Première en Tunisie, le salon des pigeons de race typiquement tunisienne s'est tenu, hier, à la Cité des sciences pendant deux jours, à l'initiative de l'Association tunisienne de colombiculture (ATC). L'idée avait déjà taraudé l'esprit de son président Ghazi Mahjoub depuis des années, où la domestication des pigeons sous nos cieux incarne passion et savoir-faire. Quelque trois mois après la révolution, l'association a vu le jour, avec pour objectifs la conservation de ce patrimoine avifaune menacé d'extinction, la nécessité de régénérer ces races de pigeons et de redonner à chacune d'elles ses caractères génétiques et morphologiques originels. Cette exposition se veut, ainsi, une occasion de rappeler leur rôle stratégique et les significations qu'elles révèlent au fil des civilisations humaines. Tout comme le cheval, le pigeon assiste aux conquêtes de l'homme depuis la nuit des temps. Symbole d'amour et de paix, il occupait une place au soleil, souvent pris pour un fidèle messager des palais et des royaumes des temps révolus. Telle fut la réalité du pigeon voyageur dont le transport des messages est guidé par une certaine boussole biologique, grâce à laquelle cette espèce domestiquée revient à son nid, quel que soit le lieu où on le lâche. C'est là, les dessous d'un rapport intimement établi entre l'homme et les pigeons depuis l'antiquité. C'est pourquoi, le président de ladite association a voulu que cette première édition soit une opportunité pour faire connaître aussi bien aux éleveurs férus qu'au large public curieux les vertus d'une race presque sacrée et légendaire. Et G. Mahjoub de souligner que ses connaissances sur la colombiculture tunisienne est le fruit d'une vingtaine d'années de recherches scientifiques dans ce domaine culturel associant art et histoire. Dans la salle des congrès de la cité, différentes races de souches variées ont été logées dans des cages en fer. Curieux, les visiteurs n'ont pas caché leur méconnaissance des espèces typiquement tunisiennes. Elles sont quatre. Le «cravaté tunisien» est le plus petit pigeon de toutes les races domestiques du monde. Il a été créé en Tunisie il y a des siècles à partir d'une souche importée d'Egypte, d'où le nom Masri donné à ce pigeon en Tunisie. L'autre est nommé «Sanhaji», un pigeon tambour à pattes emplumées et à tête ornée d'une visière et d'une huppe que des pèlerins tunisiens importaient de la Mecque. Son roucoulement ressemble au son «lah» chanté à plusieurs reprises avec une cadence plus ou moins rapide. Le pigeon «Thraya» ou «Jridi», originaire de Tozeur, est également un pigeon tambour de taille moyenne à pattes emplumées. Il se caractérise, entre autres, par ses nombreuses couleurs inverses. Celui qui vient de Kairouan s'appelle «Qoffi ou Beldi». C'est un gros pigeon rouge brique ou jaune qui pèse jusqu'à un 1 kg. Toutes ces espèces ont bel et bien fait l'objet d'un ouvrage documentaire dont l'auteur est Mohamed Naceur Mahjoub, un grand colombiculteur tunisien qui possède plus de 700 pigeons. Il est aussi le président d'honneur de l'ATC. Aujourd'hui, dimanche, l'exposition pourrait drainer autant de visiteurs. Le rendez-vous n'aurait pas manqué de reconstruire l'image d'une race jugée en péril. Le président de l'ATC a voulu même la développer pour en faire un produit touristique très prisé.