De conférence en conférence, l'Association de protection et de sauvegarde du littoral de Bizerte n'arrête pas d'instruire le citoyen sur la «vie» de la mer et de le sensibiliser aux dangers qui la guettent. C'est dans ce cadre que M. Anis Zarrouk, ingénieur principal spécialiste en halieutique, a éclairé, tout récemment, les présents sur l'aire marine et côtière protégée de l'archipel de la Galite. Localisation et histoire La Galite est un archipel d'îles rocheuses d'origine volcanique situé au Nord de la Tunisie à une quarantaine de km au Nord-Ouest du Cap Serrat et à environ 150 km au Sud du Cap Spartivento au Sud-Ouest de la Sardaigne. La découverte de gargoulettes puniques et de monnaies romaines indique que l'île est peuplée dès l'Antiquité. Durant le protectorat, on recense, en 1906, 174 habitants (67 Français et 107 Italiens). La plupart des habitants sont partis en France vers les années 1960 suite à l'indépendance du pays. Le leader indépendantiste Habib Bourguiba y est exilé du 21 mai 1952 au 20 mai 1954 dans un ancien fort abandonné. Iles et classement L'île principale, située au centre de l'archipel La Galite, mesure 5,4 km de longueur d'Est en Ouest et jusqu'à 2,9 km de largeur dans sa partie orientale. Bordée par des falaises de 200 mètres de hauteur, elle ne peut être approchée que par la baie de l'Escueil de Pasque, au Sud de l'île. Son point le plus élevé, culminant à 391 mètres, est le Bout de somme (Grand sommet), surmonté par une tour de surveillance. On y monte par un sentier rocailleux, la meilleure voie de communication. Outre cette île principale, il existe deux groupes de plusieurs îlots qui sont inabordables. Les Galitons de l'Ouest comprennent le Galiton (158 m) et la Fauchelle (137 m) et ceux de l'Est, surnommés «Les chiens». Ce deuxième groupe se compose de trois rochers nommés Le Gallo, Le Pollastro et La Gallina. En vue de la préservation du phoque moine et des dauphins, la zone maritime entourant Le Galiton est classée depuis le 4 juillet 1980, par arrêté du ministère de l'Agriculture, en tant que réserve naturelle intégrale. Les hautes eaux jusqu'à 12 milles (22 km) sont classées comme aire marine protégée. Vie actuelle de l'archipel Toutefois, cette richesse naturelle se trouve menacée par les forces tectoniques de la mer et autres facteurs destructeurs. Cette conférence a donné justement l'occasion à M. Anis Zarrouk de situer l'archipel dans sa vie actuelle et de présenter un aspect développé des problèmes de sa gestion. Il a parlé des caractéristiques naturelles qui sont particulières et uniques, de la richesse et de la diversité du patrimoine naturel et des aspects attrayants, avant de mettre le doigt sur les problèmes essentiels, à savoir l'isolement des habitants, la distance entre les habitations et les installations précaires existantes, une météorologie capricieuse ou encore le manque, voire l'absence de communication avec le continent. On a appris, également, que les résidents de l'archipel sont la Défense nationale, la Garde nationale et l'Apal (Agence de protection et d'aménagement du littoral), les usagers civils, les pêcheurs et les plaisanciers, outre quelques vacanciers. Le conférencier a ensuite évoqué le cofinancement tuniso-français de l'archipel et la convention de financement n°CTN 1082.01D du 07/12/04. Le don du Fonds français pour l'environnement mondial est de 1.475.000 euros, a-t-on appris. Les interventions récentes ont porté sur l'identification, la localisation et la quantification des déchets accumulés dans l'archipel. Ce travail a été effectué par des équipes de l'Apal, de l'Anged et surtout par des groupes d'étudiants volontaires. A la fin de l'exposé, M. Anis Zarrouk a rappelé l'aspect de la protection de l'archipel sur le plan juridique. En effet, La Galite est protégée par les arrêtés du ministère de l'Agriculture du 4 juillet 1980, du 28 septembre 1995 et surtout par la loi n°49/2009 sur les Apmc. Les interventions ont trait à la faune, la flore, la pêche, aux sentiers de randonnée à préserver, à la reconstruction du quai d'accostage détruit par les tempêtes, à la réglementation de la pêche ou encore aux études pour une gestion à long terme. La possibilité d'une visite de l'archipel pour un dépaysement n'a pu être évitée tellement l'assistance commençait à rêver de s'y rendre. Cela vaut le détour !