On semble avoir cédé aux caprices d'Ennahdha qui tient à ce que Ali Laârayedh signe le projet de la future Constitution avant de partir Le retour des réunions du Dialogue national, hier, au siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle a été marqué, notamment, par l'annonce de deux dates. La première concerne le 13 janvier 2014 comme étant la date limite du parachèvement des processus gouvernemental et constituant. En plus clair, la Tunisie sera dotée au plus tard, le 13 janvier prochain, de la Constitution que tout le monde attend. Au cours de la même journée, Mehdi Jomâa aura formé son gouvernement de compétences nationales et Ali Laârayedh, actuel chef du gouvernement, aura plié bagages officiellement, lui et ses ministres. La date du 13 janvier 2014 a été révélée aux médias par Jilani Hammami, porte-parole du Parti des travailleurs et membre du Front du salut national, revenu à la table du Dialogue national après avoir fait connaître ses conditions contenues dans une note transmise samedi dernier au Quartet. La deuxième date révélée, hier soir, par Mouldi Jendoubi, secrétaire général adjoint de l'Ugtt a trait au démarrage officiel du compte à rebours relatif au processus gouvernemental. Ainsi, selon le responsable syndical, c'est à partir de demain mercredi 25 décembre que seront décomptées les deux semaines accordées à Mehdi Jomaâ pour constituer son équipe ministérielle. Mouldi Jendoubi ajoute : «Ali Laârayedh, actuel chef du gouvernement, cédera le pouvoir dès que Mehdi Jomaâ aura constitué son équipe». Seulement, Jendoubi ne précise pas si la fameuse lettre d'accréditation que le Dialogue national doit adresser à Moncef Marzouki, président de la République provisoire, pour charger Jomaâ de former le nouveau gouvernement a été envoyée effectivement au palais de Carthage. Des dates précipitées Et si les échos parvenus du siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle donnent à première vue l'impression que les participants au Dialogue national sont un peu sur la même longuer d'onde, il n'en est pas ainsi pour plusieurs parties, qu'elles participent directement aux débats du Bardo ou qu'elles y soient impliquées du fait de leur appartenance à des alliances engagées dans le même dialogue. Ainsi, le Pr Boussaïri Bouebdelli, président du Parti républicain maghrébin qui rencontre aujourd'hui Mehdi Jomaâ «pour lui exprimer son opinion sur la formation du prochain gouvernement» révèle-t-il à La Presse : «Le fait de choisir la date du 13 janvier 2014 comme étant la date de l'adoption de la constitution tant attendue signifie qu'on a accédé au caprice exprimé par Ali Laârayedh de signer le projet de Constitution aux côtés de Mustapha Ben Jaâfar et de Moncef Marzouki». Avis totalement partagé par Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail patriotique démocratique et membre de l'Union pour la Tunisie et du Front du salut national. «Dès le démarrage du Dialogue national, confie-t-il à La Presse, Ennahdha faisait de la signature par Ali Laârayedh du projet de la constitution avant son adoption une affaire d'une urgence capitale. Reste à savoir si Jilani Hammami est habilité à faire une telle déclaration au nom du Dialogue national. Le moins que je puisse dire est que cette déclaration est précipitée et ne renferme pas beaucoup de maturité». Abderrazak Hammami considère, d'autre part, qu'il est temps que les choses soient clarifiées. «Mehdi Jomâa est en train de mener des consultations avec les partis politiques sans être officiellement chargé par le président de la République provisoire de former le gouvernement à venir. Encore plus, il faut que la petite Constitution soit révisée dans le sens d'éviter que le gouvernement Jomaâ n'obtienne la confiance à l'ANC. Seulement, beaucoup de nos politiciens oublient que la Troïka toujours en place et, principalement, Ennahdha refusent la révision de la petite Constitution». La future Constitution sera-t-elle prête d'ici le 13 janvier 2014? «Au vu des difficultés observées au sein de la commission parlementaire des compromis, il est très difficile de parvenir à l'adoption par l'ANC de la Constitution d'ici la date annoncée, aujourd'hui (hier). Toutefois, il n'est pas impossible d'être au rendez-vous annoncé à condition qu'il y ait une volonté politique claire de la part de toutes les parties». «Au Parti du travail patriotique démocratique, nous avons tenu, dimanche, une session de notre comité central au cours de laquelle nous avons clarifié nos positions. Nous appelons à ce que la désignation de Mehdi Jomâa soit légalisée le plus vite possible afin qu'il puisse former son gouvernement sur la base de la compétence et de l'indépendance, conditions incontournables pour qu'il puisse réussir dans sa mission de sauver le pays, plus particulièrement aux plans économique et sécuritaire. Nous considérons, d'autre part, que notre pays vient d'aborder l'étape de la légitimité consensuelle, d'où l'urgence d'amender la petite Constitution dans le but d'éviter les crises qui pourraient entraver l'action du prochain gouvernement. Sur un autre plan, ma conviction est qu'il est temps que l'Union pour la Tunisie et le Front du salut se transforment en un front politique et électoral rassemblant la famille démocratique, avec toutes ses composantes», conclut-il.