Malgré la victoire, les «Sang et Or» n'ont pas convaincu, de l'aveu même du nouvel entraîneur Les temps sont durs à l'Espérance. A peine débarqué, Maher Kanzari mesure l'énormité de la tâche. Depuis la perte du titre continental, le champion de Tunisie en titre a connu une crise qui a beaucoup traîné. L'EST a mis plus de deux mois pour déloger son entraîneur. Que du temps perdu côté préparation, puisque le nouveau coach a débarqué au moment où la trêve touchait à sa fin. Il n'a assisté à aucun test amical. Il a tout juste disposé d'une semaine pour préparer le match contre l'OB. D'ailleurs, une simple lecture de la feuille du match nous livre un enseignement capital : Kanzari a aligné les joueurs qui ont participé à la préparation durant la trêve, exception faite de Mouelhi, Traoui et Ben Chérifia. Et au vu de la petite prestation livrée par les «Sang et Or», un énorme travail attend Maher Kanzari. Les dirigeants du club doivent savoir se montrer patients avec lui. L'équipe a certes gagné, mais elle n'a pas vraiment convaincu, même s'il y a eu beaucoup d'engagement de la part des joueurs. Ils étaient animés de la volonté de bien faire, mais leur jeu était chargé de déchets. Beaucoup de précipitation, une indiscipline tactique au niveau de la conservation du ballon et un mauvais repositionnement sur le terrain. Bref, du pain sur la planche pour le nouvel entraîneur qui préfère ne pas trop s'étaler sur les défaillances de son équipe. «Avant tout, je tiens à féliciter mes joueurs pour avoir gagné et pour les efforts consentis sur le terrain. La reprise est toujours difficile après une longue trêve, particulièrement face à l'OB, un adversaire qui a été souvent difficile à manier. La note aurait pu être plus salée, mais nous avons fléchi vers la fin du match. Nous avons connu des frayeurs et l'on attendait impatiemment que l'arbitre siffle le coup de sifflet final», reconnaît l'entraîneur «sang et or». Manque d'application Si les Espérantistes ont souffert durant les dernières minutes de la rencontre, c'est à cause de leur mauvais repositionnement. A chaque fois que Ben Chérifia voulait relancer rapidement, ses camarades mettaient du temps à retrouver leurs places sur le terrain. Mhirsi, qu'on a aligné à droite, se retrouvait souvent sur le couloir opposé. Du coup, embouteillage sur le flanc gauche où Belaïli, Mhirsi et Abdi se marchaient sur les pieds; alors que sur la droite, Derbali errait seul. Pourtant, les idées étaient bonnes au départ. Kanzari a opté pour le jeu en bloc mobile. Il a cherché à améliorer son animation défensive et offensive grâce à des lignes rapprochées : «Nous avons joué un football technique avec des passes courtes et rapides», déclare l'entraîneur après le match. Mais ce football technique n'a duré qu'une mi-temps, une heure de jeu tout au plus, avant que les joueurs ne commencent à faire n'importe quoi. Mais s'il y a une chose qui a sauvé l'équipe durant la première heure du jeu, c'est bien la discipline tactique. Toutefois, la précipitation a privé Belaïli, Mhirsi et Gharsallaoui de balles décisives, ce qui amène l'entraîneur à dire : «Nous n'avons pas su faire le break. C'est pourquoi nous nous sommes compliqué la tâche», reconnaît-t-il. A vrai dire, le staff technique espérantiste avait la main sur le cœur durant les vingt dernières minutes. Kanzari et son adjoint Kasri se sont relayés pour donner des consignes. Ils étaient sur leurs nerfs au point d'avoir un... échange assez vif. Erreurs de marquage La nouvelle composition de la défense a apporté satisfaction jusqu'à la 67' quand une erreur de marquage a amené le but béjaois. L'espoir renaît du côté des visiteurs qui mènent dès lors la vie dure à la défense espérantiste. «La défense a multiplié les erreurs de marquage vers la fin de la partie. Cela fait partie des choses à revoir. Il faut reconnaître qu'au départ, les défenseurs se sont bien appliqués. Le duo Antar-Dhaouadi a bien fonctionné. Abdi a su saisir sa chance en l'absence de Chammam, blessé. Je dois m'occuper particulièrement des défenseurs qui sont censés faire du marquage, car ils ont failli à leur mission. Je reconnais qu'il y a du travail à faire et beaucoup de choses à améliorer. Nous nous sommes déjà attellés à la tâche», conclut-il. A notre humble avis, Kanzari a donné trop de liberté de manœuvre à ses joueurs, particulièrement aux attaquants. Des joueurs comme Belaïli, Mhirsi, Akaïchi et Jouini ont des qualités certaines et peuvent se montrer utiles ensemble, mais ne peuvent pas être tous des électrons libres. Car à forcer de vouloir permuter, ils ont perdu la suite de leurs idées et sont trouvés souvent dans le même petit carré. Autre remarque : Gharsallaoui est un gaucher. C'est pourquoi il a eu du mal à trouver ses repères sur le couloir droit. A chaque fois qu'il récupère la balle, il avait du mal à la contrôler du pied droit. Le temps de changer à gauche, c'était déjà trop tard. Maher Kanzari sait désormais ce qui l'attend, lui qui n'a pas eu une trêve : apporter des correctifs et préparer ses matches en même temps. Dure, dure la vie d'un entraîneur de l'Espérance!