Par Jawhar CHATTY Il y a aujourd'hui urgence à stopper l'hémorragie budgétaire de l'Etat. Le déficit budgétaire est de 7,4%. Du coup, si rien n'est fait, il atteindra les 9% en 2014. Le ministre des Finances a toutes les raisons de le souligner. Tout à son mérite, il ne manque pas une seule occasion de le faire. Pour la bonne cause, il est omniprésent sur les ondes. A telle enseigne qu'il est devenu depuis quelques semaines un phénomène ...cathodique. A chaque fois, il prêche la bonne parole. Il défend sa politique de l'austérité, argumente à souhait au sujet de l'impérieuse nécessité dans laquelle se trouve aujourd'hui le pays à se faire violence, à consentir des sacrifices, avec la promesse d'un lendemain meilleur. En somme, on nous invite aujourd'hui et maintenant à l'austérité. Le problème est que le ministre des Finances semble ignorer qu'un plan d'austérité se prépare. Que l'austérité ne se décrète pas. Qu'il ya, au préalable, toute une pédagogie de l'austérité à développer si l'on veut sérieusement espérer une adhésion de la société, et a fortiori de la classe moyenne. L'austérité suppose qu'il y ait eu au préalable, de la rigueur. Or, ce n'est guère le cas. Pour moins que ça ( et peut-être aussi pour des raisons encore plus importantes !), Houssin Dimassi, ancien ministre des Finances, syndicaliste pragmatique et rationnel, a choisi de démissionner. Il a notamment trouvé absurdes et populistes les décisions portant majoration des salaires alors même que le pays ne créait pas de nouvelles richesses ! Il s'est aussi attaqué de front à la Caisse de compensation, au déficit des caisses sociales, projetant de faire bouger les lignes sur le front de la fiscalité et du régime forfaitaire... Bref, il a eu le courage de préparer une politique d'austérité «globale» et acceptable. On connaît la suite, et le prix qu'il a dû rationnellement payer pour cette audace. L'actuel ministre des Finances ne paraît être ni un émule de son prédécesseur, ni, et encore moins, convaincu lui-même de la portée des mesurettes d'austérité qu'il est en train de prendre. Incontestablement animé de bonne volonté, s'inscrivant sans doute dans le très long terme, il est peut-être confronté au quotidien à la complexité d'un aussi grand et aussi complexe ministère que celui des Finances. Sans bien entendu compter sur les pressions d'ordre politique qu'il est appelé à gérer. Ce n'est pas en important du bétail d'Espagne et de le payer rubis sur l'ongle en euros que l'on pourra résorber les multiples déficits. C'est sans doute là un détail, mais accepter ce «sacrifice» et y consentir reviendrait à administrer de l'aspirine à un hémorragique ! Ce n'est guère ainsi que l'on suscitera le «choc de confiance» nécessaire à la sortie de crise et à la relance, dont a récemment parlé le Pr Chedly Ayari, gouverneur de la BCT