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Tunisie 2014 : la chute réversible de notre économie
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 01 - 2014


Par Mourad GUELLATY
«La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute» (Confucius)
Notre économie s'est installée, dès le lendemain des évènements de 2011, dans un drôle de pétrin.
Au début, nous pensions qu'il s'agissait de l'effet de l'ouverture des vannes de la liberté et que cela n'était que le contrecoup d'une euphorie excessive mais passagère.
Puis, chemin faisant, nous nous sommes installés, du fait de tous, dans une sorte de brume infâme qui se perpétue alors que notre économie se consume et que l'horizon s'épaissit chaque jour un peu plus.
Nous sommes tous responsables, tous critiquables et tous coupables, de cette situation délétère. Le dire c'est faire le constat d'une triste et indiscutable réalité, dont nous devons prendre conscience, que si par malheur elle se perpétuait elle pourrait nous engloutir tous.
Mais faire le bilan n'est pas une fin en soi, c'est la prise de conscience qui en découle qui pourrait nous permettre de nous redresser ensemble, oublier un moment nos appétits individuels voraces et nous réunir pour sauver notre économie cernée de toutes parts.
Cette dernière est, en effet, ballottée par les vents contraires de la violence verbale et physique, quelle soit individuelle ou organisée, de l'instabilité politique, des querelles partisanes et des concours d'egos inhabituels dans une nation qui regorge d'intellectuels, de savants humanistes et de citoyens ordinaires, autrefois cités en exemple d'un pays où il fait bon vivre, séjourner et s'accomplir.
Discourir sur la chute de notre économie, c'est faire preuve de mauvais goût tellement ce sujet a été décrit, analysé et débattu sur tous les espaces médiatiques.
Par contre, traiter de la possibilité de mettre un terme à ce fléau et dessiner les chemins d'une nouvelle croissance inclusive et à deux chiffres ne serait pas l'expression d'un optimisme de mauvais aloi, à condition bien sûr que des conditions existent pour cela.
Ces dernières, tout le monde les connaît, nous n'allons pas y revenir, mais seulement les citer : ramener l'ordre, asseoir les institutions, obtenir quoi qu'il en coûte un large consensus social autour de la démarche du nouveau gouvernement et rassurer, par un discours de vérité, mais emprunt de volontarisme, nos partenaires internationaux.
Il existe cinq axes d'intervention prioritaires pour renflouer notre économie, la redéployer et la rendre apte à prospérer :
1. Faire la paix des braves entre les composantes de la société nationale
«A quoi sert de se quereller quand le raccommodement est impossible ? Le plaisir des disputes, c'est de faire la paix» (Alfred de Musset).
Le chef du gouvernement désigné, M. Mehdi Jomâa, ne pourra pas sortir, d'un coup de baguette magique, le pays d'une situation extrêmement fragile à tous égards, d'ailleurs, il a bien dit qu'il n'est pas un faiseur de miracles, et il a bien raison.
Certes, il dispose d'un préjugé favorable auprès de nombreux acteurs de la vie politique, et même des citoyens tunisiens.
Mais nous savons bien que cela ne dure qu'un temps et qu'il sera confronté à l'impatience, au doute et en fin de compte à l'hostilité du peuple, si les résultats attendus n'arrivent pas rapidement.
Il ne pourra réussir que si le consensus national qui s'est créé autour de son nom se poursuit et est renforcé fortement, tout au moins, ne demandons pas la lune, durant une période raisonnable, pour lui permettre de commencer à cueillir les premiers fruits de sa politique.
Tous les Tunisiens, sans exception, devraient lui tendre la main, s'ils veulent que notre pays retrouve confiance en ses dirigeants et en lui-même.
La Tunisie y gagnera et la classe politique, dévalorisée par des chamailleries contre-productives, retrouvera des couleurs à condition qu'elle fasse preuve d'un grand sens du sacrifice et soutienne sans équivoque le nouveau gouvernement pendant une certaine période, sans que cela puisse mettre un terme à son pouvoir de proposition qui remplacerait ainsi les critiques acerbes qui ne font qu'attiser le feu dont on ne veut plus.
