Il ne peut y avoir de liberté ni de démocratie sans un pouvoir judiciaire indépendant C'est sous le signe «l'indépendance du pouvoir judiciaire, un des objectifs de la révolution de la liberté et de la démocratie», que le 11e congrès de l'Association des magistrats tunisiens (AMT) a poursuivi, hier, ses travaux à Gammarth. Au deuxième jour, les congressistes dont le nombre avoisine quelque 800 magistrats devaient élire les 11 membres du nouveau bureau directeur parmi 24 candidats déjà en lice, pour un mandat de deux ans de 2013 à 2015. D'emblée, le magistrat Mohamed Alia a été élu président du congrès, accompagné de ses deux vice-présidents. Il en est de même pour l'adoption des commissions de rédaction des motions de vote et du tri. Egalement à l'ordre du jour, la lecture des rapports moral et financier du bureau sortant, donnant, ainsi, un aperçu des principales activités organisées par l'association en tant qu'acteur agissant et partenaire dans l'édification de l'Etat de droit et des institutions. Au lendemain d'une révolution si salutaire et prometteuse, les robes noires, tout comme les médias et les autres corporations professionnelles, se sont lancés dans un combat militant pour la libération de la justice du carcan du pouvoir politique. Et la récente Instance provisoire de l'ordre judiciaire, née à l'arraché, continue jusque-là à subir la domination de l'exécutif. Ce dernier, selon Mme Kalthoum Kennou, présidente sortante de l'AMT, ne cesse de tout faire pour mettre à genoux tout un corps aux ambitions légitimes; l'indépendance de la justice et sa constitutionnalisation, comme une des garanties de la démocratie naissante. Mais aussi un des défis de l'étape à venir que le nouveau bureau de l'association devrait relever à tout prix. Et partant, «l'AMT ne devra jamais lâcher prise et céder aux lâches tentatives de mainmise et d'ingérence flagrante dans les prérogatives les plus élémentaires de ladite instance de l'ordre judiciaire. De telles pratiques malhonnêtes que l'on croyait révolues ont tendance à asservir la profession et à remettre tout le système judiciaire à la case départ...», s'indigne-t-elle. Sans pour autant oublier de dénoncer les récentes nominations au sein de l'instance, décision jugée politique par excellence qui donnait lieu à une série de grèves générales dans différents tribunaux du pays. L'autonomie de l'association et la dynamisation de ses bureaux régionaux pour mieux jouer leur rôle dans la défense des droits et des libertés sont plus que jamais à l'ordre du jour, relève-t-elle encore. Et Mme Kennou de poursuivre : «Il ne peut y avoir de liberté ni de démocratie sans un vrai pouvoir judiciaire indépendant». Candidate à la relève, Mme Raoudha Karafi, vice-présidente au sein du bureau sortant, s'est montrée pleinement engagée plus que jamais à persévérer sur la voie du militantisme, avec beaucoup de détermination à défendre bec et ongles l'intégrité du corps de la magistrature. Un corps qui devrait évoluer dans son unité et sa cohésion, dans un perpétuel élan de solidarité. «L'on s'attend à un travail de longue haleine qui permettrait à ladite instance de préserver son indépendance, loin de toute forme de politisation et d'instrumentalisation...», souligne-t-elle. Afin d'y parvenir, il y aura du chemin à parcourir. L'essentiel est que le pouvoir politique prenne en considération toutes ces revendications. Qu'il comprenne que la justice est aussi un pouvoir à part entière, aux côtés des pouvoirs exécutif et législatif. Et Mme Karafi de marteler qu'il faut respecter les jugements du Tribunal administratif, faisant allusion à l'arrêt d'exécution relatif aux dernières nominations aux deux postes de présidente du Tribunal foncier et d'inspecteur général au ministère de la Justice. Deux nominations considérées comme une violation des prérogatives principales de l'Instance de l'ordre judiciaire et une immixtion pure et simple dans ses affaires internes. Contactée hier en début de soirée, au moment de la rédaction de ces lignes, Mme Karafi nous a signalé que le dépouillement des résultats n'a pas encore tranché sur les onze membres composant le nouveau bureau de l'AMT.