Le Hollandais est annoncé partout et nulle part. A-t-il gaffé ou est-ce qu'on lui a été ingrat? S'il y a un sujet qui retient l'attention des Tunisiens plus que le dialogue national, c'est sans doute Ruud Krol. Le Hollandais, annoncé partout (EST, sélection tunisienne, sélection du Maroc, Qatar...) et nulle part, est aujourd'hui au centre d'une polémique controversée où tout le monde (ou presque) lui en veut : dirigeants et supporters du CSS, techniciens et ex-joueurs. Qu'est-ce qu'on lui reproche au juste? Au CSS, on ne digère pas la façon dont Krol a quitté le CSS. Quelques heures après avoir gagné haut la main, mais à la peine, un titre de Coupe de la CAF, il résilie son contrat d'une façon unilatérale et paye la clause de résiliation. C'est perçu dans le milieu sfaxien comme un coup de poignard dans le dos. Cela a même ôté le charme de la consécration. Et comme nous sommes un peuple sentimental qui réagit au quart de tour, et comme le football est pour nous une question d'amour ou de haine, la réaction est «extrémiste». On fustige Krol parce qu'il n'a plus envie de rester et qu'il n'accepte pas un retard dans le paiement de ses salaires. Il n'a pas fui le CSS avant la finale de la Coupe de la CAF, bien que sa décision ait été prise depuis deux mois. Ce qui est bizarre, c'est qu'on oublie tout ce que Krol a fait pour le CSS : le Hollandais a repris une génération douée, mais qui n'a rien gagné avant. Il a ses défauts oui, il a raté quelques matches, oui, mais il a réussi à apposer un double cachet au CSS : une équipe d'attaque, d'inspiration qui fait le jeu, puis dernièrement une équipe de cran qui joue direct et qui revient facilement dans les matches. Un titre continental, un titre de champion et une finale de coupe, voilà ce qu'il a gagné avec le CSS. On peut ne pas apprécier la manière dont il est parti de Sfax, mais a-t-on le droit de nier tout ce qu'il a réussi? Le cas de Krol est un cas révélateur. On n'a pas encore compris l'attitude des entraîneurs étrangers de renom. Ce ne sont pas des personnes qui réagissent à chaud ou qui doivent fermer les yeux sur tout ce qui se passe autour d'eux. On leur demande d'être si souples, à même de verser dans l'amateurisme. Il y a des étrangers qui ont fait leur mue, ils collent au modèle tunisien. Agressifs, roublards, susceptibles, comédiens, ils ont toujours la cote en hausse. Pour les autres, comme Krol, ils travaillent en douceur, acceptent les mauvaises conditions et le stress, mais à un moment donné, ils prennent des décisions irrévocables. Quand ils décident de quitter, ils quittent sans états d'âme aucuns. Au risque d'être cassant et «infidèle». Qatar, Maroc et Arabie Saoudite Ruud Krol est parti hier matin à Amsterdam pour prendre deux jours de repos. Il a ensuite un agenda bien rempli. D'abord, Qatar le samedi pour étudier l'offre du Club Qatar, puis il ira au Maroc pour négocier avec les dirigeants de la fédération royale marocaine. Ce n'est pas tout, il a aussi une offre du club saoudien d'Al Chabab. Préférence particulière? Pas forcément. Le Hollandais, comme il l'a dit à ses proches, aime les challenges sportifs et le stress des matches. Retour rocambolesque à Tunis pour prendre l'EST? On nous dit que Krol n'a eu jamais d'accord avec Hamdi Meddeb. C'est un scénario que l'on ne veut pas évoquer. En tout cas, Krol a marqué l'actualité. Son cas montre bien que nous sommes encore loin de savoir évaluer les entraîneurs.