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Des blessés de la chevrotine témoignent
Reportage - Institut Hédi-Raïes d'ophtalmologie
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 12 - 2012

Salah Garmazi (24 ans), Hamdi Brari (15 ans) et Mahjoub Harbaoui (46 ans) font partie des dix blessés, tous de sexe masculin, atteints de lésions aux yeux, des suites des blessures engendrées par un arrosage de tirs de chevrotine au cours des récents heurts de Siliana qui ont opposé manifestants et police. Accueillies mercredi dernier à l'Institut Hédi-Raïes d'ophtalmologie de Tunis, vers 15h30, ces victimes d'«errach» ont subi des interventions chirurgicales pour extraire les projectiles logés dans leur globe oculaire. En attendant de bonne nouvelles, les damnés de Siliana, déjà dans le désespoir, sont, pour le moment, partiellement ou totalement plongés dans le noir. Reportage!
Il est 11h11 du matin. Une activité anormale anime les couloirs de l'Institut Hédi-Raïes d'ophtalmologie de Tunis. Une infirmière nous guide au bureau du directeur général de l'Institut, Mme Hamida Boubaker Abdeljalil. Tout juste revenue d'une tournée dans le service accueillant les blessés de Siliana, elle nous a accueilli dans son bureau situé au premier étage de l'établissement.
Contrairement aux informations qui circulent sur le Net et qui parlent d'une dizaine de blessés transportés de l'hôpital régional vers l'Institut, Mme Boubaker Abdeljalil nous a affirmé que son établissement n'a accueilli que 10 blessés, tous de sexe masculin. Elle a ajouté: «Il ont tous subi des agressions au niveau de l'œil. Leur état est plus ou moins grave. Nos médecins ont effectué des interventions d'urgence pour extraire les projectiles et surtout arrêter l'hémorragie après avoir nettoyé les blessures pour éviter les infections et cousu les plaies. Pour le moment, ils sont tous sous observation et d'ici quelques jours, nous pourrons avoir plus d'information sur l'évolution de leurs blessures et donner un pronostic clair».
Sans transition, la première responsable de l'Institut nous a accompagné au rez-de-chaussée à la rencontre des blessés. Dès notre entrée dans le service, une des victimes, avec un pansement au niveau de l'œil droit nous interpelle assis sur un banc en train d'attendre un infirmier pour l'admettre dans la salle de soins. Un peu plus loin, nous entrons dans une chambre de patients meublée par trois lits et bondée de journalistes.
Au fond de la chambre, nous remarquons la présence d'un adolescent maigre et filiforme présentant un pansement au niveau de l'œil gauche. Il s'agit de Hamdi Brari, un collégien de 15 ans et inscrit en 8e année de l'enseignement de base. L'enfant, au visage très affaibli, nous raconte son malheur : «Le mercredi, j'ai quitté mon domicile à destination de mon collège pour savoir s'il y a cours ou non. Sur place, le directeur de notre établissement nous a informés que les cours ont été suspendus à cause de la grève. De ce fait, j'ai repris le chemin du retour, mais voilà qu'entre 9h30 et 10h00 du matin, j'ai été surpris par une foule de citoyens qui fonçait tout droit vers moi et fuyant une patrouille de police qui tirait dans l'air des gaz lacrymogènes. Pris de panique, j'ai commencé à courir dans l'autre sens au risque d'être pris pour un manifestant. Vu que je n'avais pas la même pointe de vitesse que d'autres personnes plus âgées que moi, j'ai entendu la voix d'un policier qui m'a sommé de m'arrêter. Tout de suite, je me suis arrêté. Mais j'ai été surpris par ce qui allait suivre. En effet, cet agent de police a pointé son fusil à ma direction et m'a criblé de chevrotines qui ont touché tout mon corps et mon œil gauche. Sur-le-champ, en me voyant dans un tel état avec un œil ensanglanté, les manifestants m'ont transporté en urgence vers l'hôpital régional de Siliana et vers l'après-midi j'ai été transporté vers Tunis. Dès mon arrivée ici (Institut Hédi-Raïes), j'ai subi une intervention chirurgicale où on m'a extrait un projectile de l'œil. Et en attendant l'arrêt de l'hémorragie, une autre opération est prévue pour retirer une deuxième balle de chevrotine».
«En visant les parties supérieures du corps, surtout la poitrine et la tête, ils voulaient notre mort», dixit un blessé
Toujours dans la même chambre, un autre blessé, Slah Garmazi, un jeune ouvrier de 24 ans travaillant dans une usine de câbles électriques, nous rapporte sa version des faits : «J'étais parmi les habitants de Siliana qui ont manifesté pacifiquement devant le siège du gouvernorat. Dès que le rassemblement a été dispersé par la police anti-émeute, j'ai fini par regagner ma maison après avoir inhalé beaucoup de gaz lacrymogène. Chez moi, je suis resté devant mon ordinateur en train de suivre l'évolution des événements. Vers 13h45, je suis sorti pour accomplir la prière d'Al-dhohr. Sur mon chemin vers la mosquée, j'ai été attiré par un rassemblement anormal de jeunes devant la maison des jeunes de Siliana. Par curiosité, je me suis rapproché d'eux pour savoir ce qui se passait. A ce moment, j'ai vu un policier faire des gestes obscènes après avoir ôté son pantalon et insulté les habitants de Siliana. Entre-temps, des policiers étaient en embuscade derrière des arbres et des palmiers. Comme réaction aux jets de pierres, ces derniers ont tiré sur nous en nous arrosant de chevrotines. Mes blessures se trouvent toutes du côté droit : mon œil, mon bras et ma poitrine. Contrairement aux autres, le projectile qui a touché mon œil a été extrait». Il ajoute : «A mon avis, vu que tous les blessés ont été touchés au niveau du visage, les policiers ont voulu faire le maximum de dégâts. En visant les parties supérieures du corps, surtout la poitrine et la tête, ils voulaient notre mort».
Enfin, un troisième blessé, Mahjoub Harbaoui (46 ans), fonctionnaire dans un établissement public, nous a exprimé son indignation à l'égard des nouveaux gouvernants : «Je ne comprends pas pourquoi le président de la République provisoire est resté muet devant de tels dépassements. Son mutisme m'intrigue. Il s'agit du père de la nation. J'ai cru qu'il allait nous rendre visite et prendre de nos nouvelles». Et il continue à déverser sa colère en fustigeant les déclarations du gouvernement : «Nous les blessés de Siliana, nous avons été blessés et touchés deux fois. La première fois par la chevrotine et la deuxième fois quand le ministre de l'Agriculture a parlé de 70 DT donnés aux manifestants pour provoquer cette émeute. Tout l'argent du monde ne pourra remplacer l'œil que j'ai perdu à jamais. C'est une véritable insulte. C'est pour cela que j'appelle tous les membres du gouvernement, et à leur tête M. Hamadi Jebali, à nous rendre visite à l'hôpital et nous entendre». Il conclut : «Qu'a-t-il fait ce gouverneur pour la région depuis qu'il a été nommé à la tête de Siliana? Son bilan en six mois de gouvernance est nul. Personne ne l'a jamais vu faire des visites de terrain et aller à la rencontre de ses concitoyens. Il s'est toujours adressé à la population depuis sa tour d'ivoire. Nous voulons un gouverneur plus proche du peuple, un gouverneur sensible aux problèmes de Siliana. Car notre région a besoin de développement et d'investissements et non de chevrotines pour chasser les citoyens comme des lapins. Ce que nous avons enduré est une honte. Et ça pouvait toucher n'importe quel Tunisien».


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