Au terme d'un week-end de folie, le ST s'enfonce dans une crise profonde ! L'assemblée générale élective prévue jeudi prochain a été reportée dans la foulée de ce que d'aucuns qualifient tout simplement de «Commedia dell'arte». Ce report était intervenu vendredi soir, dernier délai de dépôt des candidatures, en raison de l'absence de la moindre candidature, selon la version officielle. Celle-ci est pourtant démentie par les faits, tels que relatés par l'unique candidat, l'ancien président de la Fédération tunisienne de football, Anouar Haddad, qui avait occupé, durant de longues saisons, le secrétariat général et la vice-présidence du club. Vendredi dernier à midi, il nous confiait être en train de boucler sa liste composée d'une dizaine de figures. «Je vais déposer ma candidature au tout dernier moment», nous annonça-t-il, sans toutefois deviner la suite surprenante des événements. Hier, l'ancien dirigeant stadiste n'en revenait toujours pas. Dépité, il a abandonné toute envie de présenter une nouvelle fois sa candidature, «Ma décision est ferme et irrévocable, tranche-t-il. Après la mascarade de vendredi dernier, plusieurs intervenants dans la vie du club m'ont pressé de revenir à la charge en vue du nouveau délai du 25 octobre. D'ailleurs, j'ai toujours l'appui du comité de soutien et de l'ancien président, Mohamed Dérouiche. Mais le fait est là : le président sortant Kamel Senoussi a cherché à gagner du temps afin de mettre la main sur la subvention ministérielle au titre du Promosport. L'avant-veille, il encaissait les 200 mille dinars en partie, grâce à un prêt sur l'argent revenant au Club Africain. Ces fonds-là, nous comptions dessus pour démarrer notre mandat et débloquer la situation d'un club interdit de recrutement, certains joueurs réclamant un montant de 86 mille dinars à notre club. Sept licences sont toujours bloquées», explique-t-il. «Portes closes» Certains concluent que cela n'arrive qu'au club du Bardo, mais les événements de vendredi après-midi sont dignes d'un film de série C : «J'ai clôturé ma liste peu après 17h00 ce jour-là, raconte Anouar Haddad. J'ai dû attendre que Férid Jaâfar rentre du Cap Bon. La veille, pourtant, Kamel Senoussi me disait que j'étais l'homme de la situation et m'assurait de son soutien. Anis Ben Mime et le secrétaire général permanent n'étaient au courant que plus tard, à 18h30, j'allais déposer ma candidature. Surprise : vers 17h20, des supporters me contactaient pour me dire que le siège du club avait déjà fermé, plus tôt que d'habitude et que c'était le président en personne qui avait ordonné cette fermeture. Bref, on m'a dit qu'en l'absence de la moindre liste qui se serait portée candidate, l'AG était reportée d'une quinzaine de jours. La mascarade. C'est comme si le bureau actuel n'entendait pas s'en aller. Mohamed Dérouiche m'a contacté quelques instants plus tard pour me dire qu'on allait rouvrir le siège du club et que le président Senoussi a donné un ordre dans ce sens. Mais c'était terminé : je n'étais plus candidat après une telle comédie. Je me suis senti floué au sein de mon propre club où j'ai travaillé avec Hédi Enneïfer. La situation est telle aujourd'hui que le club manque de tout. Un véritable gâchis», conclut Haddad. Le président agressé La situation a dégénéré le week-end dernier à un point tel que le président sortant Kamel Senoussi a été agressé samedi dernier. Sa voiture a été endommagée, alors qu'il allait rejoindre le siège du club. «Je condamne vivement une telle tournure des événements. Toute violence est répréhensible», commente l'ancien patron fédéral, qui a été sans doute découragé in extremis par les états financiers du club. Certains parlent d'un déficit financier de 3 millions de dinars. Mais le bilan est tellement lourd qu'il rebute instinctivement les dirigeants les plus courageux. D'ici le 25 octobre, il n'est pas évident que le club "rouge et vert" trouve "preneur". Entre-temps, l'équipe de football glisse dangereusement. Tous les feux sont au rouge du côté du Bardo.