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L'agora ou l'arène ?
Assemblée Nationale constituante
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 06 - 2013

La violence verbale et physique observée de jour en jour à l'Assemblée nationale constituante, le manque de respect ambiant, l'atmosphère pesante qui règne au Bardo, suscitent beaucoup de questions.
La première : Comment se fait-il qu'une institution, suprême, auto-souveraine, élue, dotée de titres aussi pompeux les uns que les autres et de pouvoirs aussi étendus que peuvent l'être le constitutif, le législatif et de contrôle, se soit trouvée à traîner une si piètre image d'elle-même ?
A peine évoqué, le nom de l'ANC suscite colère et moquerie. Sur les réseaux sociaux, «El Tassissi» est un des grands sujets favoris des internautes. Affublé de surnoms aussi drôles que méchants, il paraît difficile, au point où il en est, de réparer une réputation cassée en mille morceaux. Quant aux constituants, qualifiés tour à tour d'avides, de menteurs et d'incompétents, rares parmi eux sont ceux qui sont parvenus à sauver leur image.
Deuxième question : Etait-ce finalement une erreur que d'avoir revendiqué l'abrogation de la constitution de 59 et d'appeler à élire une Constituante ? Revendications de Kasbah 2, laquelle, soit dit en passant, serait l'œuvre d'une alliance contre nature, arrangée entre gauche radicale et islamistes. Plusieurs confirment, en effet, que l'erreur est historique, «nous n'arrêterons pas d'en payer le prix». Au-delà des nouveaux combats politiques à mener, même les supposés acquis de la République sont remis en cause; Article premier, égalité homme-femme, droits et libertés. A coup de textes explicites et d'artifices juridiques, le modèle conciliatoire tunisien est en train de se faire saborder. Un autre groupe maintient, en revanche, qu'avoir opté pour une assemblée constituante reste un bon choix, et que l'apprentissage de la démocratie n'a jamais été un long fleuve tranquille.
Troisième question : Pourquoi voudrions-nous avoir une Assemblée différente de celle-ci ? Quoi qu'on en dise, elle est issue des urnes et représente, de facto, un miroir fidèle de la généalogie du peuple tunisien. D'aucuns diront qu'écrire une constitution n'est pas une mince affaire, le niveau académique est requis, l'expérience également. On ne s'invente pas juriste, constitutionnaliste en un tour de main. Il n'aurait pas fallu écarter les experts pour entreprendre, rien de moins, que l'écriture du texte fondamental de l'Etat tunisien.
Quatrième question : Les constituants sont-ils conscients de l'image désastreuse qu'ils renvoient ? A moins d'adopter la politique de l'autruche, il est difficile de l'ignorer. Mais certains d'entre eux, dans un tour de passe-passe extraordinaire, trouvèrent la parade. En lieu et place de l'Assemblée nationale constituante, ils se choisirent la désignation historiquement judicieuse de «Majless Echaab». Avec peuple, comme il est connu, toutes les attitudes populistes sont permises, du manque d'éducation à la violence physique, pour aboutir au non-respect des engagements pris. Puisque le peuple dont ils se réclament leur a donné tous les droits, et avec ils se sont permis toutes les dérives.
Cinquième question enfin : Comment remédier à une situation qui ressemble fort à une crise ? L'hémorragie financière est honteuse. La constitution peine à être bouclée. Les élus, eux, enchaînent les scandales. Par-ci une Samia Abbou agressée, par-là deux députés s'arrachant un cahier. Sans parler des altercations musclées des plénières transmises en live. Mais, au delà des élans ridicules d'une Sonia Toumia, et des sorties grossières d'un Brahim Gassess, la Constituante ressemble fort à une fatalité à laquelle il n'est plus possible d'échapper. Essayons donc d'être sages et pragmatiques pour s'imaginer un débouché. Et à écouter des personnes observant de l'extérieur, leur jugement a beau être sévère, les voies de sortie existent bel et bien. Encore faut-il avoir la volonté de les retrouver.
Fethia Saïdi, sociologue universitaire impliquée dans la vie politique : «Nous sommes entrés de plain-pied dans un Stambali tunisien»
L'ANC dégage une image négative et sa crédibilité est sérieusement entachée, à cause, d'abord, du non-respect des délais. La Constituante a fait un coup d'Etat sur l'accord scellé le 16 septembre avant les élections. A mes yeux, elle a perdu toute légitimé. De plus, le flou règne. Personne ne connaît exactement quelles sont les prochaines échéances. Tous ces éléments altèrent son image. D'un autre côté, les élus relèvent de la légitimité électorale, certes. Mais dans une phase de transition, comme celle-ci, d'autres légitimités sont à prendre en considération, pour sortir le pays du marasme dans lequel il se trouve. Telle la légitimité consensuelle. Il faut comprendre, par ailleurs, que l'ANC n'a jamais été une réclamation de tous les Tunisiens, mais uniquement de Kasbah 2, manipulés par des courants politiques. Du coup, nous sommes entrés de plain-pied dans un Stambali tunisien. Ils ont écarté le comité d'experts, ont décidé de partir d'une feuille blanche. Or, ils ne sont ni juristes, ni constitutionnalistes, les rares spécialistes, comme Fadhel Moussa et Samir Ettaieb, ont été entraînés dans des combats stériles. S'il y avait une volonté réelle de donner une image positive, les choses auraient été autrement. Mais c'est la volonté d'accaparer le pouvoir qui a prévalu sur tout le reste. Résultat, celui qui ose critiquer est taxé d'ennemi. Or, si on va vers le dialogue, on peut rapprocher les visions et aplanir les convergences.
Hela Boujneh, juriste doctorante, présidente de la ligue des Tunisiens humanistes : «Les élus sont saturés, des enjeux énormes pèsent sur leurs épaules»
L'Assemblée ne fait que refléter la société ainsi que la situation du pays. Il faut constater que partout, les gens ne se contrôlent pas. Nous sommes en plein dans l'apprentissage de la démocratie. De plus, les constituants ne sont ni hautement formés, ni, pour la plupart, ayant la moindre expérience politique. D'un autre côté, je me rends très souvent à l'ANC, je trouve que les élus travaillent beaucoup, qu'ils sont saturés, que des enjeux énormes pèsent sur leurs épaules. En plus, ils sont confrontés à une critique permanente et sévère qui les dévalorise dans un certain sens. Quant à la qualité du travail rendu, je dois dire que la relation a été délicate entre certains députés et les experts. Le conflit était évident entre légitimité électorale et légitimité scientifique. Etant donné qu'ils sont à peu près du même âge, il y a eu comme un rejet au début. Ils ont fini par se rendre compte que c'est un mal nécessaire. Il faut dire aussi que certains experts ne sont pas politiquement neutres. Mais la volonté d'obtenir un consensus existe réellement. Je reste optimiste. Ils arriveront à obtenir un modèle qui puisse unir tout le monde. Ce que nous sommes en train de vivre est peut-être difficile à supporter. Mais il y a aussi un déficit au niveau de la gestion des conflits. On peut être différent sans pour autant s'agresser mutuellement.


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