Le naufrage du milieu a précipité la défaite de l'EST dans le derby face à un CA qui en voulait plus. Certes, à l'Espérance, c'est l'arrière-garde qui a été le secteur le plus remanié avec les absences de Ben Cherifia et Derbali et qui de surcroit a dû subir une réorganisation dès la 20e minute suite à la blessure de Ben Mansour et son remplacement dans l'axe par Chammam, alors qu'Afful prenait le flanc gauche. Mais il faut admettre que cette défense n'a pas été suffisamment aidée et couverte par une ligne médiane de bric et de broc qu'a dû improviser l'entraîneur Skander Kasri à l'occasion du 117e derby de la capitale. Sans Mouelhi, véritable phare à la récupération et à la relance, sans Darragi qui traverse un automne de doute et qui rentra pour le dernier quart d'heure, le club de Bab Souika dut s'en remettre à un Afful pas vraiment dans son élément à la récupération, condamnant le seul Ragued à colmater à lui seul les brèches. La rentrée du jeune international U17, Moez Abboud, n'a pas amélioré les choses. Au contraire, prenant la place d'Afful au milieu, il paya le prix de son inexpérience en perdant le ballon sous la charge de Zitouni, lequel servit astucieusement Dhaouadi pour l'ouverture du score. Traoui, qui se trouvait sur le banc, aurait-il constitué une meilleure carte que Abboud ? On ne le saura jamais, d'autant que l'ancien Etoilé revient de blessure. Volet reconversion, relance et construction, Msakni parut timoré et Mhadhebi plutôt brouillon, même si sa tentative de la demi-heure de jeu, à l'entrée de la surface, a été renvoyée de la main par Korbi. Ces deux joueurs eurent toutes les peines du monde à apporter les décalages et les services dans les espaces à Belaïli qui passa un bien mauvais après-midi face à Agrebi, lequel n'hésitait pas à aller titiller la défense adverse, et à Akaïchi, muselé par un bon Tka et beaucoup moins en réussite que d'habitude, perdant par exemple un duel face à Yaâkoubi, auteur d'un superbe tacle autoritaire alors qu'il partait seul face à la cage de Dkhili, peu avant l'heure de jeu. Le CA a dicté la loi du milieu, généralement décisive dans l'issue de ce genre de parties éminemment tactiques. Les hommes d'Adrie Koster imposèrent un bloc plutôt haut et très agressif qui «aspirait» les velléités offensives adverses grâce à la combativité de l'«ex» du tour, Khaled Korbi, et au dynamisme de Zitouni. Il faut dire que Haddad, puis Hedhli à la reprise, Djabou, Dhaouadi et même l'avant de pointe Kasdaoui acceptèrent le sacrifice de participer à la récupération et à un pressing qui commençait pratiquement dans leurs zones. Et c'est un peu cet esprit des mousquetaires «tous pour un, un pour tous» qui fit la différence car en termes de personnalité collective et d'esprit de groupe, les Rouge et Blanc étaient meilleurs, Baratli apportant dans le dernier quart d'heure qu'il livra sa solidité et son sens du placement. Le mercato est là ! Si, après cette défaite, l'entraîneur Skander Kasri a perdu en grande partie le bénéfice du crédit que lui donnèrent les victoires — pas toujours convaincantes, loin s'en faut — assurées durant son intérim que l'on annonce en bout de route, il ne faut pas perdre de vue les carences accusées par l'effectif à quelques jours du mercato. En effet, samedi, il n' y avait aucun défenseur axial sur le banc des remplaçants. Une fois Ben Mansour blessé, le staff a dû se rabattre sur une défense expérimentale, avec Chammam déplacé à l'axe. Certes, l'Algérien Antar Yahia était blessé, mais il est clair que Chemseddine Dhaouadi ne peut pas supporter sur la durée de toute une saison le poids d'une arrière-garde dont la faiblesse a été révélée au grand jour par la compétition continentale, face aux Sud-Africains d'Orlando Pirates. Or, dans deux mois, l'EST va engager une nouvelle campagne africaine. Le mercato d'hiver ne sera peut-être pas uniquement un mercato de réparation, comme on dit du côté du Parc B. Le CA, lui, s'emploie toujours à compenser le lourd déficit accusé par son avant-centre. Que ce soit Kasdaoui ou Nahr, Salifu ou Matt Moussilou, la réussite n'a été que rarement au rendez-vous. Le club de Bab Jedid a dû régulièrement s'en remettre à l'efficacité de Djabou ou cette fois de Dhaouadi. Ces deux hirondelles feront-elles le printemps clubiste sur la durée de toute la saison ?