Par Dr Rejeb Haji « ... Toutes les puissances de l'argent, l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine et l'argent qui nourrit jusqu'à la conscience des hommes » François Mitterrand (Congrès d'Epinay, juin 1971.) Aucun doute sur les activités occultes de certaines associations puisque, même déclarées, elles ne se conforment pas à leur statut. Le nombre des partis dépasse les 150, les associations 16.000 dont 5.034 non autorisées, seulement 45 associations ont remis un rapport financier. Après les scandales de l'envoi de nos jeunes combattre dans des terres qui ne sont pas les leurs et pour des objectifs qu'ils ne se sont pas appropriés, la situation devient intenable, même le planning familial est remis en question. Le lavage de cerveau et la promesse du lendemain qui chante deviennent monnaie courante pour une bagatelle somme d'argent, pour un espoir souvent déçu et pour une mort certaine. Les doutes sont permis sur les activités d'un certain nombre de sociétés souvent financées de l'extérieur et la vérité devient dans ce domaine indéchiffrable. Tous, ensemble, nous devons être mobilisés et les partis légaux doivent donner l'exemple en publiant l'origine de leur financement. Il faut un élan considérable pour changer la situation. Il faut une adhésion forte et massive de tout le monde : parents, société civile et gouvernement. Le citoyen se lasse de ces campagnes de communication populistes poussées à l'extrême. Ce sont en fait les présentateurs de télévision qui font et défont la politique à leur guise. Leurs invités sont triés, répondant à des critères de conformité avec les options de la chaîne, c'est-à-dire du pouvoir de l'argent qui les sous-tend. Des nouveaux venus à la politique qui n'ont pas l'habitude d'être là, faisant souvent fi de l'intérêt national, palabrent à longueur de journée de tout et de rien. Mieux encore, ils s'approprient la révolution et parlent au nom du peuple, alors qu'ils ne représentent qu'un millier de partisans souvent égarés dans leurs choix. Un gouvernement transitoire, qui se veut maître à bord, massacre dans son dernier budget le citoyen. Il augmente les impôts. Il alourdit le déficit revu, à chaque évaluation, à la hausse. Il accentue encore la progression de la dette devenant de plus en plus vertigineuse. La situation est chaotique à un point tel que le premier des banquiers, le professeur Ayari, déclare récemment qu'il «ne comprend plus ce qui se passe dans le pays » et d'ajouter qu'il ne savait plus « quoi dire aux institutions internationales qui attendent un signal fort de confiance ». Il est vrai que notre société a été éclaboussée par l'intermédiation occulte et le recel des épargnes de petites gens. Ajouter à cela le doute qui s'installe à propos de nouveaux venus d'ailleurs qui ne sont pas là pour servir mais pour se servir. Par les politiques suivies jusqu'alors, tous les secteurs sont aux abois. Pourtant, en période de crise, les talents se révèlent pour baliser les chemins et donner de la visibilité dans les intentions et dans les actes. Puisse-il en être ainsi avec le nouveau gouvernement qui mettrait le pays en mouvement, en réveillant une économie à l'arrêt avec des résultats calamiteux. Malgré les alertes, la colère gronde de plus en plus et tout le monde attend son lot de la croissance qui ne vient pas. Ce ne sont pas les quelques projets d'infrastructure en continuation qui ont éclairé l'horizon. L'effort gigantesque de tout gouvernement est de doter le pays de l'infrastructure nécessaire à son développement économique et social. Or, cela ne dépend pas seulement de la capacité de réalisation des entreprises travaillant dans le secteur public et que l'Etat ne cesse de soutenir et d'encourager, mais aussi, et dans une certaine mesure, de la rapidité et de l'efficacité avec lesquelles les autorités, à l'échelon central ou régional interviennent. En plus d'une meilleure préparation des dossiers et d'un allègement de passation des marchés, il faut décongestionner l'Administration centrale et non l'alourdir par des militants d'un parti quel qu'il soit. Il faut accroître les attributions et les prérogatives des cadres régionaux dans le domaine de la définition des projets, de la réalisation des études techniques, de l'exécution et du suivi des travaux de réalisation. Ces projets devraient être inscrits dans un plan de développement économique et social d'un horizon de cinq ans, comme on avait l'habitude de le faire et qu'il faut relancer au plus vite. Issus d'un consensus de toutes les forces vives du pays et traçant les priorités par région, les budgets