Où en sont les travaux de la commission mixte d'enquête gouvernement-Ugtt sur les actes de violence perpétrés le 4 décembre 2012, à la place Mohamed Ali, devant le siège de la Centrale syndicale ouvrière ? Créée le 12 décembre 2012, la commission, qui regroupe cinq représentants de l'Ugtt et cinq représentants du gouvernement et ayant entamé ses travaux le 2 janvier 2013, devait rendre sa copie un mois plus tard, soit le 2 février dernier, conformément à l'accord conclu. Seulement, le délai prescrit a été dépassé de plus d'un mois et demi et le rapport qui devait être soumis au chef du gouvernement est toujours dans l'inconnu. Entre-temps, le gouvernement Jebali a plié bagages à la suite de l'échec de l'initiative de la formation d'un gouvernement de compétences apolitiques. Pourtant, selon des sources syndicales, la commission d'enquête mixte «a réussi des avancées substantielles en matière de dévoilement de l'identité des auteurs des agressions commises à l'encontre des syndicalistes, y compris certains membres du bureau exécutif». Malheureusement, l'assassinat du Chokri Belaïd, coordinateur général du Parti des patriotes démocrates unifié (Ppdu) est venu bloquer la commission dont les travaux ont été relégués aux oubliettes. Maintenant que le gouvernement Laârayedh est officiellement mis en place, la commission d'enquête va-t-elle reprendre ses travaux et soumettre, enfin, son rapport tant attendu ? Une source syndicale proche de la commission précise : «Pour le moment, rien n'a été décidé. Nous n'avons pas contacté le gouvernement pour nous informer de la date de la reprise des travaux de la commission. Le gouvernement, pour sa part, garde toujours le silence et ne nous a fait aucun signe». La même source souligne encore : «Notre rapport (celui préparé par le groupe Ugtt au sein de la commission) est déjà prêt et nous discutons encore de l'éventualité de le publier afin que l'opinion publique soit au fait des conclusions auxquelles nous sommes parvenus. Nous n'avons pas encore pris de décision finale, mais nous n'hésiterons pas à dévoiler notre rapport au cas où le gouvernement laisserait traîner les choses encore plus». Interrogée sur les principales conclusions contenues dans le rapport de l'Ugtt, notre source invoque le principe de la confidentialité de l'enquête mais finit, tout de même, par révéler que «les Ligues de protection de la révolution sont impliquées dans les actes de violence. D'ailleurs, le rapport du ministère de l'Intérieur auquel nous avons eu accès corrobore notre thèse. Il reste que nous préférons que le rapport final soit un rapport commun (en partenariat avec les représentants du gouvernement au sein de la commission) afin qu'il ait plus de poids auprès de la justice qui devrait prendre les mesures conséquentes». Y a-t-il un lien quelconque entre ce que révélera le rapport final de la commission d'enquête et la décision de geler les activités de la ligue de protection de la révolution à Ben Arous? «Non, je n'y vois pas de rapport quelconque dans la mesure où les ligues de protection de la révolution sont partout. Et selon un rapport du secrétariat général du gouvernement, il existe 16 ligues qui ont déposé un dossier légal pour obtenir le visa nécessaire à leurs activités. Au sein de l'Ugtt, nous demeurons convaincus que la dissolution de ces ligues doit constituer l'une des premières priorités du gouvernement. Nous avons déjà exprimé cette position et fait parvenir, par écrit, à Hamadi Jebali. Hassine Abbassi, S.G de l'Ugtt, l'a renouvelée lors de sa dernière rencontre avec Ali Laârayedh, chef du gouvernement, à l'époque où il consultait pour former son équipe ministérielle», conclut notre source.