Autant ils appellent aux changements, autant ils consacrent le statu quo... On ne voit qu'eux, on n'entend qu'eux. Ils se plaignent de tout et de tous : du manque d'argent, des arbitres, des journalistes, de la Ligue, de la fédération et des lois qui régissent notre football. Pourtant, ils continuent de dépenser ce qu'ils n'ont pas, recrutent à tort et à travers, mastiquent et rejettent les entraîneurs comme de vulgaires chewing-gum, multiplient les déclarations incendiaires, s'attaquent aux journalistes, ignorent royalement la Ligue et font pression sur une fédération complice. La réforme d'un football malade de ses lois, de ses institutions et de ses clubs, ça peut attendre les calendes grecques. Entretemps, la fédération profite de cette gabegie pour faire son petit commerce, pour se réunir et rendre compte à elle-même dans un huis clos surréaliste. Comme elle profite au passage de se «couvrir» en faisant appel à quelques figures emblématiques de notre football, dépassés par les événements, auxquels on demandera leur avis consultatif sur le nouveau sélectionneur national pour mieux faire passer les décisions d'une poignée de membres et de Youssef Zouaoui. Une bande qui continue à faire main basse sur notre football et sur notre équipe nationale avec les résultats et les dégâts qu'on sait. Encore deux bonnes années à subir. Provocateur et cynique à la fois, Wady Al Jary déclarera même récemment dans une télévision : «Si les clubs et leurs présidents ne sont pas contents ou qu'ils ne sont pas d'accord avec ma politique, ils auraient pu provoquer une assemblée générale extraordinaire pour changer le bureau fédéral et les lois qui régissent notre football». Or, ils ne le font pas, et le bureau fédéral a toujours «joué» sur leur silence et même sur leur complicité pour continuer à sévir. Une sorte d'échange de bons procédés qui arrange tout le monde. «Avec votre silence, vous nous permettez de nous maintenir ; en contrepartie, on vous rend de menus services». Les menus services, ce sont des joueurs et des techniciens impayés, des jeunes à la rue, des arbitres et des journalistes sous pression, des recrutements sauvages, et ce, en dépit de l'énorme contentieux financier, et quelques libertés qui permettent justement à toute cette «confrérie» de tout mettre sur le dos des arbitres et des journalistes. Tout le monde dit ne plus être d'accord avec ce «professionnalisme sauvage» qui lui a été imposé, mais personne ne fait quelque chose pour le changer. Car, le changer veut dire des clubs qui disent tout sur leurs bilans et une fédération qui assure ses responsabilités et applique les lois. Ceci, sachant que la Ligue est impuissante parce que manquant de prérogatives et réduite à être une caisse d'un petit supermarché. Pourtant, avec la crise dramatique qui secoue et ébranle les fondements même de notre football (soit les clubs), il était urgent que les présidents des clubs fassent une pause, convoquent une assemblée générale extraordinaire, retirent la confiance à l'actuel bureau, proposent et établissent de nouvelles lois pour notre football, et repartent sur des bases plus solides. Mais on sait qu'en dépit des apparences, des déclarations de bonnes intentions et de tout le cinéma qu'ils nous font, les changements n'arrangent pas l'actuel establishment, parce qu'ils sont de nature à mettre à nu leurs grands et petits commerces. Quelle meilleure preuve que ce mini-sondage effectué par une télévision locale auprès de certains présidents de club qui se sont tous plaints de l'actuelle situation avec personne qui fait une réelle proposition ou met en cause l'actuel bureau fédéral! Entretemps, on continuera à jouer sur des pelouses infâmes, les clubs seront totalement ou partiellement interdits pour les supporters, les présidents de clubs continueront à crier famine, mais à casser leurs tire-lire, la fédération continuera à faire son petit commerce et à faire du tort à notre football et à l'équipe nationale, et tout ce beau monde à tirer à boulets rouges sur les arbitres et les journalistes et notre compétition à battre des records négatifs. Entretemps aussi, Espérance et Club Africain continuent à brader des milliards, alors que d'autres grands clubs, croulent sous les dettes (ESS) et menacent même de disparaître de l'élite (Stade Tunisien). Présidents de clubs, fédération et Ligue, il est beau votre football, encore un petit coup, encore un petit effort et il n'y aura plus rien !