ne seraient plus orphelins. Quant aux réalisations actuelles, il suffit de jeter un œil sur les prêts et l'utilisation de leur montant dans l'infrastructure. Ils sont tous peu créateurs d'emplois et à la limite peu rentables. Il aurait fallu aller plus loin, en destinant ces autoroutes à relier les pays voisins, ce qui aurait pu s'expliquer économiquement. A titre indicatif les chiffres cités par le responsable des autoroutes fait passer le froid dans le dos. Ci-joint une série de projets et de leurs coûts: Quant aux autoroutes Tunis-Bizerte et Tunis-Béjà, «ils sont jugés actuellement peu rentables». Ces projets en continuation sont inscrits dans les budgets d'équipement de l'Etat. Ils sont financés par les contribuables. Mais une autre voie d'un financement illicite qui échappe à toute quantification est désormais celle de l'économie parallèle. Avec toutes ses composantes que nous avons déjà identifiées (Revue des sciences sociales N°82/83-1985), elle contribue à son tour à la dégradation de l'image du pays. Le blanchiment d'argent y participe pour une grande part. Des personnes politiquement exposées, nous révèle une représentante de la BCT, sont au fait de ces mouvements. Les décisions de déclarations suspectes recensées au nombre de deux cent quarante-neuf et déposées par les banques et les assurances devraient être connues. Même celles transférées à la justice ou encore le gel des avoirs doivent être rendus publics. Si plus de la moitié des 1000 dossiers de soupçons concernent les acolytes du président déchu, on aimerait savoir les autres et leur appartenance politique.Ce sont des informations beaucoup plus crédibles que ce « livre noir » aux connotations de règlement de comptes avec le passé et de populisme exacerbé pour un futur non encore immédiat. Le passé, on peut toujours le réécrire mais à ses frais et non à ceux du contribuable. Il faut laisser en plus le temps au temps. Le ministre chargé de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, qui intervenait à l'ouverture d'un séminaire, nous apporte de bonnes nouvelles, celles des projets de loi qui sont, actuellement, en cours d'élaboration, dans le cadre de la stratégie de lutte contre la corruption. Ils concernent, nous annonce-t-il, plusieurs domaines : celui de la protection des dénonciateurs de la corruption ; de l'actualisation de la liste des crimes relatifs à la corruption; de la criminalisation du gain illégal ; de la réforme de la structure du contrôle...Par ailleurs, le ministre n'a pas nié la possibilité qu'un certain nombre d'associations, voire de partis, soient financés, dans le cadre d'actions de blanchiment d'argent. Il a justifié ceci par le fait que ces entités gèrent des sommes énormes d'argent et dépensent généreusement même dans leurs actions quotidiennes. Le nombre de séminaires et de tables rondes a connu, il est vrai, une floraison, sans oublier les invitations à l'étranger et d'autres missions demeurées dans l'ombre. La vérité dans ce domaine comme dans d'autres liés à la vie du citoyen demeure indéchiffrable. Un pays comme le nôtre, miné par les tensions sociales et surtout politiques, est largement dépendant de l'extérieur. A faible valeur ajoutée et à peu de ressources naturelles, les sept semaines de transactions à la recherche d'un messie et le ballet diplomatique prouvent, si besoin est, notre faiblesse à résoudre nos divergences par nous-mêmes. D'autres échéances plus épineuses nous attendent. Faut-il encore faire appel à ces missionnaires pour un plan de sauvetage de l'économie ? Pourquoi ne pas les impliquer à contacter les créanciers auxquels le budget 2014 réserve de grosses sommes et les amener à retarder les échéances des crédits afin de renflouer les caisses de l'Etat ? Ils ont réussi à nous dicter une conduite en politique pour que la montagne accouche, pourquoi ne pas les impliquer à nous sortir de la crise économique. Il suffit qu'ils souscrivent à leurs engagements et à leurs promesses faites à l'aune de la révolution ! Retirer de l'argent par la loi de ceux qui possèdent un joli magot, demander des contributions exceptionnelles aux monopoles, chercher le financement tous azimuts pour financer ce budget mal préparé, le nouveau chef du gouvernement a du pain sur la planche! Avec son équipe, il lui faut donner des signes forts pour améliorer l'attractivité du pays par des projets ciblés préalablement financés. Il doit garantir son indépendance par la transparence de ses actes. Il s'attendra alors au retour de la confiance et trouvera auprès du citoyen le soutien nécessaire ! Il faut lui souhaiter bon vent !