C'est avec quelque retard que j'ai reçu mon exemplaire de presse Double nœud, d'Erich Alauzen. Chose que je lui pardonne aisément, connaissant le stress et les impondérables de ces lancements et signatures d'ouvrages. Ce que j'ai plus de mal à lui pardonner, par contre, ce sont les deux nuits blanches passées à lire jusqu'à plus d'heure, ce livre comme on les aime. Roman policier de la belle tradition, mi-Agatha Christie, mi-Vargas, Double nœud a tout bon : un décor de caractère, dans un manoir du bout du monde, des tempêtes qui créent l'atmosphère adéquate, un village bruissant de secrets enfouis, des personnages haut en couleur, une vieille dame curieuse, un fils indigne, une femme fatale, un Américain basané, un prêtre assassiné, une mystérieuse femme de chambre au passé suspect... Tout cela orchestré au rythme de « cups of tea » de la pure tradition du « five o' clock » britannique, et de soupers en robes du soir dont on nous détaille les raffinements avec une subtilité de bon aloi. Des crimes, certes, mais entre gens de bonne compagnie, des traîtrises et des intérêts, mais présentés avec panache, des cadavres dans les placards, mais toujours élégants et, bien sûr, un dénouement inattendu, dans la mesure où, comme l'indique le titre, il s'agit d'un double nœud. Il n'est pas question que j'en dise davantage sur ce livre, sauf qu'il se passe en partie en Tunisie, à Hammam-Lif et à Carthage. Et que le suivant se déroulera également chez nous.