Des bijoux non conformes aux normes, provenant illégalement de pays voisins, présentent un réel risque d'arnaque pour les Tunisiens A l'heure où l'or devient inaccessible pour le Tunisien à revenus moyens, d'autres accessoires — tout aussi impressionnants — sont en vogue, apaisant ainsi une frustration de paillettes et de mégalomanie. Des bijoux en plaqué or, en argent platiné ou encore à l'ancienne, qui doivent leur résurrection aux sagas turques, argent monté de chichkhane (poussière de diamant), sont vendus comme des petits pains. Grâce à des fournisseurs étrangers qui proposent — non sans intelligence ni ruse — des produits prisés par la gent féminine, les ladies parviennent à se mettre en valeur par des accessoires à des prix raisonnables et non plus à des sommes colossales. Du Bvulgari au madailloune Dans un centre commercial de Tunis, une poignée de boutiques se spécialisent, ces quelques dernières années, dans la vente de ces produits. D'après Saïf, un jeune commerçant, la mode des bijoux en plaqué or et en argent remonte à seulement trois ans. Elle est alimentée par la hausse du prix de l'or, qui se situe actuellement à 70 DT le gramme, et à la baisse du pouvoir d'achat. Aussi, du faux parfaitement identique au vrai risque-t-il de semer la confusion auprès des meilleurs experts. Des parures à la mode, des bijoux inspirés du patrimoine (rihana, lira, tarchoun, khomsa ) ainsi que des modèles d'antan (comme le médaillon appelé par les seniors madailloune, les bracelets dits ahssira...) séduisent les plus exigeantes. Des modèles authentiques et autres de marques internationales comme le modèle Bvulgari sont disponibles sur des catalogues que procurent les fournisseurs internationaux. Ces fournisseurs qui usent d'un savoir-faire et d'un esprit de marketing, nécessaires au développement de leur industrie, sont de surcroît ouverts aux propositions des commerçants pour la fabrication d'autres modèles. «Chaque catégorie de bijoux dispose d'un cachet bien déterminé. La majorité des produits proviennent du marché international. Le plaqué or et l'argent platiné nous sont livrés par des fournisseurs japonais, chinois et français. Les produits made in France sont, toutefois, de meilleure qualité que les autres. Ils ne perdent leur brillance et leur couleur que lorsqu'ils sont au contact de l'eau de Javel», explique notre commerçant. Les mariées s'y mettent aussi Le plaqué or semble dépasser sa seule vocation d'objet de caprice pour représenter la solution à la dot de la mariée. Mabrouk, un autre commerçant, avoue recevoir fréquemment de futurs mariés à revenus moyens, qui préfèrent suivre la voie de la raison en choisissant, parmi la panoplie de bijoux en plaqué or, les parures qui feront la dot de la mariée. «La plupart des jeunes optent pour de fines parures ou séries en plaqué or. D'autres préfèrent, par contre, les bijoux en argent platiné et donc recouverts d'une couche d'or blanc. L'argent reste tout de même un métal précieux et d'une valeur impérissable», souligne-t-il. Un avis que partage Saïf, mais à une différence près. Selon lui, certaines futures mariées achètent et des parures en or et des parures en plaqué or. Ces dernières étant plus pratiques et moins risquées à porter au quotidien. Par ailleurs, certains clients avisés craignent d'être bafoués en voulant acquérir des bijoux en or. «Des bijoux non conformes aux normes, provenant illégalement de pays voisins comme l'Algérie ou la Libye, présentent un réel risque d'arnaque pour les Tunisiens», ajoute-t-il. Comme à la télé Outre le plaqué or, des bijoux en argent, couverts d'une fine couche de cuivre et montés de poussière de diamant et de pierres semi-précieuses et d'imitation, s'affichent en vedette dans les vitrines, rappelant ainsi les bijoux admirés au quotidien dans les sagas turques. Ils s'avèrent être les parfaites imitations des bijoux les plus précieux et les plus coûteux. Ces produits proviennent essentiellement de Turquie et de Thaïlande. Néanmoins, quelques artisans tunisiens procèdent à la fabrication des séries les plus raffinées et les moins sophistiquées. Contrairement au plaqué or proposé à la pièce, les bijoux en argent sont vendus au gramme. «Les bijoux en argent incrusté de poussière de diamant sont à 3,5 DT le gramme», renchérit Saïf. Il est à noter qu'une parure imposante ne dépasse aucunement les 400 DT, alors que celle en or et pierres précieuses vaut des dizaines de milliers de dinars...