Par Abdessalem EL FEZZANI(*) Oui, la grogne s'amplifie ces jours-ci chez les patients de La Rabta, en raison de la situation inextricable qui se situe dans le service de l'hématologie. Depuis des années, nous souhaitons vivement avoir une grande salle d'attente, un espace convenable à l'instar des salles des autres services, sachant que ces lieux d'accueil concernent tous les services sans exception et ne sont pas limités à quelques pavillons seulement. Malheureusement, notre cri d'alarme demeure sans écho. Il est vrai qu'il existe une petite salle d'attente, mais elle est très exiguë, étouffante, mal aménagée, avec un sol terne et les murs non badigeonnés, avec trois petits sièges vétustes, couverts de quelques draps recouverts de crasses et de taches, semblable à un taudis. Cette salle en piteux état qui dure depuis des années accuse un manque évident d'entretien et ne répond aucunement aux attentes, ni aux normes établies par l'hôpital. Les places dans cette salle d'une superficie de 4 m2 sont limitées à 5 ou 7 personnes, hommes et femmes collés les uns aux autres, alors qu'en dehors de la salle, plus de 30 patients massés devant la porte, épuisés et souffrants sont contraints d'attendre impitoyablement debout, malgré eux, des heures entières pour se présenter aux visites. Faute de places, ces malades, des jeunes, des vieux et des handicapés, qui viennent de bonne heure, parfois des régions lointaines, sont livrés constamment aux intempéries éprouvantes du froid crucial et sans merci en hiver et à la chaleur torride et accablante en été, au vu et au su des passants et particulièrement des responsables sans que personne ne s'en soucie ni n'éprouve la moindre envie de réagir et d'intervenir. Embarassés et perplexes, quelques-uns se contentent de choisir leurs sièges sur une petite muraille de la chaussée, jouxtant la route, fréquentée par un mouvement incessant de voitures qui répandent de la fumée et de la poussière atteignant les narines et les yeux. Quelques handicapés n'ont d'autres choix que de s'asseoir sur des cartons déposés sur une petite terrasse éventrée, non bitumée, avec des crasses, des bosses et des petits cailloux éparpillés. Ceux qui sont un tant soit peu habiles ont réussi à trouver leurs sièges sur un réfrigérateur abîmé et abandonné ou sur des grosses pierres ramassées. Quant à moi, souffrant de quelques maladies et engendrant la prise de quelques médicaments, je n'ai pas obéi aux recommandations de ma femme de porter avec moi une petite chaise pliante. Triste et désemparé, j'ai voulu subir ce malaise avec mes camarades. Il est à signaler qu'à proximité de la salle, il y a quelques ferrailles rouillées qui constituent un danger permanent pour les déséquilibrés et peuvent être aussi à l'origine d'accidents imprévus et irréversibles. Je ne peux omettre aussi de signaler qu'au seuil de la porte de la salle, il y a une grande boîte en carton en guise de poubelle, jonchée et envahie par des ordures de toutes sortes : pots de yaourt, bouteilles en plastique, mouchoirs, formant une source de puanteur et de laideur qui converge vers une prolifération croissante de la pollution qui empeste l'air, influe néfastement sur l'organisme de tout le monde et porte préjudice et atteinte à l'aspect esthétique. L'été approche et l'odeur de ces détritus sera certes accentuée par la chaleur, on se demande pourquoi l'enlèvement de ces ordures ne se fait pas pendant la fermeture le soir ou avant l'arrivée des patients le matin. Véridiquement : l'actuelle saison n'a pas été, il faut le dire, exemplaire, particulièrement pour les personnes âgées qui subissent la sévérité des conditions naturelles car elles sont confrontées constamment au problème d'absence d'abris. L'apport de ces derniers est indispensable et de première importance, voire capital aussi bien en hiver qu'en été. Devant cette situation cauchemardesque, la grogne prend de l'ampleur avec une colère sourde. C'est logique de manifester leur indignation face à cette situation problématique qui dure depuis toujours. Ce qui est inexplicable : pourquoi les responsables de l'hôpital restent impassibles et ne daignent pas faire quelque chose, manière qui donne lieu à l'étonnement et à la confusion. De telles défaillances ne sont pas à leur honneur, car elles ternissent l'image et le prestige de ce grand hôpital. Sans faire de redite, nous estimons qu'il est temps que les responsables qui sont de plus en plus soucieux de la santé publique prendront les mesures qui s'imposent pour trancher à jamais ce litige avec la diligence et l'équité espérées. Après un mutisme indéfini et un envoi de trois requêtes précédentes, M. le ministre, bien entendu, ne saurait se dérober à ses responsabilités face à cette situation. Il est capable de mettre sur pied une commission spéciale appelée à étudier ce dossier. Ceci dit, nous exprimons vivement notre admiration pour la bonne marche des prestations judicieuses des médecins traitants qui s'acquittent convenablement de leur mission au profit des patients qui fréquentent quotidiennement le service de l'hématologie. Pour nous, c'est déjà un soulagement réconfortant qui nous donne du courage et de l'espoir. Et pour finir, nous apportons avec objectivité et non à titre flatteur notre grand témoignage d'observateur méticuleux et attentionné à rendre un vibrant hommage au chef de service, en l'occurrence Mme B. Romdhane, une dame clémente, sensible, charismatique qui sait comment expliquer et communiquer avec les malades durant et après l'examen avec de guérissantes paroles et qui veille au grain, côté assistance et suivi, et ne laisse personne indifférent. Nous lui vouons tous une estime indéfectible pour son soutien et son engouement sans limite au profit des malades. *(Retraité des PTT - Tunis)