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Les enseignements d'une pérégrination périlleuse
Opinions - Dialogue national


Par Oualid JAAFAR
«Patience est clé de délivrance» (Paroles du Prophète Mohamed)
Après une attente tumultueuse, la fumée blanche a été au rendez-vous, certes aux derniers instants de cette première phase décisive du Dialogue national, mais l'enjeu valait la chandelle car nous avons déjà notre futur chef du gouvernement. Cet évènement nous a permis aussi de mesurer l'importance de la Tunisie sur l'échiquier géostratégique mondial : un ouf de soulagement a retenti dans les principales capitales : Paris, Washington, Berlin se sont empressés pour féliciter Mehdi Jomâa et prendre acte de cette avancée.
Mais les péripéties et l'aboutissement des réunions marathoniennes et des tractations intrigantes n'ont pas été sans conséquences sur les équilibres des forces politiques et surtout sur la perception du citoyen tunisien de «la chose politique». Incontestablement, il y a les gagnants sous une forme ou une autre...et les perdants. Les faits d'armes des uns, et la confusion et les tergiversations des autres regorgent d'enseignements et ne demandent qu'à être épiés et projetés dans le prisme politique pour entrevoir les tendances dominantes de demain.
Le grand gagnant de cette quête laborieuse d'un homme providentiel pour La Kasbah est sans le moindre doute Ennahdha. Ce parti a fini par redorer son blason et par se remettre en selle pour les prochaines échéances politiques. Tout au long de cette première phase du Dialogue national, il a savamment évité de prendre les devants. Dés la première semaine du Dialogue, Ennahdha a annoncé clairement que tout candidat neutre était le bienvenu et ce indépendamment des soutiens initiaux dont il bénéficiait. On a cru même comprendre qu'Ennahdha n'avait pas d'objection concernant Mustapha Kamel Nabli, d'après des indiscrétions émanant de l'entourage de Hamadi Jébali. Mais Ennahdha savait, dès le départ, que le rancunier locataire de Carthage ferait barrage à cette candidature et il a donc évité intelligemment de polémiquer pour une proposition compromise d'avance. Ennahdha a fait de même pour la candidature de Abdelkérim Zbidi.
Faites vos jeux messieurs, Ennahdha acquiescera ! L'opposition avait tout pour elle : un constat d'échec pour le gouvernement Laârayedh, un président fortement compromis après la publication du Livre noir, et un Quartet piloté par l'Ugtt qui est équidistant des différents belligérants et qui pouvait faire preuve d'une certaine mansuétude à l'égard de l'opposition.
Le contexte international est aussi favorable, le bastion de l'Islam politique, la confrérie des Frères musulmans étant en perdition, cherchant à panser ses blessures, dans la résignation, après une confrontation sanglante avec l'homme fort d'Egypte, le Général Essissi
Mais voilà, l'opposition a fait étalage de ses limites, de son incohésion et de ses ego démesurés. Le Front du salut qui a entamé le Dialogue en présentant un semblant d'unisson s'est vite vu rattrapé par le syndrome des ego et des calculs politiciens. Et la palme d'or reviendrait certainement à Ahmed Nejib Chebbi, l'éternel gaffeur. C'est lui qui a défendu bec et ongles la candidature de Ahmed Mestiri à la primature, alors qu'on croyait ce dernier désistant, ouvrant ainsi un boulevard à Ennahdha. Du jour au lendemain, et mesurant à sa vraie ampleur la fissure au niveau du Front du salut, Ennahdha a décidé que Mestiri soit son unique candidat. Alors qu'on s'acheminait vers l'épilogue du Dialogue, les équilibres ont changé et Ennahdha a pris la main jusqu'à la fin de ce Dialogue. La manœuvre était subtile et Ennahdha soufflait le chaud et le froid tout en veillant à rappeler qu'elle était prête à faire des concessions. Caïd Essebsi, de son côté, s'est amusé, lui aussi, à jouer cavalier seul avec sa proposition saugrenue de haut conseil d'Etat. Une proposition qui vise à ôter à l'Assemblée nationale constituante tout pouvoir et à saper tout le projet du Quartet, soit un coup d'Etat institutionnel. Ennahdha ne voyait pas cette proposition d'un mauvais œil (sans pour autant la soutenir), car il s'agit d'un schéma où le partage du pouvoir avec Nida Tounès allait de facto être établi.
Quant au Front populaire, il se verrait attribuer le «Razzie Award» du Dialogue national. Souvent sous les pantoufles de Caïd Essebsi, Hamma Hammami n'a jamais eu une ligne directrice nette et claire. Entre suivisme et coups de gueule, il a fait montre d'une adolescence politique patente. Au lieu d'adopter une démarche intelligente qui s'interdirait toute perturbation des efforts de la centrale syndicale, étant donné la proximité naturelle entre l'Ugtt et le Front populaire, Hammami a ouvertement critiqué la démarche du Quartet, le taxant de «neutralité excessive». Le Front populaire a fini par prendre la décision de boycotter le Dialogue national pour ensuite se raviser et réviser cette décision... D'une volte-face à une autre, le Front est devenu imprévisible et erratique : irrationnel quand tu nous tiens !
Il est vraiment ahurissant de constater que le front de gauche tunisien devienne plus critique qu'Ennahdha à l'égard de l'Ugtt... Un précédent historique!
