Le force d'une équipe se situe certes dans l'inné, mais aussi dans l'acquis, fruit de l'expérience et de la maturité. A sa façon bien particulière d'évoluer, l'équipe nationale n'incarne pas seulement le présent et l'avenir, elle ressuscite aussi et, surtout à l'approche de chaque échéance, le passé. On peut toujours discuter des mérites et des inconvénients qu'elle avait suscités lors des différentes éditions de la coupe d'Afrique des nations, de l'impact de telle ou telle participation, de la pertinence des choix, des données individuelles qui souffraient ou pas la contestation. Mais dans sa quête constante du vrai et de la meilleure expression footballistique, elle doit encore s'adapter aux exigences de haut niveau. On la sent toujours venir la traditionnelle question depuis que Sami Trabelsi est la tête de la sélection. Où situer le travail du sélectionneur comparé à celui de ceux qui l'avaient précédé? Pas de vaines comparaisons, voulez-vous? Et constatons qu'il est plus qu'un sélectionneur, qu'il est au milieu et règle tous les problèmes, qu'il n'en pose pas. Au fait, c'est quoi le plus important en football? Les résultats? Les titres et le palmarès? La qualité du jeu? Joueur, la carrière de Sami Trabelsi lui a apporté beaucoup de défaites et une infinité de victoires. Et s'il dégage aujourd'hui un grand enthousiasme pour ce qu'il fait, pour ce qu'il entreprend et pour ce qu'il lui reste à accomplir, c'est parce qu'il sait mesurer le chemin parcouru. C'est le moment... Il avance résolument dans la profession et bouscule au besoin l'ordre établi, à la vitesse d'un homme pressé de réussir. Cela témoigne d'une personnalité affirmée et d'un caractère bien trempé. Il a prouvé depuis quelque temps que sa qualité d'adaptation s'est améliorée et que, sans rien sacrifier sur le fond, il sait pactiser pour la forme. Avant lui, l'équipe de Tunisie n'avait pas gagné grand-chose. Elle était même loin de pouvoir se redresser. Il arrive aux commandes et, comme par enchantement, elle se remet à surfer sur la vague des victoires. Il n'a pas encore la renommée des entraîneurs qui tiennent le haut du pavé, mais il se rapproche furieusement de la brigade d'exception qui peut faire la pluie et le beau temps. En engageant la sélection dans une épreuve de reconstruction sportive et éthique, il sert désormais de révélateur. Son espoir désormais? Que ses joueurs sachent forcer les serrures. Pour rejoindre la cour des grands, il doit cependant acquérir une vraie philosophie de jeu, avec un système clairement défini et un style qui lui soit propre et assumé par tous. La sélection a gagné du temps. Le sélectionneur et ses joueurs ne l'ignorent pas. Mais la prochaine coupe d'Afrique pourrait les rendre encore plus forts. Ce qu'ils ont accompli leur a montré le chemin qu'il leur reste à faire, tous ces détails, toutes ces petites erreurs qui ne pardonnent pas. Le force d'une équipe se situe certes dans l'inné, mais aussi dans l'acquis, fruit de l'expérience et de la maturité. Autant dire que l'équipe de Tunisie est aujourd'hui dans ses temps de passage habituels et qu'elle trace sa route vers la CAN avec l'ambition qu'on lui connaît, et la volonté qu'on lui prête. Dans son expression collective et dans le message qu'elle s'efforce de délivrer, elle semble avoir évolué et s'orienter vers de nouvelles tendances, de nouvelles prérogatives de nature à relooker son style, à étoffer son registre, en y ajoutant désormais d'autres valeurs et d'autres atouts.