Aziz Krichène proclame son innocence et les Espérantistes répliquent au Dr Marzouki à leur manière Comme prévu, les retombées néfastes du «Livre noir» du Dr Moncef Marzouki ne se sont pas limitées uniquement aux personnes qui y ont été citées ou à ceux qui ont dénoncé l'instrumentalisation politicienne d'une partie des archives nationales à des fins partisanes. Les effets de cette énième bourde du président provisoire ont touché également le propre camp du Docteur en la personne de l'un de ses conseillers les plus en vue, Aziz Krichène, connu pour ne pas avoir sa langue dans la poche. Aziz Krichène a, en effet, fait exploser une bombe contre le président et les auteurs du «livre noir» en déclarant dans une longue interview accordée au quotidien Assarih du samedi 7 décembre : «Le livre noir de Marzouki est une grande erreur politique». Et pour dégager sa propre responsabilité de cette erreur, Krichène ajoute : «Il n'a jamais été question d'exploiter les archives retrouvées au Palais de Carthage concernant le secteur de l'information à des fins politiques. Nous avons discuté longuement sur l'identification de la partie à laquelle nous devions transmettre ces archives. Et comme la création de l'instance chargée de la justice transitionnelle censée recevoir ces documents a pris du temps, nous n'avons pas pris de décision pour communiquer les archives en question à une partie quelconque». Le conseiller de Marzouki ajoute «: Nous avons évoqué la possibilité de transmettre ces archives au Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) qui en a fait la demande ou à la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica). Mais au final, rien n'a été décidé officiellement. Malheureusement et au moment où j'étais à l'étranger, j'ai été surpris par la publication du livre. Pour moi, c'est une énorme erreur politique». La question qui s'impose d'elle-même est bien la suivante : Y a-t-il réellement des symptômes de division au sein de l'équipe entourant le président Marzouki, surtout quand on sait que Adnène Mansar, le directeur du cabinet présidentiel, continue à défendre, bec et ongles, la publication du «livre noir» de son patron ? Comment les acteurs du paysage politique national et civil réagissent-ils à ce remue-ménage au sein du Palais de Carthage ? Il a torpillé son propre avenir politique Pour le Dr Souheil Alouini, secrétaire général de l'Union patriotique libre (UPL), «il n'y a pas de réaction plus expressive et plus éclatante que celle du célèbre journaliste français Nicolas Beau et ami du président provisoire en déclarant : Marzouki a torpillé avec son livre noir son avenir politique. Il a commis une erreur impardonnable à tous les égards en utilisant à des fins personnelles des documents qu'il avait à sa disposition sous le sceau du secret national. Quant aux déclarations de Aziz Krichène, elles ont pour objectif principal une volonté claire de se désengager des erreurs à profusion de Marzouki, d'une part, et de penser à son avenir personnel qu'il ne voudrait pas voir entaché du fait des bourdes d'un président qui ne sait plus quoi faire. Et comme un malheur ne suffit pas, voici que les supporters de l'Espérance Sportive de Tunis se mobilisent pour dire à Marzouki ses quatre vérités lors de «la dakhla» qu'ils projetaient d'organiser lors de la rencontre de leur équipe, prévue hier au stade de Radès. Mais la rencontre a été ajournée, une heure avant son démarrage, pour raisons sécuritaires, comme annoncé. En réalité, cette décision avait pour but d'éviter à Marzouki une nouvelle déconvenue». Il s'est mis à dos les médias et l'Espérance Néji Jalloul, universitaire et militant de la société civile, est convaincu que «c'est bien l'équipe nahdhaouie entourant Marzouki qui l'a poussé à la faute, en publiant le livre noir. Il est tombé dans le piège en pensant en tirer un certain profit politique. Cette équipe veut régler ses comptes avec les médias et elle a encouragé Marzouki, dont Ennahdha ne veut plus depuis longtemps, à sauter le pas. Maintenant, il s'est mis à dos le monde des médias et l'Espérance et ses fans qui ne lui pardonneront jamais sa volonté de salir l'image de leur équipe. D'ailleurs, la manifestation qu'ils ont organisée aujourd'hui (hier) à la suite du report de leur match contre le CSS montre qu'ils ne vont pas se taire». Notre interlocuteur ajoute : «Pire encore, Marzouki apparaît aujourd'hui comme un homme contre le consensus. Au moment où tout le monde semblait sur la voie du consensus et qu'Ennahdha et Nida Tounès cherchaient un arrangement, il a fait le chemin inverse et il en payera sûrement les frais». Il a tué l'espoir «S'il a été surpris comme il le prétend, il n'a qu'à démissionner. Un conseiller dont les conseils ne sont pas écoutés par son président n'a qu'à partir», souligne le Pr Boussairi Bouebdelli, président du Parti républicain maghrébin, en réplique aux déclarations de Aziz Krichène, indiquant qu'il n'était pas au courant de la publication du «Livre noir». Et le président du PRM d'ajouter : «Marzouki a lamentablement échoué en s'attaquant à l'Espérance Sportive de Tunis, et ses supporters lui ont répondu, dimanche, comme il faut. Bien que la rencontre EST-CSS ait été reportée, ils ont tenu à manifester leur colère contre Marzouki».