La situation économique commence à s'améliorer en Libye avec un rebond dans le secteur pétrolier et dans d'autres secteurs comme ceux de la santé, de l'agroalimentaire, de la chimie et le tourisme qui commence à se développer La Tunisie peut fournir des produits finis ou semi-finis ainsi que des compétences nationales à coût très compétitif dans le cadre de consortiums tuniso-français à créer en Libye ou en exécutant des travaux de sous-traitance Le marché libyen dispose d'énormes potentialités pour l'investissement direct étranger. La construction de l'infrastructure de base, détruite par le conflit armé, la maintenance des structures pétrolières et l'exploration des hydrocarbures sont autant de possibilités d'investissements que de nombreux promoteurs français souhaitent exploiter en accédant à ce pays par la Tunisie dans le cadre d'une coopération triangulaire. En effet, notre pays a toujours entretenu des relations privilégiées avec notre voisin libyen à travers notamment les échanges commerciaux et la main-d'œuvre qualifiée qui se trouve en Libye. Dans le cadre du carrefour d'affaires et de technologie, un atelier de travail a eu lieu au Parc des expositions du Kram pour traiter de ce thème d'actualité, en l'occurrence «La Tunisie, un tremplin pour aborder le marché libyen». Les Tunisiens pourraient tirer profit d'un tel rapprochement entre la France et la Libye en facilitant l'accès à ce marché et en participant au recrutement pour travailler pour le compte des entreprises françaises qui comptent s'installer dans le pays voisin. La Tunisie, aux ressources naturelles limitées, est en mesure de proposer des travailleurs qualifiés dans plusieurs secteurs. Selon M. Christian Apothéloz, délégué général du bureau Finances et Conseil, qui a animé le débat, «Les relations entre la France et la Tunisie sont solides alors qu'elles sont plus distantes avec la Libye. Par contre, la Tunisie a d'excellents rapports avec la Libye». Cette situation peut être valorisée pour une coopération fructueuse. Projets de reconstruction de l'infrastructure M. Sami Gargouri, chef de bureau de la Biat à Tripoli, connaît très bien la situation économique en Libye, lui qui a passé une période dans ce pays en phase transitoire. Cette expérience pour la première banque tunisienne qui s'installe en Libye est pleine d'enseignements. L'orateur est pour l'accès des entreprises françaises à la Libye — qui dispose d'importantes réserves pétrolières — en passant par la Tunisie. La récession libyenne a atteint, cependant, les 40% avec le nouveau pouvoir en place. Mais la situation économique commence à s'améliorer avec un rebond dans le secteur pétrolier qui enregistre une production de 1.400.000 barils par jour. «La reprise est également constatée dans d'autres secteurs comme ceux de la santé, de l'agroalimentaire, de la chimie et le tourisme qui commence à se développer» estime M. Gargouri. De grandes chaînes de distribution veulent s'installer en Libye qui dispose d'un important patrimoine culturel et historique mal exploité dans le secteur touristique. Les projets de reconstruction de l'infrastructure de base et l'exploration des ressources pétrolières offrent également d'importantes possibilités d'investissements lourds. Mais la confirmation de la reprise économique dépend, en grande partie, de la confiance des investisseurs dans le nouveau régime et la stabilité politique. La Tunisie est liée à la Libye culturellement, socialement et historiquement. A l'instar des Asiatiques qui ont déjà investi le marché libyen, les Français peuvent faire autant en passant par la Tunisie. Dans ce cadre, notre pays peut fournir des produits finis ou semi-finis ainsi que des compétences nationales à coût très compétitif dans le cadre de consortiums tuniso-français à créer en Libye ou en exécutant des travaux de sous-traitance. La coopération triangulaire entre les trois pays peut être fructueuse. L'orateur rassure, d'autre part, les partenaires français au sujet de la sécurité en Libye qui commence à se rétablir même si des incidents tribaux sont enregistrés de temps à autre dans certaines zones. De son côté, M. Zied Farza, spécialiste des Accords bilatéraux, a indiqué sur la base d'indicateurs des instances internationales spécialisées que la Libye est classée parmi les pays administrés où la liberté économique et des affaires n'est pas très développée. Les investissements ne sont pas assez libres non plus. D'où la difficulté d'accès au marché pour plusieurs investisseurs. Pourtant, 78,2% du PIB proviennent du secteur de l'industrie, 19,9% du secteur des services et seulement 1,9% de celui de l'agriculture. Certaines activités sont, toutefois, autorisées aux investisseurs étrangers dans les secteurs de l'industrie, du transport, de l'éducation, de l'agriculture, du tourisme, des services... Des avantages sont même accordés à ces investisseurs sur la base d'une loi comparable au code d'investissement tunisien. Celui-ci prévoit, par exemple, des exonérations fiscales totales ou partielles ainsi que le transfert d'une partie des dividendes ou bénéfices vers le pays d'origine. Le cadre légal distingue entre les sociétés étrangères, le bureau d'une société et la représentation. La Tunisie a bénéficé d'un régime privilégié pour l'accès des produits à la Libye — où 75% des produits consommés proviennent de l'importation — avec exonération totale ou partielle des droits douaniers. La circulation des personnes se fait également sans visa, contrairement aux ressortissants provenant d'autres pays arabes. La Tunisie peut servir de point de transfert des produits européens vers ce pays voisin. D'ailleurs, Ghazi Ayari, directeur de Business Center Tunis et Tripoli, a confirmé les avantages que peut tirer la Tunisie d'une telle coopération triangulaire. Il a décrit la situation économqiue de la Libye avant la révolution qui se caractérisait par «une généralisation de la corruption». Pour bénéficier de certaines facilités, il faut avoir des liens avec l'un des proches du Guide. La société est toujours implantée dans ce pays pour accompagner certaines entreprises. Pour investir, il fallait avoir des fonds propres et chercher un associé bien nanti. L'embargo onusien imposé à la Libye était une occasion pour notre pays de faire des affaires en exportant divers produits destinés à approvisionner le marché libyen qui ne disposait par d'un journal officiel regroupant les différentes lois.