Le secrétaire général d'Ettakatol, Mustapha Ben Jaâfar, appelle la classe politique tunisienne à mettre les intérêts partisans et électoraux de côté pour faire réussir le processus de transition démocratique «Notre peuple est épuisé et toute patience a des limites. Il y a des problèmes qui doivent être résolus et qui nécessitent toute notre attention. La question n'est pas de savoir qui est musulman et qui ne l'est pas. C'est une question d'emploi, de dignité et de liberté. Une liberté que nous devons gérer afin qu'elle soit bénéfique et constructive pour le pays. Nous espérons finir cette étape transitoire en organisant des élections dans une atmosphère de paix. C'est ce à quoi s'attend le peuple. Arrêtons donc les tiraillements», c'est en ces termes que Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général d'Ettakatol, a récapitulé le message que son parti souhaite passer après la formation du nouveau gouvernement. Une formation qu'il a qualifiée de satisfaisante tout en indiquant que les résultats des négociations qui ont abouti à cette formation sont très importants. D'après lui, le pourcentage des changements introduits et des indépendants au sein du nouveau gouvernement est satisfaisant et répond aux attentes de tout le monde, dont l'opposition. «Il y a eu des concessions de la part de toutes les parties, entre autres celles qui ne font pas partie de la nouvelle formation sans pour autant abandonner nos principes. D'ailleurs, ces négociations ont confirmé plusieurs convergences dans les idées et les objectifs des différents partis, ce qui sera confirmé davantage dans les prochains jours avec l'entame du travail du nouveau gouvernement», a-t-il souligné. Ben Jaâfar a salué les efforts de Ali Laârayedh, le chef du nouveau gouvernement, qui, selon lui, a fourni des efforts respectables et a joué un rôle important en étant présent du début à la fin des concertations. Des concessions et une veille continue Mustapha Ben Jaâfar a félicité la délégation de son parti qui a pris part aux négociations, tout en insistant sur le calme et la rigueur qui ont caractérisé la manière de procéder de son parti. «L'intérêt du pays est au-dessus de tout intérêt partisan. Ettakatol a fait des concessions et avec le temps, il sera confirmé que notre parti ne tergiverse guère et qu'il n'a jamais abandonné ses principes. Les concessions qui ont été faites par tout le monde étaient dans le but d'aboutir à la réussite du processus transitoire, en dépit des tiraillements et des différends au niveau des avis», a-t-il ajouté. Quant aux garanties de la neutralité des ministères régaliens, Ben Jaâfar a indiqué que le seul garant est l'engagement politique effectué à travers le document signé. «Il y aura une veille continue quant à l'évaluation du travail des ministères et c'est avec l'exercice que nous allons juger les personnalités indépendantes. Ces dernières, comme le confirment les données dont nous disposons, sont des compétences certaines. Cela étant, il faut toujours relativiser par rapport au contexte dans lequel nous étions. Ce qui est, aussi, important est cette volonté politique de la Troïka vers l'ouverture», a-t-il précisé. Garanties et priorités Concernant les garanties d'une participation effective à la prise de décision, alors que le chef du gouvernement Ali Laârayedh est nahdhaoui, le secrétaire général d'Ettakatol a souligné qu'il y a eu un long et profond débat sur cette question. «C'est un débat, a-t-il précisé, qui a été à plusieurs reprises chaud. Et en partant de l'expérience de l'année passée, nous nous sommes assurés qu'il y a une volonté politique certaine pour surmonter le contexte qui est difficile et appliquer la convention». Ben Jaâfar s'est étalé sur la situation économique et sociale difficile que connaît le pays et à laquelle le nouveau gouvernement, soutenu par tous les partis, doit faire face notamment en diffusant des messages rassurants aux hommes d'affaires, en luttant contre la violence et en premier lieu celle politique, etc. Il a, dans ce sens, rappelé les points sur lesquels son parti a accentué le débat lors des concertations. Les problèmes de l'emploi, du pouvoir d'achat des Tunisiens et le besoin de stabilité et de sécurité, ont été cités par Ben Jaâfar en tant que priorités. Tout en appelant la classe politique tunisienne à mettre de côté les tiraillements et les intérêts électoraux, il a affirmé qu'Ettakatol est en train d'améliorer son positionnement auprès de l'opinion publique et de ses militants. «Nous avons exprimé notre regret, à plusieurs reprises, à chaque fois qu'un militant, un vrai, de notre parti avait choisi de quitter le parti. C'est que ces militants, soit n'ont pas bien assimilé nos objectifs, soit ils n'étaient pas prêts à faire des concessions comme celles que nous avons faites. Un jour ou l'autre, ils finiront par comprendre et regagneront le parti de nouveau», s'est-il expliqué en réponse à une question concernant les démissionnaires d'Ettakatol, dont, croyons-nous savoir, la toute dernière n'est autre que la secrétaire générale du bureau de Menzel Bourguiba.