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Galop d'essai
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 12 - 2012


Par Mohedine BEJAOUI
Il a bon dos le pur-sang et or «Chiboub» qui concourt dans les hippodromes de Ksar Saïd, de Vincennes, de Dubaï. De brusques vocations équestres déboulèrent sur leurs grands chevaux. Un adage égyptien dit : «Monte le plus grand de tes chevaux, mais gaffe à ne pas chuter».
La censure de l'entretien de Slim Chiboub a fait couler beaucoup d'encre, de salive. J'écoutais la radio d'une oreille distraite, à l'heure du PMUaussi, heur et malheurs, de l‘UMP, deux chevaux de courses à la présidentielle n'arrivent pas à se départager. Il y avait photo, floue. Aucun gagnant, une perdante : la vieille démocratie française. J'entendais le chroniqueur thuriféraire encenser un cheval du nom de Chiboub ! Décidément même ici en France, la rumeur a couru, me dis-je, excédé par la disproportion de la polémique autour d'un entretien télévisé.
En Tunisie, une trop tendre démocratie s'initie à l'exercice de la liberté d'expression.Un juge décida en référé d'interdire l'entretien de Slim Chiboub, charismatique président de club de foot, célèbre membre du clan de Ben Ali. Pas homme politique, non ! Gendre de l'autre. Il voulait parler aux Tunisiens ? A-t-il le droit ? Le journaliste a-t-il raison de lui tendre le micro ?Joker !Nous entamons les premiers pas hésitants du galop d'essai démocratique avec moult handicaps. La Tunisie balbutie sa transition, il ne s'agit que d'amorce, d'ébauche, d'un début de soupçon de commencement de liberté d'expression. C'est donc fragile,réversible. Nous commençons par la fin à l'instar de tout processus de transition, par une crise de représentativité le 23 octobre puis, par la censure héritée du monopartisme toujours vivace. Accouché dans la douleur, le bébé est mal formé. Le propre des révolutions est d'engendrer des monstres démocratiques, toutefois il reste encore un espace de liberté où la normalisation peut s'opérer pour donner au «bébé »une apparence acceptable. Rappelons que l'entretien de S.Chiboub était le troisième de rang qui suscita la polémique. Il y eut la tribune accordée à un énergumène venu faire l'éloge de la pédophilie et le mariage des filles à 13 ans. Cette émission a-t-elle servi les adeptes de la Charia ou a-t-elle démystifié au contraire ses dessous pas chics ! Puis Le plateau qui opposa le ministre de l'Intérieur à un émir autoproclamé à Dawar Hicher, brandissant un linceul, appelant au martyre, par ricochet au meurtre. Il fallait-le faire ?Avions-nous assisté à un plaidoyer dans le procès en incompétence qu'on intente au ministre ? Finalement, qui a le droit à la parole ? Nous tous, y compris le pire des nôtres. Aux USA, le 1er amendement consacre la liberté d'expression comme intangible, exceptés les propos obscènes, l'incitation au crime. Les membres d'une Eglise avaient pris pour habitude de manifester lors des funérailles militaires avec des slogans injurieux à l'égard des soldats décédés. Une famille de soldat a porté plainte. Après une série de recours, la Cour suprême rendit son arrêt: «La parole est puissante. Elle peut infliger aux gens une grande souffrance. Mais nous ne pouvons répondre à cette souffrance en punissant celui qui s'est exprimé. En tant que nation, nous avons choisi de protéger l'expression,même quand elle peut blesser, pour faire en sorte que nous n'étouffons pas le débat public».
La Cour suprême reconnaît le droit à l'expression pour toutes les idées, aussi pourries soient-elles, pour pouvoir les combattre sur le champ démocratique. L'excès de liberté d'expression est préférable à la censure, notamment dans les pays où autoritarisme et émancipation se chevauchent. D'authentiques démocrates se sentirent gênés aux entournures par cette interdiction. Chiboub jouerait-il le cheval de Troie ? Si à la suite de son entretien, la parole était donnée à Ben Ali, aux Trabelsi, si une tribune de réhabilitation leur serait offerte. D'autres, plus à cheval sur le principe trouvèrent l'interdiction une preuve de la connivence entre le judiciaire et l'exécutif, entorse manifeste à la séparation des pouvoirs, un déni de démocratie. Sur le fond, qu'aurait pu dire S. Chiboub de si important ? Des révélations fracassantes sur son clan, sur sa fortune colossale, sur Ennahdha ?La montagne accoucha piteusement d'une souris, il pourfendit des opportunistes, fit allusion à son club de foot. Anecdotique. S.Chiboub fit cavalier seul dans sa fuite pathétique en avant. Il ne restera rien de cet entretien, l'histoire retiendra que cette péripétie est une autre pierre dans la construction de l'édifice de la presse de la Tunisie libre, une pierre jetée dans le jardin d'un pouvoir qui se fourvoya, puis recula. Il aurait été chevaleresque de reconnaître son erreur. Il était maladroit d'interdire cet entretien offrant à Chiboub le statut de victime, malvenu de piétiner la séparation des pouvoirs. «Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout.» A .Camus.


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