L'Utap se positionne par rapport à la crise politique et propose une initiative qui se veut en premier lieu un facteur rassurant pour les différents acteurs du secteur agricole Le flou persiste pour ce qui est des conditions de déroulement de la saison agricole et l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) a confirmé hier et encore une fois ses inquiétudes. Un peu mise à l'écart par rapport au dialogue national relatif à la crise politique dans le pays, cette centrale syndicale a tenu hier une conférence de presse pour se positionner par rapport à ce qui se passe actuellement dans le paysage politique. Le président de l'Utap, Abdelmajid Zar, ancien membre du conseil de la Choura d'Ennahdha, a déclaré que cette prise de position du comité central de l'Utap vient suite à un certain «entêtement et campement sur ses positions de la part d'Ennahdha, d'une part, et de l'opposition, de l'autre, ce qui favorise le climat de crise régnant». Dans son initiative, qui se veut «une solution de milieu», l'Utap opte pour le parachèvement des travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC) comme prévu au plus tard le 23 octobre, tout en laissant l'actuel gouvernement poursuivre son travail jusqu'à cette même date. «D'ici là, a expliqué Zar, on procédera à la négociation de la formation d'un gouvernement indépendant de gestion des affaires qui prendra en charge le bon déroulement des élections et qui ne pourra pas se présenter à ces élections pour garantir sa partialité». S'alarmant des conséquences de la crise politique actuelle, l'Utap a appelé tous les protagonistes politiques à hisser l'intérêt national au premier rang au lieu de continuer leur tiraillement sur fond de préservation des intérêts partisans. Selon le président de la centrale syndicale des agriculteurs, cette initiative prend en considération le facteur temps alors que l'économie tunisienne et notamment le secteur agricole connaît d'énormes difficultés pour reprendre du rythme, ce qui laisse présager le pire si cette crise politique s'étend sur une plus longue période. «D'où l'intérêt d'achever cette période transitoire en continuant ce qu'on a entamé et non pas en retournant à la case départ à travers la rupture avec ce qui a été déjà réalisé par l'Assemblée nationale constituante qui reste la source mère de la légitimité. D'autant plus que ce ne sont que deux mois qui nous séparent du parachèvement de la rédaction de la Constitution, de l'adoption de la loi électorale et de la constitution de l'Instance supérieure indépendante pour les élections, conditions sine qua non de l'organisation des élections. Autrement, on va perdre beaucoup de temps, ce qui rendra les choses plus difficiles, surtout sur les plans économique et social», a-t-il enchaîné. Incertitudes et appréhensions En l'absence d'une politique agricole durable et d'une décision politique qui se fait attendre, les agriculteurs ainsi que les investisseurs dans ce secteur affichent leurs inquiétudes quant au bon déroulement de la saison agricole. Les membres du comité central de l'Utap ont affirmé que le blocage politique actuel en Tunisie est une source d'agacement des agriculteurs qui s'ajoute à des facteurs endogènes à l'agriculture dans un contexte mondial caractérisé par la hausse des prix des fourrages et des carburants, outre le niveau bas de pluviométrie en cette année. Mustapha Zar a ajouté : «Il y a un certain flou qui persiste devant les investisseurs dans le secteur agricole, ce qui retarde son décollage et cela est dû à la situation sécuritaire du pays. En outre, la sécheresse, la hausse des prix, la violence et le terrorisme qui frappent la Tunisie aggravent la peur des agriculteurs et des investisseurs. Sans oublier que 85% de notre tissu est composé des petits et moyens agriculteurs qui vivent des moments très difficiles actuellement». Pour sa part, Abdessalem Gargouri, membre du comité central, a déclaré que certaines décisions doivent être prises éminemment dont l'application des décisions prises le 12 mai dernier en faveur des agriculteurs victimes de la sécheresse et des catastrophes naturelles, la création de nouveaux périmètres irrigués pour compenser la baisse de la pluviométrie, la création de nouvelles stations de dessalement ainsi que le renforcement de l'exploitation des eaux usées. Par ailleurs, il a affirmé que la sécurisation des agriculteurs contre le vol et les malfaiteurs reste une priorité pour ces derniers qui restent réticents et inquiets quant à la situation sécuritaire du pays.