La Grèce, championne d'Europe 2004, a battu à la régulière un Nigeria au jeu stéréotypé... Il faudra une grande force de caractère et une pincée de chance aux “Super Eagles” pour voir les huitièmes de finale de la Coupe du monde 2010. Alors qu'une victoire contre la Grèce leur aurait ouvert les portes d'une petite finale contre la Corée du Sud pour la deuxième place dans ce groupe B derrière l'Argentine, les voilà dans l'obligation de s'imposer mardi prochain contre l'équipe asiatique tout en espérant que les hommes de Diego Maradona, qui ont déjà un pied et demi en huitièmes de finale, fassent le boulot jusqu'au bout en battant les Grecs. Si l'hypothèse n'est pas irréaliste, reste à savoir comment le Nigeria digèrera le scénario de cette défaite cruelle. Du rêve au cauchemar Ce qui avait commencé comme dans un rêve a, en effet, tourné au cauchemar pour les hommes de Lars Lagerbäck. Dans ce match à gagner plus qu'à ne pas perdre après la défaite de la Corée du Sud contre l'Argentine (1-4), qui relançait ces deux équipes battues lors de la première journée, les “Super Eagles” ont rapidement renversé les certitudes frileuses d'Otto Rehhagel, le sélectionneur hellène pour qui la prudence a toujours valeur de vérité depuis le titre de champion d'Europe décroché en 2004. Une tactique qui a ses limites sur les coups de pied arrêtés. L'Argentine l'avait démontré samedi en marquant son seul but sur cette phase de jeu. Le Nigeria a complété cette démonstration jeudi, en ouvrant la marque sur un coup franc d'Uche, suffisamment vicieux pour finir sa course au fond des filets de Tzorvas sans que personne ne touche le ballon (16e, 1-0). Un rouge et deux blessés... Au bord de la faillite, la Grèce doit alors marquer pour éviter de prendre la porte. Chose que l'équipe nationale n'a encore jamais fait en Coupe du monde, sa seule participation en 1994 s'étant soldée par un fiasco. Avant même que le sélectionneur grec n'ait eu le temps de réagir, Kaita va alors donner un coup de main à la Grèce en commettant l'irréparable, un geste d'humeur sur Torosidis, synonyme de carton rouge direct et d'une heure à souffrir à onze contre dix pour son équipe (33e). Aidé par ces conditions favorables, Otto Rehhagel sort alors de son carcan stéréotypé pour faire entrer en jeu Samaras, le buteur du Celtic, à la place de Papastathopoulos, un milieu défensif (37e). Une révolution en Grèce! Cette "folie" ne tarde pas à payer. Servi dans la surface adverse, Katsouranis offre le ballon en retrait à Salpingidis, qui a besoin du concours de Haruna pour tromper le pauvre Eneyama et égaliser (44e, 1-1). On peut difficilement faire pire pour le Nigeria, malheureusement pas au bout de ses peines, puisqu'au retour des vestiaires Taiwo, blessé, est contraint lui aussi d'abandonner ses coéquipiers (54e). Heureusement, Eneyama veille dans les buts. Sur une tête timide de Kyrgiakos (56e), sur une tentative à bout portant de Gerkas (60e) derrière laquelle Yakubu, seul devant le but, ratera lui aussi le break en butant sur Tzorvas (60e), ou encore sur cette autre tête, beaucoup plus convaincante celle-ci, de Gerkas, qui l'oblige à une parade exceptionnelle (68e). La prestation du gardien camerounais touche au sublime... jusqu'à ce ballon relâché sur une frappe à ras de terre de Tziolis, repris victorieusement par Torosidis (71e, 1-2). Le coup est cruel pour cette valeureuse équipe du Nigeria qui perdra encore en fin de match sur blessure Echiejile, le remplaçant de Taiwo. Malgré leurs efforts, et une dernière frappe non cadrée de Yakubu (76e), les “Super Eagles” doivent s'incliner devant une équipe de Grèce réaliste et inspirée par le charisme de son capitaine Karagounis. Auront-ils la force de s'en relever ?