A partir de la salle de réunion Ahmed-Tlili, au siège de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), le Syndicat général de l'enseignement secondaire vient de tirer la sonnette d'alarme, appelant les ministères de l'Education et de la Jeunesse et des Sports à agir dans l'immédiat afin de sauver l'école de la dérive morale et institutionnelle et répondre, de la sorte, aux revendications matérielles et professionnelles du corps éducatif. Des cris répétitifs de secours et d'intervention ont été lancés, hier matin, par Lassâad Yaâkoubi, secrétaire général dudit syndicat, lors d'une conférence de presse tenue une semaine avant la grève générale des enseignants du secondaire, prévue jeudi prochain, 22 novembre. En colère, sur fond de grogne et de protestation, L. Yaâkoubi, soutenu par Sami Tahri et Samir Cheffi, membres du bureau exécutif de l'Ugtt, n'a point hésité à tout dire pour dénoncer le silence du gouvernement face à la précarité dans laquelle se trouve aujourd'hui l'institution éducative, tout en reprochant au ministre de l'Education, Adellatif Abid, son atermoiement inexplicable à l'égard des requêtes et réclamations du corps enseignant. Son collègue, Tarek Dhieb, ministre de la Jeunesse et des Sports, n'a pas été, lui aussi, épargné par les critiques virulentes de l'orateur pour avoir manqué à sa responsabilité et pour son indifférence face à la situation professionnelle pénible dont souffrent particulièrement les enseignants de l'éducation physique, discipline qui relève, en principe, de ses compétences. Le Syndicat général de l'enseignement secondaire a fait assumer la totale responsabilité au ministère de tutelle, l'accusant d'avoir fait la sourde oreille vis-à-vis de toutes les demandes formulées. A l'en croire, le ministre de l'Education continue de jouer la comédie, prenant à la légère tous les accords qu'il avait signés avec ledit syndicat portant essentiellement sur la régularisation de la situation matérielle et professionnelle des enseignants. «Aujourd'hui, nous demandons la mise en application de tout ce qui a été convenu au fil des multiples rounds de négociations engagées depuis 2011 entre les parties prenantes et les recommandations qui en ont découlé», insiste Yaâkoubi, faisant allusion à la la teneur de la motion professionnelle signée par le comité administratif du secteur depuis le 2 de ce mois, après avoir épuisé tous les moyens de communication avec les deux ministères concernés. Cette motion, d'après lui, est bien parvenue au ministre, quatre jours après sa signature, alors que ce dernier avait nié avoir reçu un document similaire. Et c'est là que le bât blesse. «Ce ministre ne cesse de jouer les prolongations et tromper l'opinion publique, sans pour autant revenir sur ses erreurs pour reconnaître nos droits les plus élémentaires», s'indigne-t-il. Passant en revue une liste de revendications qu'il qualifie de légitimes et d'historiques puisqu'elles traînent depuis belle lurette, le représentant syndical du corps enseignant n'a pas manqué de les citer une par une. Il s'agit, à vrai dire, de régulariser la situation des enseignants contractuels et de les intégrer de façon automatique, la majoration de la prime de la rentrée scolaire et celle des examens nationaux, aussi bien pour la surveillance que pour la correction des épreuves. Il est également question de généraliser l'octroi des bourses universitaires au profit des enfants des enseignants poursuivant leurs études supérieures en master, mettre en vigueur le P.-V. de l'accord signé le 21 octobre 2011 classant le secteur parmi «les métiers pénibles» et la révision du cadre législatif sur la retraite des enseignants et de faire en sorte qu'elle soit facultative à l'âge de 55 ans, avec une ancienneté de 5 ans. Autres revendications, non des moindres pour le secteur, la promotion professionnelle, la prime de roulement et la réduction des heures de travail. Et de déplorer, sur la même lancée, la position du ministère de la Jeunesse et des Sports et sa tergiversation au sujet de l'intégration des instituteurs principaux d'éducation physique qui ont été recrutés après le 30 juin 2005. «L'absence de réponse à toutes ces revendications nous amène tout droit à observer la grève générale comme prévu, le 22 de ce mois...», a-t-il, encore, annoncé, menaçant que les jours prochains seraient plus décisifs. Pour conclure, le conférencier a appelé à la protection du milieu scolaire du phénomène de la violence qui est devenu monnaie courante dans la plupart des établissements éducatifs du pays. Sans pour autant oublier d'affirmer que la consommation de stupéfiants fait, en ces jours, scandale. C'est là une question de comportements sociaux qui mérite d'être mieux traitée et médiatisée, comme l'a déjà souligné L. Yaâkoubi.