Mohamed Aloulou, Slim Chaker et Tarek Dhiab... Qui sera le prochain de la liste ? Voici une lettre ouverte à celui qui aura la lourde tâche de gérer un secteur explosif. On ne sait pas s'il y aura passation de pouvoirs entre les ministres actuels et ceux qui vont bientôt débarquer. Mais on le souhaite vivement. Pas cette passation formelle où deux ministres se croisent, se serrent la main et posent pour les journalistes, mais une passation réelle et efficace avec de véritables questions de la part des seconds et de véritables réponses de la part des premiers. Ce sera, en tout cas, non seulement un acte civil, mais un grand service que rendraient les premiers aux seconds et tout ce beau monde au pays. Hommes et pratiques du passé En sport, quatre premiers ministres et cinq gouvernements ont pu mesurer l'énormité de la tâche. Elle consistait tout d'abord à commencer par rompre avec le passé puis, dans une seconde phase, à remettre la machine en route d'une manière plus saine, plus transparente et plus efficace. Pour des raisons que tout le monde connaît, l'avancée est minime et il y a même eu recul pour causes de profonde crise politique. Comme tous les secteurs de la vie publique, le sport tunisien s'est tout d'un coup retrouvé avec la réalité en face. C'est-à-dire le néant. Il a fallu commencer par le commencement, soit renouveler les cadres au ministère et à la tête des fédérations. Opération à moitié réussie, si elle n'a pas abouti, à moitié, à l'échec. C'est que dans l'ancien camp, la résistance s'est vite réorganisée et certains parmi ses cadres se sont même retrouvés à la tête d'importantes institutions. Nous en avons pour exemple le Comité olympique tunisien et la fédération de football. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Mehrez Boussayène et Wady Al Jary ont mené et continuent à mener une guerre sans merci à l'autorité de tutelle, font de la résistance et essaient de maintenir les anciennes pratiques qui ont mené notre football et notre sport en général à la faillite. A ce propos, ni Mohamed Aloulou ni Slim Chaker ne sont parvenus à déstabiliser ou à recadrer ces deux personnages, alors que Tarek Dhiab a mené une bataille à découvert où il a laissé des plumes pour cause de solidarité «corporative» et même de «complicité médiatique» dont ces deux personnages ont bénéficié. Mais, au moins, il a eu le grand mérite de les dénoncer et de les pousser parfois à l'erreur. Pas de carte blanche ! L'autre volet dont devrait s'occuper sérieusement le prochain ministre, c'est celui des résultats et des performances. Pourquoi toutes ces fédérations, ces présidents, ces dirigeants et cet argent qu'on investit dans le sport pour, à l'arrivée, si peu de résultats ? ! La question mérite d'autant plus d'être posée que les responsables de nos fédérations continuent allègrement à occuper leurs postes, à bénéficier de l'effort financier de toute une communauté et à aligner les échecs. Voyez le football, mais il n'y a pas que cela, puisque le volley et la majorité écrasante des sports individuels sont au bas de l'échelle, même si un effort réel de restructuration a été opéré. Pour deux raisons au moins : les hommes et les pratiques sont parfois les mêmes et le contrôle difficile. Surtout à mi-chemin. Dans deux ans, les Jeux olympiques et l'on se rendra alors compte que les responsables de nos fédérations se sont plus préoccupés de multiplier les voyages, de se porter candidats aux instances continentales, arabes ou internationales qu'à créer les conditions de réussite au sport qu'ils gèrent et aux athlètes dont ils ont la responsabilité. Conclusion : ils coulent notre sport et continuent plus tard à cueillir les dividendes de leur passage... calamiteux à la tête de nos institutions sportives. Infrastructure moyenâgeuse! Ceci pour dire que 4 années de mandat ne peuvent en aucune manière continuer à constituer une carte blanche pour toutes les dérives et qu'il faut instaurer un mécanisme de contrôle, de sanctions et même d'exclusion au cas où l'on se rend compte que la gestion ne correpond pas aux objectifs tracés ou annoncés. La troisième chose à signaler, c'est l'état de nos infrastructures. En un mot, elle est aujourd'hui pire qu'il y a 40 ou 30 ans. C'est vrai qu'il y en avait moins à l'époque mais elles étaient au moins mieux entretenues. Aujourd'hui, l'infrastructure est inadaptée et tombe presqu'en ruine, au point qu'on craint pour la sécurité des spectateurs. Mais aussi pour celle des joueurs qui risquent à chaque instant la blessure grave. On parle d'un gouvernement de techniciens. Nous considérons que Tarak Dhiab en est un et qu'il a fait bouger les choses. Nous, sportifs, attendons un autre technicien du sport pour faire avancer les choses et continuer à barrer la route, pour les hommes et les pratiques du sport. Pas quelqu'un qui s'est fait un nom en se faufilant d'une manière ou d'une autre dans ce monde mais quelqu'un qui a véritablement donné à notre sport, qui l'aime et qui peut le servir. Pas s'en servir!