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Derrière le rideau de fumée, bien des calculs et des secrets
Affaire Kamel Letaief
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 11 - 2013

On a changé de tribunal, on a dessaisi le juge d'instruction du dossier, mais la vérité court toujours...
L'affaire Kamel Letaief, qui n'est pas de peu d'importance, voire qui est très dangereuse, a pour titre : «Complot contre la sûreté de l'Etat ». Voilà un dossier qui ne cesse de faire la une des journaux et autres organes de presse. Ce «feuilleton» en cours depuis presque deux années n'est toujours pas clôturé et semble, à bien des égards, intriguer et interpeller les observateurs avertis comme les citoyens ordinaires. Cela étant, la lenteur du traitement est pointée du doigt. Où ennest-on ? Quels sont les dessous ? Et qui est cet homme de l'ombre qu'est Kamel Letaïef ? Jusqu'où, par ailleurs, peut aller le cloisonnement entre politique, justice et argent ? Eclairage de l'avocat du concerné, Nizar Ayed, et de la magistrate Kalthoum Kannou, en attendant celui du plaignant dans cette affaire, l'avocat Chérif Jebali, qui nous a promis dans un premier contact, de livrer sa propre version des faits...
Abordant l'actualité de l'affaire, Me Nizar Ayed, avocat près la Cour de cassation et défenseur de Kamel Letaief, note que le juge d'instruction chargé de l'enquête a été dessaisi du dossier. Il y a eu aussi changement de tribunal. A l'origine de ces mesures décidées par le ministère public, les erreurs procédurales commises par le juge d'instruction du bureau N°5 du tribunal de Tunis, qui s'est rendu au domicile de l'intéressé un jour férié, sans autorisation préalable du procureur de la République. De ce point de vue, l'avocat se réfère à l'article 56 du Code de procédure pénale pour rappeler que le juge d'instruction se transporte d'office dans le cas « où l'on présume pouvoir trouver des éléments utiles à la manifestation de la vérité. Et que s'il se transporte d'office, il doit aviser le procureur de la République»
Ce trébuchement qui intrigue
Dans la même optique, notre interlocuteur avance d'autres anomalies relevant des procédures suivies par le juge d'instruction qui a adressé, mercredi 30 octobre vers 16 heures, une convocation à Kamel Letaief pour comparaître devant le juge d'instruction le lendemain à 9 heures. Une procédure qui n'était pas conforme, souligne l'avocat, aux lois en vigueur, vu que le délai était inférieur à 24 heures. Ce qui a poussé la défense à demander le report de l'audition au lundi 4 novembre. Mais le juge d'instruction a fait «la sourde oreille» pour, ensuite, émettre, le vendredi, un mandat d'amener contre l'intéressé.
L'avocat note de surcroît que le juge en question avait, à maintes reprises, refusé d'auditionner l'intéressé après avoir reçu des demandes écrites de la part de sa défense. « Cela était fait dans l'objectif d'accélérer la cadence, afin de clôturer définitivement— positivement ou négativement— le dossier. Car mon client, en sa qualité d'hommes d'affaires, payait et paye encore quotidiennement le lourd tribut de l'interdiction de voyage qui lui a été imposée par le juge d'instruction. Mais chaque fois qu'on écrivait au juge, il s'abstenait de donner une réponse claire, se contentant de dire qu'il réagirait plus tard. Ce qui laisse penser qu'il procédait à des consultations avant de décider. Ce serait fort probable, vu ses improvisations ».
Etait-ce un détournement de l'intérêt public?
Toujours dans le cadre des dépassements concernant la forme, l'avocat met en cause la présence massive de policiers déployés à travers le quartier où réside Kamel Letaief, de véhicules de la protection civile, d'ambulances et de grues, le jour de la visite du juge d'instruction. En plus des deux chaînes de TV Al-Jazeera Moubacher et Al Moutawasset. Des chaînes qui, aux dires de l'avocat, manquent de neutralité. A l'appui, il avance qu'Al-Jazeera Moubacher a rapporté à tort un prétendu échange de tirs entre les gardes de Kamel Letaief et les forces de sécurité. « C'était fait dans l'objectif de semer la zizanie et de provoquer une certaine turbulence. Je me demande encore si cela n'avait pas été fait dans le but de détourner l'attention du public de ce qui se passait alors au ministère des Droits de l'Homme, en rapport avec le Dialogue national», souligne-t-il.
