La campagne menée, depuis quelques jours, par Abdelwaheb Hani, président du parti Al Majd, en vue de pousser les ministres et les hauts cadres à obéir à la loi et à déclarer leurs revenus ainsi que ceux de leurs enfants et de leurs femmes continue de plus belle. Hier, soit un jour avant l'expiration officielle des délais de déclaration, la fondation Al Majd pour les études stratégiques a pris le relais en organisant un débat général sur cette question. En suivant ce débat animé par Mohamed Salah Ben Issa, ancien secrétaire général du gouvernement à l'époque de Béji Caïd Essebsi, et Souheil Alouini, militant associatif se disant spécialiste dans le domaine de la bonne gouvernance et de la transparence, la loi de 1987 sur la déclaration des revenus par les hauts responsables a été analysée sous toutes ses dispositions, plus particulièrement pour ce qui est des sanctions qu'encourent ceux qui refusent de dévoiler leurs revenus et leurs biens dans les délais prescrits. Ces sanctions vont jusqu'à la révocation des récalcitrants et c'est le cas actuellement de plusieurs milliers parmi les hautes compétences qui dirigent le pays. Ainsi, sur près de 100 mille personnes concernées par la loi de 1987, seules 170 déclarations ont été faites. Quel rôle pour la société civile pour que les récalcitrants reviennent à la raison ? «Notre mobilisation se poursuit et nous avons déjà envoyé une correspondance au président de la Cour des comptes au nom de l'organisation Open-Gov lui demandant de publier les noms de ceux qui ont consenti à déclarer leurs biens et revenus. Malheureusement, notre correspondance est restée sans suite jusqu'à aujourd'hui et nous avons décidé de lancer une campagne de sensibilisation sous le slogan ‘‘Déclare''. Nous poursuivons notre action appelant à ce que la loi de 1987 soit révisée dans le sens de lever le sceau de confidentialité sur les déclarations pour que toutes les vérités soient mises à la disposition des intéressés», souligne Souheïl Alouini. De son côté, Mohamed Salah Ben Issa a insisté sur le cumul des rémunérations perçues par certains constituants pour dire que « les lois interdisant de telles pratiques existent déjà depuis l'époque de Ben Ali. Mais l'essentiel est que les lois soient appliquées et que ceux qui sont au pouvoir ne recourent par aux ruses juridiques pour s'octroyer des privilèges auxquels ils n'ont pas droit. Mais comment les contrôleurs des dépenses publiques peuvent-ils accomplir leur mission dans les règles s'ils ne sont pas soutenus par ceux qui gouvernent et s'il n'existe pas d'éthique à laquelle sont assujettis tous les acteurs de la vie publique dont en premier lieu les hommes politiques»?