Pêle-mêle, des couleurs et des formes rebelles font la loi C'est sur les collines de Sidi Bou Saïd, au détour de ses petites ruelles, qu'a élu domicile la galerie Le violon bleu, un coquet espace, connu par les amateurs d'art, dont les cimaises abritent actuellement les peintures de Rafik El Kamel. Cité par Youssef Seddik dans un texte succulent où il a associé à merveille sa parole à ce qui a été déjà exprimé dans l'œuvre, l'artiste notait: «ma main s'aventure sur la toile tendue et fixe... l'action de la lumière sur les lieux, les corps et les objets...les formes, les couleurs par leur audace me surprennent et l'œuvre, en avançant, acquiert un simulacre d'indépendance dont je suis volontairement dupe pour le plaisir.» Un plaisir que l'on partage avec lui à travers les œuvres «abstraites» qu'il expose, fruit d'une sorte de possession et d'obsession par la lumière que l'artiste semble fracturer pour en extraire nuances et couleurs qu'il inscrit, sur la toile, à travers la pointe de son pinceau. C'est avec la lumière qu'il semble avoir fixé un fortuit rendez-vous, faisant d'elle un prétexte pour peindre mais aussi un outil et objet. Devenant sa complice et partenaire de jeu, cette lumière fragmente les corps, objets et formes qui l'entourent, l'artiste intervient, alors, pour les recueillir et pour les apposer sur la surface. Le résultat exprime une nécessité « de dire » et « de faire» d'El Kamel, et se présente dans une forme abstraite où, pêle-mêle, des couleurs et des formes rebelles font la loi. Les œuvres de l'artiste illustrent à merveille les propos de Kandinsky qui notait : «l'artiste est la main qui, par l'usage convenable de telle ou telle touche, met l'âme humaine en vibration»*. L'âme en vibration et l'esprit en excitation, sommes-nous tentés de dire. L'exposition se poursuit jusqu'à fin novembre.