Qu'elle lui donne le préjugé favorable, non pas pour une semaine ou deux, mais pour bien plus, pour que ce gouvernement puisse travailler dans la durée.
Nos parlementaires, nos élites, nos médias, sans que cela puisse être une atteinte à leur libre parole, pourraient y gagner beaucoup, s'ils se montrent tout au moins pendant, disons le, les cent premiers jours, des partenaires du gouvernement et des forces de proposition et non des critiques tous azimuts.
Cela donnerait un signal fort à tous les Tunisiens, et aux semeurs de violence venus de partout, qu'il existe un peuple uni sur les fondamentaux et qui n'aspire qu'à une sortie de crise, à laquelle il contribuera par un surcroît de patience et de sacrifice.
Il se produira, si cette paix des braves s'installe, un intérêt positif pour la Tunisie.
Notre pays aux yeux de nos partenaires étrangers a toujours eu une cote d'amour, qui s'est effritée, mais pas totalement disparue.
Le monde n'attend qu'un signal positif pour revenir vers nous.
Il faudrait, dans l'immédiat et si ce choc de confiance se produisait, dès les premiers jours du nouveau gouvernement, établir une feuille de route, dédiée à des projets structurels, et entamer les autres actions urgentes dont la conception et la mise en œuvre ne nécessitent pas de longs délais.
2. Etablir une cartographie des projets d'infrastructures
Nous avons un grand besoin de partenaires étrangers, pour remonter la pente qui doit nous conduire à des niveaux d'indicateurs économiques satisfaisants.
Nos problèmes, qui se sont multipliés au cours des trois dernières années, ont aggravé la situation de l'emploi, principalement des jeunes, ceux qui arrivent sur un marché du travail qui leur tourne le dos, et détérioré notre infrastructure, peu égalitaire et peu performante depuis longtemps.
Note pays souffre d'une inégalité sociale flagrante et d'une inégalité régionale regrettable, qui conduisent les habitants des régions défavorisées à «s'exiler» soit dans leur propre pays à Tunis, où ils viennent surcharger les rangs du «lumpenprolétariat» ou à s'aventurer en dehors de nos frontières au risque de leur vie.
Chaque année, plus de quatre vingt mille nouveaux demandeurs d'emplois dont une grande partie sont des titulaires de diplômes universitaires viennent s'ajouter à la grande masse de leurs prédécesseurs.
Il faudrait que notre croissance économique dépasse les 5% pour satisfaire ces nouvelles arrivées, en supposant que la priorité leur soit donnée, ce qui serait ni juste, ni opportun.
En conséquence, pour absorber le million de chômeurs qui hantent nos villes et nos campagnes, il faudrait que notre croissance soit à deux chiffres, pour réduire à l'horizon 2020, notre chômage structurel.
La Banque africaine de développement considère que le déficit en infrastructures coûte aux pays du continent 4% de croissance annuelle en moyenne.
Elle a accordé aux pays africains la priorité afin de leur permettre de combler le fossé qui les sépare de leur déficit infrastructurel. Pour faire simple, investir dans les infrastructures, à des niveaux compatibles avec les besoins, donnerait un surcroît de croissance, soit plus d'opportunités d'emplois, mais résoudrait également les inégalités régionales qui sévissent dans notre pays, celui de Tunis et les régions sahéliennes d'un côté et les régions du Nord-Est et du Centre de l'autre.
De plus, l'investissement dans les infrastructures, principalement routières, est incontournable, et un préalable avant d'autres réalisations locales de même nature car il donne un rendement immédiat et significatif en termes d'emplois, ce qui permet de fixer les populations dans leurs régions, d'éviter l'exode rural massif et de pacifier les esprits.
Une carte géographique des investissements infrastructurels routiers et autres devrait être élaborée, avec le concours des représentants nationaux et locaux des organisations syndicales, patronales et des représentants de l'administration et de la société civile.
