Qui de nous ne se souvient pas des images de ce soldat recevant des fleurs de la part des manifestants, ou de ce membre des BOP en train de pleurer en voyant la brutalité de certains de ses camarades ? Ce 14 Janvier était incontestablement le jour de la naissance du Tunisien qui a payé le tribut du sang pour, enfin, se libérer de décennies de dictature. Qui ne se souvient pas de la solidarité du peuple qui assura lui-même sa sécurité par la création spontanée de comités de quartier ? Ce peuple qui a montré sa fermeté par Kasbah I et II et sa maturité en confiant ses destinées à ses élus tout en restant sur ses gardes. Ce peuple s'interroge aujourd'hui et s'inquiète. C'est pourquoi nous, les anciens officiers des forces armées tunisiennes (Terre-Mer et Air), solidaires de toutes nos unités de combat et de nos forces de sécurité intérieure déployées actuellement sur le terrain et dont nous saluons le courage, l'esprit de sacrifice, d'abnégation et de détermination. Fortement préoccupés par les alertes terroristes de Bir Ali Ben Khelifa, de Rouhia et de Bou Chebka qui n'ont, malheureusement, pas poussé à la préparation d'une politique de riposte efficace à de telles menaces. Devant les dangers a- de la prolifération et de la circulation des armes de guerre dans le pays. b- de la découverte d'importants stocks d'armement dans les villes et villages tels que Medenine, Mnihla et sur la frontière sud-est, et qui n'ont apparemment pas incité le pouvoir politique à prendre les décisions dictées par la situation. c- et de la multiplication des groupes terroristes, de leur mobilité dans le territoire national et du renforcement de leur capacité de nuisance. Surpris par le laxisme des pouvoirs publics à prendre les décisions appropriées en matière de protection et de sécurité pour affirmer la crédibilité de l'Etat et rétablir son prestige plusieurs fois bafoué. Inquiets par l'agitation politique et sociale qui risque de perdurer dans le pays, et par la tournure prise par les évènements dangereux se déroulant actuellement au Jebel Chaâmbi. Convaincus que le salut de notre pays dépend de l'unité et de la cohésion nationale ainsi que de la collaboration de tous ses citoyens. Rappelons aux responsables politiques de toutes les formations que notre pays, faisant face à un danger certain, qu'ils doivent tous, par esprit patriotique, mettre de côté leurs ambitions électoralistes, se mobiliser dans la lutte antiterroriste, et condamner avec toute la fermeté requise la violence et le terrorisme sous toutes ses formes et considérer son éradication comme une priorité absolue et une nécessité pour la construction d'une véritable démocratie. Souhaitons responsabiliser les médias de l'exploitation positive des informations qui leur parviennent ou qu'ils récoltent, en particulier celles qui pourraient porter atteinte à l'intégrité physique des forces engagées. Estimons que le sursaut de tout le peuple tunisien avec toutes ses composantes, sans distinction de sensibilités politiques, est plus que nécessaire et que la mobilisation des organisations de la société civile est capitale pour obliger le gouvernement et l'ANC à agir avec la célérité nécessitée par la nouvelle situation imposée à notre pays. Demandons avec insistance que toutes les mosquées, sans aucune exception, soient sous le contrôle effectif des services de l'Etat et que les Imams reçoivent des instructions nettes, claires et précises pour qu'ils limitent leur rôle à la religion et ne pas se mêler de politique, et que notre pays, celui de la prestigieuse Al Jamaâ Ezzeitounia, n'a nullement besoin de ces prédicateurs venus d'ailleurs. Attendons de l'ANC la promulgation expresse des lois protégeant nos compagnons d'armes (Unités militaires et forces de sécurité) lors de l'exécution des missions qui leur sont confiées. Conseillons au gouvernement de se préparer, d'ores et déjà, et très sérieusement, au retour des jeunes Tunisiens partis guerroyer en Syrie et qui interviendra irrévocablement et plus tôt que prévu. Affirmons notre total soutien et notre entière solidarité avec nos unités des forces armées et nos forces de sécurité intérieure qui sont les garantes de la stabilité de l'Etat et de l'indépendance du pays. Appelons à fustiger ceux qui prônent la violence à la place du dialogue. Notre révolution a été menée par des jeunes, des citoyennes et des citoyens touchés par l'injustice, défavorisés matériellement et surtout moralement et qui ont revendiqué plus de liberté, plus de justice et plus de dignité. Aujourd'hui, les actions terroristes, le crime organisé et les assassinats politiques ont apparu et une tendance à les banaliser et à n'en faire que des faits divers dans un but électoraliste en aggrave le danger qui pèse sur le pays. D'ailleurs, tout laisse supposer que nous allons vers des confrontations armées entre plusieurs factions qui risquent de se généraliser, sinon à quoi serviront les stocks d'armes entassés à la périphérie de la capitale. Des menaces ont été proférées à l'encontre de l'armée et des forces de l'ordre. Le peuple a renoncé à croire aux hommes politiques et au gouvernement en raison des hésitations et de l'incapacité des uns et des autres à prendre au bon moment les décisions pertinentes sans tenir compte de leur appartenance politique. Nous savons que la seule dictature tolérée sera celle de la loi. Ainsi, quiconque qui s'aviserait de porter atteinte aux points sensibles tels que les aéroports, les ports maritimes, la Steg, la Sonede, les ambassades, les casernes, les postes des forces de l'ordre, les sièges de gouvernorat, de délégations et des municipalités symboles de l'Etat, etc.) sera fermement neutralisé par les forces de l'ordre et les unités de l'armée. Quand l'Etat est en danger, il a donc l'obligation de se défendre quel que soit le prix à payer. Nous attirons l'attention des pouvoirs publics sur la nécessité d'améliorer les capacités de nos troupes et de nos forces de sécurité pour que nous ne restons pas encore et toujours le maillon faible de la lutte antiterroriste de la région maghrébine.