Le Front populaire a beaucoup perdu après cette première phase du Dialogue national, et le projet d'un parti de gauche, tant rêvé par les militants du Front, semble aujourd'hui et plus que jamais réellement menacé.
L'interrogation fondamentale demeure celle relative à l'appréciation de la conduite du Dialogue par l'Ugtt (principale composante du Quartet) et des impacts du dénouement final sur son image et son positionnement. D'aucuns considèrent qu'Ennahdha a réussi à neutraliser l'Ugtt avec subtilité en acceptant de prendre part au Dialogue national et en évitant officiellement d'entraver sa marche. Cette vision des choses est incomplète et n'évalue pas à leur juste mesure les bénéfices engrangés par la centrale syndicale suite à l'épilogue de la première phase du Dialogue national. D'abord, l'arrêt des hostilités de la part d'Ennahdha ne peut que profiter à la centrale syndicale qui mobiliserait ainsi toutes ses énergies et forces vives pour les prochaines phases politiques et socioéconomiques.
Paix des braves ou trêve tactique ? Seuls les prochains mois nous le diront. Toutefois, faire le raccourci hâtif et irréfléchi quant à une éventuelle indulgence de l'Ugtt à l'égard d'Ennahdha, c'est méconnaître les valeurs historiques de la centrale syndicale. Une Ugtt boniface est une supputation extravagante. La centrale syndicale demeurera certainement vigilante pour parer à toute dérive ou manœuvre menaçant les valeurs républicaines et les institutions de l'Etat.
Ensuite, l'Ugtt a renforcé son image de garant de l'intérêt du pays et de rassembleur. Elle a réussi là où beaucoup spéculaient sur son échec. Elle a réussi à bousculer les clivages politiques et a fait preuve d'une patience édifiante.
La centrale syndicale doit profiter de cet élan et de ce rayonnement pour enclencher un processus de réformes internes permettant d'introduire plus de jeunes et de femmes au niveau des structures décisionnelles et de se pencher sur certains dépassements et agissements malsains dont sont accusés certains responsables de structures intermédiaires. Ce sont ces moments d'histoire d'une organisation qui sont propices pour le changement. La Tunisie aura toujours besoin d'une Ugtt forte et décisive, et le rayonnement et la crédibilité de cette organisation dépendront de sa capacité d'ouverture et d'instauration d'une gouvernance saine à tous les échelons.
Wided Bouchamaoui a été aussi très en vue durant ce Dialogue national. Il semblerait qu'elle a joué un rôle décisif dans le dernier quart d'heure de cette première phase du Dialogue. W.Bouchamaoui a certes bénéficié de son réseau de relations et d'une appréciation positive de la part d'Ennahdha (une proximité existerait entre certains membres du clan Bouchamaoui et le parti islamiste), mais ces atouts n'ôtent en rien le caractère remarquable du rôle joué par la présidente de l'Utica. W.Bouchamaoui était ici et là, prêtant une véritable main forte à Houcine Abassi dans les moments difficiles et rappelant à ceux qui ne voulaient pas l'entendre, que l'économie était prise en otage par les caprices et stratagèmes politiques des différents belligérants.
Ce Dialogue national avait aussi son «bouffon», l'alliance démocratique qui, à force de vouloir adopter une démarche au parfum consensuel et à connotation dite constructive, a fini par tomber dans les travers du vouloir-plaire à tout le monde. Qui n'a pas gaussé de ce bizarre double vote lors du Dialogue national ? Au lieu de soutenir son candidat ou s'abstenir, l'Alliance démocratique a inventé un double vote infantile soutenant ainsi simultanément Mestiri et Ennaceur...pour maintenir l'équilibre...Bravo messieurs les funambules !
Et puis les ténors de ce parti, n'ont pas cessé de multiplier les déclarations et les sorties médiatiques à volonté. «Show must go on», c'était la devise de l'Alliance démocratique. Qui a oublié cette sortie hasardeuse et farfelue de Nejla Bouriel annonçant le choix de Jalloul Ayed comme chef du gouvernement ? La douche écossaise était immédiate. Ben Gharbia, Baroudi et compagnie, gagnez en maturité s'il vous plait, ne confondez pas impétuosité et imprudence et surtout n'oubliez pas qu'à force de quêter le consensus, vous pouvez être dans l'aliénation joyeuse.
Entre des participants auréolés et d'autres discrédités, sans parler de ceux pour qui rien n'est finalement à signaler, la Tunisie tient avec frémissement son prochain chef de gouvernement.
Sans doute, Ennahdha est conscient que son bilan au pouvoir est catastrophique; mensonges et balivernes n'ont été que source d'opprobre pour le parti. En acceptant la main tendue de l'Ugtt, et en anticipant le désordre désormais ambiant au niveau de l'opposition, il a voulu sauver les meubles.
Maintenant, Ennahdha est perçu dans une position qui était au-delà de ses espérances, et il peut envisager l'avenir avec plus de sérénité. Stratégie, coup de poker ou concours de circonstances favorables ?... Cela importe peu. Ennahdha a réussi à renverser la vapeur. Certes, la messe n'est pas définitivement dite, mais la tendance n'est pas trompeuse.
Un homme providentiel manquait certainement à l'opposition... Qui a tué Chokri Belaïd ?


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