Par Jawhar CHATTY Le rapport du Forum économique de Davos sur «la facilitation du commerce extérieur 2010» vient de classer la Tunisie 38e au monde, sur un total de 125 pays listés. Avec ce nouveau classement, la Tunisie gagne trois places par rapport à 2009 et fait mieux que des pays émergents et de la zone euro (voir notre édition du 26 mai). Cette nouvelle reconnaissance du Forum de Davos intervient à une semaine d'intervalle de la déclaration faite à Tunis par la vice-présidente du Fonds monétaire international dans laquelle elle se félicite de la «forte résilience» de l'économie tunisienne face à la crise économique mondiale. Quelles conclusions et quelles leçons devrait-on en tirer ? Disons d'emblée que cette double reconnaissance internationale fait directement référence à la réussite du modèle de gouvernance politique de la Tunisie du Président Ben Ali dans la mesure où tout l'édifice du développement et l'ensemble des réformes structurelles engagées depuis le 7 novembre 1987 reposent sur cette gouvernance. Il n'est en effet point de réforme et de dynamique de développement sans une volonté politique forte et sans une vision claire et cohérente des choix et des défis qui engagent l'avenir de tout un pays. Par-delà les notations et classements en termes de capital confiance dont jouit le pays sur la scène internationale, en termes de degré d'ouverture économique et de compétitivité, les appréciations chaque fois renouvelées à la hausse relatives aux performances du modèle tunisien de développement éclairent tout à la fois le cheminement, le processus et la démarche ayant conduit et permis à la Tunisie de réaliser, en quelques années, des avancées remarquables à tous les niveaux. Avec en filigrane une idée forte : l'économie n'est pas un univers clos, autonome, régi par des lois indépendantes du droit, de la morale, de la politique et du social. Le processus économique est au contraire en perpétuelle interaction avec son environnement, il peut en pâtir au risque d'une périlleuse dérégulation, ou à l'inverse, y trouver les ferments de son dynamisme. Cette idée clé est la pierre angulaire du mode de gouvernance en Tunisie. Volontarisme politique, bonne gouvernance et déterminisme sont les fondamentaux d'un modèle aujourd'hui cité en exemple. L'étroite corrélation qui prévaut entre les dimensions politique, économique, sociale et environnementale en est une illustration tangible. Trait distinctif, cette interaction de l'économie avec les autres dimensions a fait que l'ouverture de l'économie nationale n'a pas été réalisée en tant que choix isolé, mais en symbiose avec un ensemble de réformes structurelles : une stabilisation macro-économique, une gestion maîtrisée des grands équilibres du pays, des dispositifs de sécurité sociale adéquats et un appui constant au tissu productif national. En un mot, le choix de l'ouverture et de l'intégration économique mondiale a fait partie de toute une stratégie de développement. Une stratégie de développement se distinguant depuis le 7 novembre 1987 par sa globalité, la cohérence de ses composantes, le réalisme de son contenu et la progression de sa mise en œuvre. C'est foncièrement de la solidité de cet édifice et de la profondeur des réformes engagées que le rayonnement et le capital confiance d'un pays sont largement tributaires. Un édifice soutenu par une vision du progrès qui fait de l'homme et de sa participation à l'œuvre de développement et à la définition des choix qui engagent l'avenir, son pivot central. De ce point de vue, l'extraordinaire performance réalisée par la Tunisie en si peu de temps est une manifeste illustration du degré d'épanouissement et de maturité de la société tunisienne dans son ensemble. Une société en mouvement qui change, s'ouvre au monde et sur le monde et se montre résolument tournée vers l'avenir, entreprenante et légitimement ambitieuse. En dépit de la succession d'obstacles et de contraintes exogènes, le pouvoir d'achat des diverses couches sociales du pays n'a jamais été entamé; bien au contraire, il a enregistré une amélioration sensible continue et soutenue durant ces dernières années. L'année 2010 ne déroge pas dans ce sens à la règle. Elle est d'ores et déjà marquée par la poursuite du même effort, un effort qui s'inscrit parfaitement dans une logique de gouvernance politique visant le bien-être social de tous les Tunisiens sans distinction et un développement harmonieux de toutes les régions du pays. Il s'agit seulement de veiller à ce que cela soit compatible avec la sauvegarde de la stabilité du cadre macroéconomique et des équilibres fondamentaux des finances publiques. Cette stabilité et le souci de préserver les équilibres généraux du pays sont en effet une constante de notre modèle de développement et une des clés de sa réussite qu'il faudra à tout prix et par- delà les conjonctures préserver. La robustesse de l'économie nationale, la forte résilience dont elle fait montre et les performances qu'elle enregistre en dépit de la gravité de la crise économique dans la zone euro, notre principal partenaire, ne devraient pas, bien au contraire, nous départir de notre réalisme et surtout de notre vigilance et de notre capacité à détecter les signaux et à réagir au plus vite. La réactivité et la capacité d'anticipation sont du reste à mettre également et foncièrement à l'actif du modèle de gouvernance en Tunisie.