Le premier avion de Djedda a atterri hier matin à deux heures et demie, à Tunis. Il y en aura 43 autres jusqu'au 13 novembre. Hier, 262 pèlerins ont débarqué à l'aéroport de Tunis-Carthage dans une ambiance festive. Reportage. Cela fait 25 jours que Taïeb et Mabrouka sont partis à La Mecque. Leur fille Monia les attend avec impatience devant la porte de sortie. Elle aura demandé de leur nouvelles tous les jours par téléphone. Heureusement pour eux, tout s'est bien déroulé. L'accompagnateur a été «exceptionnel», selon Monia, qui tient à le remercier chaleureusement à son retour, pour s'être si bien occupé de sa mère, handicapée. Présente dès 16 heures, Monia attendra encore longtemps avant la sortie de ses parents. L'avion a atterri à 16 heures 30, mais les pèlerins tardent à sortir, si bien qu'à chaque fois que quelqu'un apparaît, les youyous fusent, et les accolades se multiplient, même entre inconnus. La tente dressée à la sortie est remplie de monde. Les petits garçons et les petites filles tiennent une rose à la main, achetée au parking de l'aéroport. L'ambiance est joyeuse, et la foule de gens en effervescence. Durant toute la période du pèlerinage, les médias, en particulier les réseaux sociaux, ont relayé des nouvelles plutôt inquiétantes sur les pèlerins tunisiens. Bousculade, problèmes de transport, égarement... «Beaucoup d'informations étaient fausses ou déformées. Ma famille s'est beaucoup inquiétée, ce n'était pas évident pour eux. Je recevais des coups de fil au milieu de la nuit», témoigne Abbas, lunettes de soleil et petit parasol multicolore sur la tête. Problèmes d'organisation Si le pèlerinage s'est très bien passé pour Abbas, d'autres n'ont pas eu cette chance. Halima, âgée de 78 ans, a vécu quelques mésaventures. «Les deux premiers jours se sont bien passés pour elle, mais après elle était très fatiguée. Elle s'est retrouvée seule à se débrouiller avec des gens qu'elle ne connaît pas», raconte Fathya, sa belle-sœur. Rencontré à l'aéroport, Ahmed, accompagnateur, confirme qu'il y a eu un problème d'organisation. «Il manquait une administration pour diriger les accompagnateurs. Beaucoup n'avaient pas connaissance de leur rôle avec précision, mais globalement, ils ont accompli leur mission avec succès». Ali, 74 ans, tout sourire, plaint les accompagnateurs qui sont venus avec eux. « Je suis âgé, je me fatigue vite, et il y avait plusieurs pèlerins dans un état de santé pire que le mien. Je pense que nous n'avons pas rendu la tâche facile à nos accompagnateurs», reconnaît-il. Ce problème a été évoqué également par Ahmed, 45 ans, qui devait encadrer 45 pèlerins. «Il suffit qu'il y ait deux dans le groupe qui aient la maladie d'Alzheimer pour rendre l'organisation très difficile. Personnellement, je n'ai dormi que deux ou trois heures par jour, pour m'assurer que tous ceux qui étaient avec moi étaient en bonne santé et ne manquaient de rien. Beaucoup de mes camarades étaient épuisés durant le voyage et ne renouvelleront sûrement pas l'expérience», confie-t-il. Malgré la bonne volonté des accompagnateurs et des organisateurs, il y a bien eu des problèmes qui relèvent surtout de l'organisation. Certains témoins confirment que des pèlerins, inscrits sur les listes officielles, se sont retrouvés, par exemple, sans logement durant trois jours. Mais finalement, ce que l'on retient de cette journée, ce sont les retrouvailles et la joie sur le visage de tous les pèlerins fraîchement débarqués à Tunis.