Le derby sahélien a été encore une fois l'occasion de révéler au grand jour les difficultés de l'Etoile à forcer la décision. Le face-à-face ESS-USM de samedi a permis de mettre de nouveau en relief l'état de crispation, sinon le blocage de la formation étoilée. Un constat qui s'installe dans la durée et qui pose la question de savoir quelle valeur a cette équipe. Il semble même que le changement d'encadrement technique —qui ne dispose guère de bâton magique, encore moins de temps nécessaire pour remodeler l'équipe—, n'a pas encore donné l'effet escompté. On murmure même dans l'entourage du club et chez certains joueurs qu'on est en train de «dilapider» les repères du jeu, n'en déplaise à certains qui cherchent obstinément à cautionner un tel changement à une telle période décisive. Domination stérile Il est vrai que les coéquipiers de Bedoui, toujours égal à lui-même, ont dominé de bout en bout les débats et ont carrément monopolisé la balle. Mais leur domination a été stérile et manquant de percussion et de créativité pour déverrouiller un dispositif usémiste «défensiviste» à outrance, surtout après l'expulsion de Hannachi. Les protégés d'Ellili ont joué carrément dans leur moitié avec deux rideaux défensifs et des contres sporadiques menés par Messaâdi. «Connaissant la valeur technique des attaquants étoilés et leur capacité à créer le danger, nous étions obligés à procéder ainsi avec un jeu en contres», affirmait le coach monastirien. Face à ce dispositif regroupé, les demis et avants étoilés n'ont pas réussi à trouver la faille avec Ben Messaoud lent (où est passé Belakhal?) et Namouchi tiraillé entre son rôle défensif et son penchant pour l'attaque. Lahmar, en véritable stratège, a bien essayé de tirer son épingle du jeu en multipliant vainement les ouvertures vers les attaquants. Maazou a été égal à lui-même et a multiplié les ratages devant l'excellent Bdiri. Un Maazou qui n'est plus une énigme, mais une triste réalité. Une chose et sûre : on n'arrive pas toujours à comprendre la titularisation presque obsessionnelle du Nigérien très pénalisante pour l'équipe. Il est vrai que le duo Lavagne-Zouaghi ne dispose pas de solutions de rechange fiables en attaquants de pointe, à l'exception de Doula qui mérite amplement une chance, et la nouvelle recrue Okwé, enrôlé à une période délicate du club et qui ne favorise pas son éclosion rapide. Cela sans oublier le chevronné Santos qui n'est toutefois pas capable d'assurer plus d'une trentaine de minutes de jeu. Dans ce registre, nous croyons savoir que Lavagne a fait appel au jeune espoir congolais Mantia Bidge pour renforcer une ligne d'attaque pauvre en joueurs de qualité. Mossaâb Sassi, lui aussi, a été approximatif face au voisin monastirien, multipliant les gestes superflus et le manque de percussion dans ses manœuvres. Sans oublier son entêtement à botter futilement et sans précision les coups de pied arrêtés. Mais ça aussi ce n'est pas nouveau non plus. Le point culminant de ce gâchis, c'est manifestement l'incapacité des protégés de Lavagne à tirer profit de l'infériorité numérique de l'adversaire. Cela a au contraire renforcé la précipitation de ces derniers et a paradoxalement galvanisé les camarades de Kammoun qui ont été plus généreux et plus solidaires. Le seul brin de lumière dans le compartiment offensif étoilé provient incontestablement du Malo-Burkinabé Dramé qui a fait preuve de générosité dans l'effort, de percussion et de coups de reins remarquables, tant sur le flanc droit que sur le flanc gauche. Cela sans omettre sa participation à la récupération du ballon qui a donné du tournis à son vis-à-vis direct. Mais le talent de ce dernier semble ne pas suffire en l'absence d'un joueur à la fois technique et fort de personnalité, capable de sceller le sort d'un match quand toute l'équipe cale. Un grand Bdiri Les malheurs de l'Etoile au cours de cette confrontation ont été accentués par la prestation époustouflante du portier usémiste Bdiri, qui a multiplié les arrêts décisifs devant Jaziri, Dramé et Ben Messaoud et donné confiance à ses coéquipiers amoindris pendant plus de la moitié du match. Bref, l'Etoile n'a pas convaincu. Puisse une qualification à la CAF et celle du play-off permettre une prise de conscience collective.