De telle sorte que parallèlement, les investisseurs potentiels aient une information complète et pourraient, à l'avance, programmer leurs propres projets sur la base de cette cartographie des infrastructures, qui serait accompagnée d'un calendrier d'achèvement.
Une telle cartographie ferait partie de celle plus exhaustive de l'ensemble du pays avec les caractéristiques des différentes régions, leurs spécificités, les activités qui y sont menées actuellement, les principales sociétés étrangères qui y sont implantées, la qualité de leur main-d'œuvre, etc. toutes sortes d'indications qui peuvent concourir à intéresser des investisseurs étrangers.
Et surtout qu'on ne nous dise pas que nous préconisons des solutions qui favorisent l'implantation des étrangers.
Qu'on le veuille ou pas, notre situation économique est déplorable, et nous vivons une ère de globalisation, dans laquelle seuls les pays qui font preuve de pragmatisme dans leurs démarches surnagent.
En conséquence, nous devons accepter, surtout dans un premier temps, la collaboration de partenaires internationaux pour des cofinancements et pour avancer dans la voie du développement durable.
3. Redéployer notre économie
Quand, pour une cause ou une autre, une construction prend feu ou s'effondre, généralement les maîtres des lieux, une fois le moment d'émotion passé, s'ingénient à la remettre en état.
Souvent, la remise en état ne se fait pas à l'identique, hors les cas limités, des demeures historiques ou à valeurs architecturales non sujettes à des transformations.
Les maîtres de céans font contre mauvaise fortune bon cœur, et introduisent à leur édifice des aménagements, parfois des transformations radicales, qu'ils n'auraient pas eu le courage de mettre en œuvre en temps normal.
C'est exactement pareil pour notre pays.
Certes la Tunisie n'est pas en ruine, et son économie qui vacille sous les coups de boutoir des vents contraires, reste globalement résiliente par rapport à ce qu'elle était en 2010, année de référence.
Mais elle n'est pas non plus très vaillante, et trébuche dans de nombreux domaines.
Pour faire court, elle mérite que sa remise en état, s'accompagne de transformations, afin que cette étape soit la première de son envol, qui devrait la faire parvenir à réaliser des taux de croissance à deux chiffres.
Prenons l'exemple de notre tourisme, dont on parle tant car il est un secteur exportateur, générateur de devises, ce qui n'est pas désavantageux pour notre balance des paiements, et employant bon an mal an 400.000 personnes, ce qui n'est pas négligeable.
Hormis cet aspect, notre tourisme est hors de son temps, c'est un secteur à faible valeur ajoutée, saisonnier, donc à services critiquables, et n'offrant pas de fortes retombées positives sur d'autres activités, comme celle de l'artisanat par exemple.
Le tourisme dont on parle tant a une contribution dans le PIB national plafonnant depuis quelques années à 7%, pas négligeable, mais égale à celle du secteur des technologies de l'information et de la communication, TIC, ces derniers enregistrant bon an mal an des progressions à deux chiffres.
Le tourisme qui est un employeur aussi important que notre modeste agriculture, fait moins bien qu'elle en termes de part dans le PIB (7% vs 10 à 11%).
Cela signifierait-il qu'il faille oublier le tourisme et doper les TIC ? Non bien évidemment !
Il faudrait que nous nous redéployions pour répondre aux exigences des temps nouveaux.
A titre d'exemple, puisque le tourisme du soleil et du sable est suranné, concevons un tourisme multiforme qui tienne compte des nombreux avantages de notre pays, riche en sites archéologiques et historiques, disposant d'une douceur de climat et de ressources humaines qui lui permettent de multiplier les services golfiques, la thalassothérapie, la chirurgie esthétique, etc.
Et surtout un tourisme qui valorise nos régions, les fasse connaître, en s'y implantant, dès lors qu'elles seront en mesure d'offrir un accueil de qualité, et qui redimensionne la taille des unités hôtelières, trop grandes, trop luxueuses, trop coûteuses, pour être rentables.
