ISTANBUL (Reuters) — La Coalition nationale syrienne (CNS) a annoncé hier la formation d'un gouvernement provisoire pour les zones tenues par les rebelles, malgré les réserves des Etats-Unis qui craignent qu'une telle initiative ne complique la tenue d'une conférence de paix à Genève. La CNS, soutenue par les pays occidentaux, a pris cette décision au terme de trois jours de discussions animées à Istanbul au cours desquels les opposants au président syrien Bachar Al Assad ont également annoncé leur participation à une éventuelle conférence de paix. Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, espèrent que ces pourparlers de paix déboucheront sur la désignation d'un pouvoir intérimaire pour mettre fin au conflit en Syrie. La CNS, dont les dirigeants vivent tous en exil, exerce une influence limitée sur la mosaïque d'unités rebelles combattant les forces du régime de Bachar en Syrie. «Le sentiment au sein de la coalition est que même si Genève a lieu, ce sera un long processus, et nous ne pouvons continuer dans l'intervalle à laisser les zones libérées être la proie du chaos», a expliqué un responsable de l'opposition impliqué dans la formation du cabinet. Selon les Nations unies, 40% de la population syrienne a besoin d'une aide humanitaire. Une épidémie de poliomyélite s'est déclarée dans le pays et la malnutrition guette les habitants des zones assiégées. Selon certains membres de la Coalition, le gouvernement provisoire ne sera pas reconnu internationalement, mais pourrait recevoir de l'argent de l'Arabie Saoudite et d'autres donateurs étrangers souhaitant une plus grande efficacité dans l'acheminement de l'aide humanitaire. Selon ces mêmes membres, certains pays occidentaux sont prêts à utiliser le gouvernement provisoire comme un moyen d'acheminer l'aide, sans le reconnaître officiellement. Du côté turc de la frontière Un dirigeant de la coalition a souligné que le gouvernement, qui sera dirigé par Ahmed Toumeh, un islamiste modéré nommé dès septembre par le président de la CNS Ahmed Jarba, ne s'installerait pas dans un premier temps en Syrie en raisons des risques pour sa sécurité. Il devrait siéger en Turquie, à Gaziantep, une ville située juste à côté de la frontière syrienne, non loin d'Alep, la métropole du nord de la Syrie, théâtre de combats permanents entre les deux camps. Parmi les personnalités nommées au gouvernement par le CNS figure Asaad Moustafa, un ancien ministre de l'Agriculture d'Al Assad passé à l'opposition et proche de Ryadh. Il sera ministre de la Défense. Ibrahim Mero, un économiste formé aux Pays-Bas, a été choisi comme ministre des Finances du gouvernement qui comprend une seule femme, Taghrid al Hajli, chargée de la Famille et du Droit des femmes. Les portefeuilles de l'Intérieur, de l'Education et de la Santé n'ont pas été attribués, les candidats n'ayant pas recueilli un nombre suffisant de suffrages.