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Insipide, inodore et incolore
Plénière à l'ANC
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 02 - 2013

La plénière revendiquée par les députés de l'opposition pour débattre de la situation du pays et de l'assassinat politique de Chokri Belaïd, était malheureusement non décisionnelle, selon la volonté suprême du président de l'ANC. Il fallait se réunir, on s'est réuni, pour uniquement parler, et c'était le cas. Dans un hémicycle plein au trois quarts, fait rarissime, et en l'absence totale de membres du gouvernement, la séance avait commencé deux heures après le rendez vous indiqué. Les envolées lyriques truffées de proverbes et de poésie et de cordiales accusations mutuelles étaient à l'ordre du jour. Aucun consensus ne s'était dégagé, au final, malgré la situation grave du pays, malgré qu'un homme politique y a laissé la vie. Retour sur une plate plénière.
Ceux qui attendaient un sursaut de l'ANC ont été déçus. Les 155 députés réunis hier en plénière, suite au meurtre de Chokri Belaïd, ont tenu, du moins ceux qui avaient pris la parole, des discours généralement convenus. La plupart ont paraphrasé les thèses de leurs formations politiques. On a vu et entendu peu d'autocritique, quelques bribes d'appels à l'unité et au rassemblement et un discours généralement plat et définitivement partisan. Dommage! L'ANC serait sortie grandie en cette phase décisive de l'histoire nationale, si elle avait pu élever le débat. Elle aurait renforcé sa légitimité et sa position de dépositaire de la légalité.
Premier constat: le meurtre de Chokri Belaïd, un des fers de lance de l'opposition, assassiné froidement devant son domicile le 6 févier, n'a pas été le seul thème des débats. Le second sujet à focaliser l'attention, a été, comme prévu, la décision de Hamadi Jebali de constituer un gouvernement de technocrates. Une décision reçue comme un « choc » par Sahbi Atig, président du groupe parlementaire d'Ennahdha. Le clin d'œil ironique de l'actualité a voulu d'ailleurs que Hamadi Jebali poursuive ses consultations dans la journée, en recevant entre autres des dirigeants de l'opposition, parallèlement à ces débats plutôt stériles de l'ANC. Des débats qui ont été surtout une catharsis et un choc des égo.
Pour ce qui concerne le discours convenu, les boucs émissaires de la situation actuelle sont toujours les mêmes: les médias, les ennemis étrangers, les résidus de l'ancien régime, la contre-révolution, les partis au pouvoir, la banalisation de la violence... C'est comme dans les rayons d'un supermarché, chaque intervenant choisit les ingrédients en fonction du menu qu'il veut concocter avec son parti.
Confusion des concepts
Beaucoup confondent d'ailleurs légitimité et légalité. Faut-il le rappeler? L'ANC est effectivement l'instance qui est le dépositaire de la légalité (char'iyya) issue des urnes. Quant à la légitimité, c'est une autre affaire. La légitimité (machrou'iyya), n'est jamais autoproclamée, elle vient de l'extérieur. Et là, il ne fait aucun doute que la légitimité de l'équipe actuelle a été érodée. Un pouvoir est fort lorsque légalité et légitimité se rencontrent. Force est de constater que ce n'est plus le cas.
Pour en revenir aux débats, des députés croient utile de rappeler les réalisations économiques et sociales du gouvernement, comme pour se convaincre. Car sauf à travestir les chiffres, les réalisations ne sont pas au rendez-vous.
Le ton général est soit sur la défensive, soit carrément agressif. Habib Kedher, rapporteur général est ferme. Virulent. Il martèle: « il est impossible d'être membre du gouvernement sans l'accord de l'ANC, qu'il s'agisse d'un remaniement ou d'autre chose ». Il s'en prend aux spécialistes de « la falsification de la loi qui ont une expérience de collaboration avec le déchu ». Tout le monde pense à Yadh Ben Achour, l'illustre juriste, qui a défendu le recours à l'article 17 de l'organisation provisoire des pouvoirs publics, édictant les dispositions du (remaniement) plutôt qu'à l'article 15 (nouveau gouvernement). Une fois que c'est dit, tout le monde sait, sauf mauvaise foi, que Yadh Ben Achour n'était pas au service du « déchu ».
Habib Kedher demande, et ce n'est pas une innovation, un planning pour les travaux de l'ANC, un planning «législatif et constitutionnel » précise-t-il, avec une adoption des lois concernant «l'immunisation de la révolution », les différentes instances et enfin la finalisation de la constitution. A la pause, le rapporteur général a déclaré à La Presse : « Si les ministres du nouveau gouvernement, ou du moins certains d'entre eux, ne sont pas confortés par leurs groupes parlementaires à l'ANC, le gouvernement tombera à la première occasion». Et vlan !