Avec de surcroît, une activité de quelques mois dans l'année, et un service forcément bas de gamme, elles ne sont, pour le moment, ni attractives ni compétitives.
Il nous faudrait, des unités mieux dimensionnées, à la tête desquelles il y aurait de vrais professionnels du métier et non des promoteurs immobiliers et des financiers, dont l'objectif principal est le retour sur l'investissement initial, puis «vogue la galère».
Revenons aux TIC, c'est dans ces créneaux d'avenir que nous devons poursuivre notre redéploiement économique.
Dans ce domaine porteur, la Tunisie avait bien débuté il y a quelques années, grâce à notre richesse en compétences humaines.
Aujourd'hui, d'autres pays qui nous ressemblent pourtant, soit par la location géographique, soit par la taille, sont en train de s'échapper en réalisant des performances supérieures, à l'instar des pays nordiques, de la très petite Estonie, qui fonce dans ce domaine, et du Maroc, désormais en tête du leadership maghrébin.
Nous avons pourtant les talents humains pour percer à l'échelle du continent africain, à condition que ce secteur bénéficie à l'avenir de plus de sollicitude de nos futurs dirigeants, dont l'une des priorités devrait être la mise en route des grands projets qui attendent, principalement le e-gouv, le e-tourisme et le e-santé.
Et prolonger cette démarche, en faisant de l'innovation tous azimuts une cause nationale, tout comme la productivité technologique, secteur dans lequel la Tunisie jouait, en Afrique, les tout premiers rôles, il y a à peine trois ans.
Ce sont des secteurs à notre portée, car ils nécessitent, pour leur épanouissement, une matière première richement répandue dans notre pays : l'élément humain.
4. Mettre en œuvre un programme de formation professionnelle
Il s'agit d'un axe de développement qui est, comme les précédents, à rendement rapide. La réforme de l'éducation nationale est structurante et incontournable, mais ses résultats se mesurent à l'aune d'une génération.
Cette réforme pourrait être redessinée, passée aux cribles des institutions compétentes et entamée, mais il ne faudrait pas en attendre des résultats à courte échéance.
La formation professionnelle peut, elle, donner des résultats tangibles au bout d'une année, voire dans certaines spécialités en quelques mois. Il est important de procéder en association avec des organismes spécialisés à des formations et des recyclages intensifs sur des périodes modestes pour ouvrir la voie à une contribution nationale rapide et à plus forte valeur ajoutée.
Ce qui manque le plus dans notre pays, ce ne sont pas les cadres de haut niveau. Il en existe partout, au contraire des agents de maîtrise et des ouvriers qualifiés et spécialisés.
C'est cette dernière tranche de notre population dont il faudrait relever le niveau de la contribution, par des séances ciblées, d'accompagnement et de valorisation des niveaux de compétence.
5. Propulser la coopération internationale
Ceux qui s'imaginent que nous sommes très bien dans notre territoire national, et que nous n'avons pas besoin ni du FMI, ni des marchés financiers, se trompent d'époque.
Nous avons au contraire besoin de multiplier les contributions et les associations avec les institutions étrangères, qui respectent les lois et règlements nationaux et internationaux.
Nous vivons dans un monde interconnecté, mondialisé et terriblement concurrentiel, dans lequel nous ne pouvons pas affronter la concurrence, avec la hargne en berne, et sans la fleur au fusil.
Nous avons besoin de toutes les compétences et toutes les contributions pour remonter la pente raide de la dégradation de notre note souveraine et de celle des banques de la place. Et nous nous devons d'ouvrir notre marché financier aux fonds d'investissement étrangers pour le dynamiser et offrir une alternative particulièrement utile au développement de nos entreprises, encore trop dépendantes des concours bancaires.
Pour cela la coopération internationale bilatérale ou multilatérale devra être réévaluée et revalorisée.
Nous devons, à cet égard, consacrer plus de moyens pour des mises en relations interrégionales, avec les pays africains, nos amis.