Revenant sur l'accusation selon laquelle Kamel Letaief aurait heurté un agent de sécurité avant la visite du juge d'instruction, l'avocat fait remarquer que les caméras installées autour du domicile de l'intéressé prouvent son innocence. D'autant plus que le chef du groupe de la gendarmerie présent sur place a fait savoir au juge d'instruction qu'aucun agent n'a été blessé.
Absence de preuves
S'agissant du fond de l'affaire, la défense de Kamel Letaief parle d'une tempête dans un verre d'eau. Tel qu'il le précise, la Brigade des investigations d'El Aouina vient de dévoiler le secret de cette affaire, bel et bien énigmatique, à la lumière de l'enquête qu'elle a menée. C'est que l'avocat plaignant, Chérif Jebali, serait derrière les sept SMS incriminant l'accusé, dont six émis de l'étranger, plus précisément d'une ligne téléphonique française, et un autre provenant d'une ligne tunisienne.
Après avoir adressé une correspondance aux autorités françaises concernées pour vérifier l'origine des six premiers SMS, les autorités compétentes tunisiennes se sont penchées, selon l'avocat, sur le SMS émis d'une ligne locale. L'enquête menée par les investigateurs de la Garde nationale a prouvé l'existence d'une possible relation entre l'avocat plaignant et l'auteur du SMS : ils ont cinq relations en commun. «Ce qui renforce l'éventualité que l'avocat plaignant soit derrière l'affaire dont il s'agit», ajoute l'avocat Nizar Ayed.
Conformément aux propos du défenseur de l'homme d'affaires, le juge chargé du dossier, au lieu de laisser les investigateurs de la Garde nationale poursuivre leur enquête, a décidé de récupérer le dossier pour, ensuite, arrêter les investigations à ce stade. Des méthodes qui ont porté atteinte, selon l'avocat, à l'image de la magistrature tunisienne et qui ont valu au juge un retrait du dossier, aujourd'hui confié à un autre magistrat et dans un autre tribunal. Et ce, afin de trancher définitivement sur l'affaire, par la loi et dans le respect total du droit de chacun.
Kamel Letaief, bien plus qu'une énigme
L'homme de l'ombre, le mafieux, la vraie autorité politique du temps de Ben Ali, le plus outillé en matière de réseaux, l'éternelle énigme. Voilà les expressions et qualificatifs associés à l'homme par bien des Tunisiens. Mais à quoi ressemblerait-il si l'on s'en tenait à la «biographie» ?
A la question, l'avocat de l'intéressé répond que son client, ce puissant homme d'affaires qui a hérité de son père une entreprise de bâtiments et ce passionné de politique, n'est ni un ange, ni un démon. Il avoue, par la suite, que l'homme a bel et bien joué un rôle de premier plan dans la prise de pouvoir par Ben Ali en 1987. Toutefois, il a rompu ses relations avec lui cinq ans après son arrivée au palais de Carthage, donc en 1992, et ce, pour avoir manifesté une certaine opposition à un projet de loi visant la Ligue de protection des Droits de l'Homme. Selon l'avocat, l'intéressé plaidait pour l'autonomie et l'indépendance de la Ligue. Ce qui lui a valu la méfiance et l'animosité de Ben Ali et associés.
A ce plaidoyer très attendu de la part d'un avocat, il convient de rappeler que, dans une interview donnée par Kamel Letaief au magazine français l'Express, le 10 mars 2011, l'homme d'affaires avoue qu'il a soutenu un homme (Ben Ali) «très limité politiquement, mais qui était un bon sécuritaire capable de mater les évènements qui secouaient le pays à l'époque». Une déclaration qui contraste avec l'attitude passée de l'intéressé et qui prouve, avec le recul, qu'il n'est pas dénué de ruse politique. Comme le dit Hannah Arendt, l'art de gouverner est celui de tromper les hommes.
A méditer, en attendant le cours des évènements, des péripéties en relation avec l'affaire, mais en attendant aussi la version de l'avocat plaignant pour davantage d'éclairage sur ce dossier, qui évoque un rideau de fumée cachant bien des calculs et bien des secrets.


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