La Poste est une grande institution financière qui peut jouer un rôle essentiel dans la mobilisation de l'épargne. A travers son réseau commercial dense, constitué de 1.024 bureaux répartis à travers le pays, elle est capable de toucher un nombre important de citoyens. Aujourd'hui, elle est présente grâce à 553 bureaux de poste urbains et 443 bureaux de poste ruraux. Elle couvre plus de 700.000 citoyens soit près de 6% de la population tunisienne. Dans les régions rurales, par exemple, elle offre la possibilité aux habitants non bancarisés d'accéder à des services financiers publics. Cette forte présence l'habilite à plus de pénétration dans le tissu économique par l'intermédiaire d'actions ciblées qu'elle pourrait engager auprès des Tunisiens. Sa capacité à répondre à toutes les demandes, sa proximité et sa facilité d'accès sont des atouts que ne possèdent même pas les banques. Elle est capable de devenir un agent incontournable, à côté des banques, pour financer les petites et moyennes entreprises et les artisans dans les régions rurales et défavorisées. Cela paraît ambitieux mais est à la portée de cette institution. Il ne manquerait que la volonté. Moyennant une réorganisation judicieuse du système bancaire, elle pourrait apporter sa contribution à l'économie nationale. Actions de promotion Nous constatons, cependant, qu'il n'y a pas assez d'efforts pour faire connaître les différents produits et leurs avantages auprès du plus grand nombre des citoyens. Il y a, également, une certaine indifférence vis-à-vis des clients. C'est par l'intermédiaire du bouche à oreille que quelqu'un décide d'ouvrir un compte épargne. Il n'existe pas une action promotionnelle soutenue pour l'orienter ou l'inciter. On a l'impression que la Poste se contente de son capital confiance acquis au cours des décennies passées. Personne ne nie cet aspect positif. La Poste est, certes, une grande institution. Mais cela veut-il dire qu'elle doive baisser les bras et laisser les choses aller d'elles-mêmes. Les chiffres publiés dernièrement montrent bien une évolution à tous les niveaux d'activités. Mais nous pensons que si des actions de promotion sont réalisées, cela ne manquera pas d'avoir les meilleurs effets. Par ailleurs, la diversification des services et la modernisation des méthodes de travail avec l'intensification des recours aux moyens informatiques et numériques ont permis à la Poste de mieux se repositionner. Sa clientèle est de plus en plus satisfaite malgré quelques lacunes dans les bureaux de poste où la pression est très élevée. La fiabilité des services attire de plus en plus d'utilisateurs et les prestations financières atteignent des sommets. Les indicateurs de 2011, justement, ne mentent pas. L'activité de la Poste a enregistré une croissance de 6 % en comparaison avec 2010, et ce, en dépit du recul des recettes des services traditionnels et malgré les événements qu'a connus le pays ; le chiffre d'affaires est ainsi passé de 216.9 millions de dinars à 229.5 millions de dinars en 2011. La part des services financiers de la Poste s'est élevée à 67.5 % du chiffre d'affaires global. L'épargne existe depuis 1884 Concernant le volet de l'épargne populaire à travers le livret, l'évolution est continue. Les avoirs ont augmenté de 9 %. Ainsi, les montants sont passés à 2.824 MD contre 2.588 MD en 2.010 et 2067 MD en 2008. Ce service, faut-il le rappeler, existe depuis ... le 1er avril 1884. Cette date est considérée comme celle de l'ouverture du premier service d'épargne en Tunisie. Par contre, c'est le 28 août 1956 que la Caisse d'épargne nationale tunisienne a été créée. Avec ce passé prestigieux, on peut s'attendre à des résultats et à des performances encore plus significatifs. Le défi peut être relevé par l'augmentation plus substantielle du nombre d'épargnants parmi les classes modestes. Actuellement le nombre de livrets est de près de 3.230 000 (soit une augmentation de 135.000 nouveaux épargnants par rapport à 2010). Ce sont, généralement, de petits épargnants mais des épargnants qui comptent. La souplesse de ce document est telle qu'elle donne la possibilité à n'importe quel Tunisien d'ouvrir un compte. Aussi voit-on, parmi les détenteurs, des enfants ! En effet la formule adoptée autorise les parents à se porter garants pendant l'âge de minorité. Un autre avantage permet au propriétaire du compte de verser autant d'argent qu'il veut. Autrement dit, il n'y a pas de plafond. En France, par exemple, l'épargne de ce type est plafonnée avec le livret A. Les incitations, dans ce sens, vont jusqu'à fixer un seuil de 10 D minimum pour avoir un carnet d'épargne. Or, on a calculé que le montant moyen lors du premier versement a été de 254 dinars en 1999 pour passer à 937 en 2009 et à 1050 en 2011. Ce sont ces petits détails, sans doute, qui font la force de ce système.