Mustapha Filali se désiste, Chédly Ayari entre en jeu, mais Mestiri, Ayed et Ennaceur restent les favoris dans une course qui doit aboutir. Absolument. Aujourd'hui, samedi 14 décembre à midi, les Tunisiens et les Tunisiennes seront édifiés sur l'identité de leur prochain chef de gouvernement. Les protagonistes du Dialogue national sont conscients qu'ils sont condamnés à s'accorder sur un nom. La situation interne du pays ne saurait souffrir un aveu d'échec ni même un nouveau report. Les conséquences, dans les deux cas, seraient catastrophiques sur le double plan social et économique, d'autant que les bailleurs de fonds et les partenaires internationaux ont très bien fait savoir qu'ils fermeraient définitivement les robinets si le Dialogue n'aboutissait pas. C'est là la principale donnée qui a accompagné, tout au long de la journée d'hier, les ultimes concertations entre le Quartet, parrain du Dialogue national, et les 21 partis participant à ce même dialogue. La majorité écrasante des sources approchées par La Presse (au moment même où les pourparlers se déroulaient) pensent que les partenaires au Dialogue national (Quartet et partis politiques) sont «condamnés à parvenir au choix d'un candidat à la présidence du gouvernement, lequel candidat sera celui du consensus». Ces mêmes sources estiment qu'il est quasiment impossible que «le prochain chef du gouvernement que tout le monde attend avec impatience, provienne d'un quelconque processus autre que celui du Dialogue national». L'allusion est claire : «Il n'est pas question que les tentatives de certaines parties proposant le recours à l'article 15 de la petite Constitution qui autorise le président de la République à nommer un chef de gouvernement, aboutissent. Idem pour le projet du Conseil supérieur de l'Etat proposé par certains protagonistes et rejeté catégoriquement par les autres participants au Dialogue», ajoute-t-on. Il reste, cependant, qu'avec le revirement de dernière minute de Mustapha Filali, candidat consensuel jusqu'à vendredi matin, les cartes se sont brouillées de nouveau et l'on assiste maintenant à de nouveaux scénarios, à de nouveaux noms dont certains reviennent en force et à de nouvelles formules allant jusqu'à la solution d'un trio à la tête du gouvernement. Un candidat à tout prix Une source proche du Dialogue national révèle à La Presse que les participants à la réunion d'hier soir (la rencontre se poursuivait encore au moment où nous mettions sous presse) étaient invités à examiner les trois possibilités suivantes. D'abord, le choix de Chedli Ayari, actuel gouverneur de la Banque centrale, pour le poste de futur chef de gouvernement. «Cette option aurait reçu l'aval de Béji Caïd Essebsi et de Rached Ghannouchi», souffle la même source. Ensuite, le duo Ahmed Mestiri, Mohamed Ennaceur avec le premier en tant que chef de gouvernement, et le second en tant que vice-président. Enfin, le trio Mestiri, Ennaceur et Mansour Moalla, sauf que ceux qui sont derrière cette idée oublient que Moalla a déclaré, à plusieurs reprises, qu'il n'acceptera jamais de faire partie du prochain gouvernement, ni en tant que chef ni en tant que ministre. Le Front populaire pose ses conditions D'autres sources indiquent qu'Al Massar serait revenu à la candidature de Radhi Meddeb. «Mais ses chances sont très réduites», s'empressent-elles d'ajouter. Jalloul Ayed et Habib Essid enregistrent également leur retour à la course. Du côté du Front populaire qui s'estime accusé injustement d'être derrière le blocage, les choses sont claires: «Nous ne ferons aucun obstacle au choix du candidat qui sera celui du consensus. Bien que nous n'ayons pas présenté de nouveau candidat lors de la rencontre du jeudi 12 décembre, nos représentants au dialogue n'opposeront pas de veto sur le candidat dont le nom se dégagera de la réunion de vendredi (hier). Seulement, nous avons une condition à laquelle nous restons solidement attachés. Pour nous, il est impératif que le candidat du consensus s'engage à respecter strictement la feuille de route du Quartet», insiste une source digne de foi auprès du Front populaire. Il est à préciser que les concertations se poursuivaient jusqu'à hier avec l'Algérie, sans pour autant affirmer que ce pays cherche à imposer ou à souffler le nom d'un candidat quelconque. Seulement, au regard des relations particulières que la Tunisie entretient avec ce pays voisin, l'on ne peut ignorer ou passer sous silence la teneur des rencontres ayant groupé, ces derniers jours, plusieurs des chefs des partis les plus influents sur la scène nationale avec les représentants de notre grand voisin.