Nous perdons plus de trois points de croissance, du fait de l'absence d'échanges interrégionaux, alors que l'Afrique est notre continent, notre espoir et notre futur.
Parallèlement, nos échanges massifs avec l'Europe voisine, doivent être confortés, sinon accentués, avec si possible un basculement progressif en notre faveur du ratio import - export.
Le problème du financement des mesures structurelles de mise en œuvre immédiate
Toutes ces mesures à effet immédiat, qui n'incluent pas d'autres d'une même importance stratégique, mais dont les rendements sont à plus lointaine échéance, comme la réduction de notre déficit énergétique, la refonte de notre agriculture émiettée, celles de notre éducation et de l'innovation dans toutes ses composantes... nécessitent un financement dont on ne voit pas, a priori, d'où il pourrait venir, quand on connaît l'état actuel de nos finances publiques.
Justement, ce financement pourrait provenir de plusieurs sources et en premier lieu, de la mise en œuvre d'une politique d'une intransigeance absolue à l'encontre de l'économie parallèle et des circuits maffieux, qui ne cessent de prospérer à l'ombre du désordre institutionnel ambiant.
L'importance des circuits parallèles dépasse très vraisemblablement les estimations les plus mesurées de 30% du produit intérieur brut. Que d'argent perdu, chaque année, pour les caisses de l'Etat !
Le financement des infrastructures de base pourrait provenir du recours aux concessions, ce qui est une pratique courante en la matière, à savoir que le concessionnaire supporte les coûts des travaux puis pendant une période donnée, quand l'œuvre est achevée et que l'exploitation commence, bénéficie dans des conditions à déterminer en avance avec le donneur d'ordre, de tout ou partie des recettes réalisées.
Cela pourrait provenir également de la communauté internationale, qui, dès lors qu'elle verra le calme revenir dans la petite Tunisie, que l'activité a repris son bonhomme de chemin et les premiers résultats s'afficher dans le positif, n'hésitera pas à apporter son concours à un pays redevenu bancable.
Les pays du G8 réunis en 2011 à Deauville avaient promis d'octroyer à la Tunisie entre 15 et 25 milliards de $ sur une période de cinq années, n'est-ce pas ? C'est beaucoup d'argent qui pourrait nous revenir si nous nous achetons une conduite et apparaissons de nouveau fréquentables à leurs yeux.
Conclusion
Nous venons de proposer des actions prioritaires, qui peuvent d'ores et déjà être préparées, même par un gouvernement transitoire.
Ce sont celles qui vont paver le chemin à toutes les autres : celles de la productivité du secteur agricole, de l'éducation, de l'innovation, du financement des PME, de l'amélioration de la valeur ajoutée de nos produits, du soutien à l'économie de la connaissance, de celui au partenariat public privé, etc.
Pour ces dernières, il faudra un programme économique d'envergure, à l'horizon d'une décennie au moins, et dont la préparation pourrait prendre un peu plus de temps.
Dans l'immédiat, nous n'avons pas de temps à gaspiller, et il nous faudra avancer vite («Avançons sur notre route car elle n'existe que par notre marche», Saint Augustin).
Le nouveau gouvernement comprendra des ministres totalement dédiés à leurs tâches. A l'instar du premier d'entre eux, ils vont renoncer à des situations enviables, et à des revenus alléchants, pour une tâche passionnante, et un enjeu d'enthousiasme, celui de redresser le pays.
Il faudra que nous tous leur donnions leur chance et contribuons à leur offrir soutien et confiance.
Ils devront donner le meilleur d'eux-mêmes, et surtout tenir un langage de vérité, pour convaincre et vaincre.
Vaincre ! Voici le maître-mot que nous avons oublié d'utiliser tant il nous paraissait d'un emploi improbable.
Vaincre les éternels indécis, les dubitatifs chroniques, les spectateurs immobiles et sceptiques de toute action qui s'engage.
Vaincre les atermoiements, les plaintes et les murmures, pour une seule cause qui vaille : l'amour de l'autre, l'amour des autres, de son pays, de ses concitoyens et le respect de soi.


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