de lui présenter ses condoléances suite à la mort de son fils héritier, Abou Yahia. Et c'est le prince Abou Abdallah Mohamed, devenu à la mort de son père Al Mostançir Belleh, qui, en ce 21 Rejeb 665, prononça en personne l'oraison funèbre due à la mort de celle qui allait devenir Essayda El Mannoubyya. Voilà la femme dont des voyous, tout lâches, tout bêtes, viennent de profaner le sanctuaire. Voilà le symbole des Tunisiens qu'on vient d'incendier. Et dans la foulée de cet acte inqualifiable, on a même brûlé le Livre de tous les musulmans. Terrible qu'on puisse prétendre agir au nom d'Allah pour, en même temps, souiller le sacré voulu et décidé par Allah !!