La fracture
Au final, les appels à la dissolution de l'Assemblée prônée par Béji Caid Essebsi notamment, et à un gouvernement de technocrates, défendu par Jebali et une partie de l'opposition ont été vraiment mal pris par une grande partie des constituants. Une plénière qui a montré l'ampleur du fossé entre les désormais deux pôles de la vie politique. Mouldi Riahi, fut l'un des rares à essayer d'élever le débat, probablement le seul de la Troïka à qualifier Belaïd de « chahid », martyr. Le président du groupe parlementaire d'Ettakatol a ré-insisté sur ton mesuré et grave sur l'intérêt de l'initiative de dialogue national de l'Ugtt. Il n'a pas manqué de lancer une pique justifiée à Béji Caid Essebssi (ceux qui se targuent d'avoir de l'expérience et qui se prononcent en faveur d'une dissolution de l'ANC ) fait-il observer avec ironie. Dans son discours, M.Riahi s'est dit soutenir la proposition de Jebali, sous réserve d'une large concertation.
Le constituant de Nida Tounès, Khemais Kssila, a répondu, moyennant sa verve habituelle, en essayant de limiter les dégâts des paroles proférées par le chef de son parti, M.Essebssi. Il a également appelé avec force arguments à la neutralité des départements qui « détiennent les armes»; la Défense et l'Intérieur.
La ligne de fracture structurelle entre les deux camps a été encore une fois mise en évidence hier au Bardo. Le grand perdant de cette mauvaise tragédie est le peuple tunisien, encore et toujours. La sortie de crise ne semble pas pour demain.
Les médias étaient présents en force hier dans l'hémicycle. Les députés de tous bords étaient très sollicités. Nous avons recueilli les déclarations de quelques ténors de l'opposition. Ils et elles en avaient gros sur le cœur...
Nadia Chaâbane (députée Al Massar) : « M. Ben Jaâfar a vidé l'Anc de son rôle »
La demande de cette plénière était pour débattre de la situation du pays et de proposer des solutions. Mais le président de l'ANC a refusé qu'elle soit décisionnelle, et qu'on puisse prendre des décisions et faire des recommandations, stipulant par exemple la dissolution des ligues de protection de la révolution, ou que la justice prenne une décision rapidement ou les condamne pour mettre fin à la violence. Nous avons des propositions en termes de feuille de route et de calendrier. Mais malheureusement, M.Ben Jaâfar a vidé cette Assemblée de son rôle, il assume l'entière responsabilité en cela. A chaque fois qu'il y a eu des moments décisifs, il n'a pas été au rendez-vous. Il n'a pas obligé l'Anc à être une force de proposition par rapport aux alternatives qui s'offrent au pays. Il s'est docilement aligné sur les positons de la Troïka. Je me souviens maintes fois avoir entendu des élus justifier la violence. M. Ben Jaâfar en laissant dire à l'intérieur de cette Assemblée ce genre de propos, quelque part il les cautionnait. Il aurait fallu interrompre ces élus, leur dire que la violence ne peut pas être justifiée sous aucun prétexte. Quand il y a mort d'homme, il n'y a pas à justifier. Il a fallut qu'on en arrive là avant qu'il ne réagisse. Il aurait pu être le sauveur !
Issam Chebbi (député Al Joumhouri) : « Allons-nous tout juste restaurer la Troïka ? »
Il y a une ligne de fracture entre ceux qui appuient l'initiative du chef du gouvernement et ceux qui s'accrochent à leurs sièges et au pouvoir. Les élus de la majorité n'ont pas vu ou admis que la situation dans le pays appelle à une révision générale. Qu'attendent-ils de plus ? Nous pensons que la date du 6 février est une date fatale. Cela nous donne une grande responsabilité pour revoir les fondamentaux de la transition. Il faut tenir compte des attentes des citoyens tunisiens. La légalité n'est pas en danger, il n'y aura pas de gouvernement en Tunisie sans la ratification de l'Assemblée, mais la question qui se pose : allons-nous composer un gouvernement qui saura prendre en main la situation difficile du pays ou tout juste allons-nous restaurer la Troïka, et continuer à accaparer les rouages de l'Etat et de l'administration, ainsi que l'institution sécuritaire, et la magistrature. Il semble que le groupe parlementaire majoritaire refuse toutes les propositions, il perçoit chaque initiative comme une remise en cause de son pouvoir et de son positionnement. Le pays risque par cet entêtement de s'enliser, le pays est en blocage total, et la sécurité des citoyens est en péril. Ennahdha assumera toutes les responsabilités de ce qui pourra advenir.
H.H


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