Les adieux à la Reine (2011) du réalisateur français Benoit Jacquot était projeté à la médiathèque Charles-de-Gaulle. En adaptant le roman de Chantal Thomas Les adieux à la Reine (prix Femina 2002, Seuil et Points) pour le cinéma, le réalisateur français Benoit Jacquot a plutôt trouvé un angle inédit. Il aborde comme un thriller les derniers jours de la monarchie française, en évoquant notamment la panique qu'ont éprouvée tous ceux qui s'agitaient autour du pouvoir. Le récit nous ramène au matin du 14 juillet 1789, à l'intérieur même du château de Versailles. Comme le titre l'indique, la Reine, s'agissant de Marie-Antoinette (Diane Kruger) est ici au centre de l'histoire de ce film de femmes, mais l'intérêt réside surtout dans le regard que porte tout le personnel entourant les nobles de la cour sur la situation. Ainsi, le personnage principal du film est Sidonie (Léa Seydoux), une jeune lectrice entièrement dévouée à la reine, qui entretient dans son esprit le fantasme d'une amitié intime avec la souveraine, un peu comme celle qu'entretient avec cette dernière la courtisane Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen). Il s'agit, donc, des dernières 24 heures de la vie de la Reine à Versailles que nous raconte un réalisateur bien inspiré. L'histoire propre de la Révolution française, ses enjeux complexes et ses mécanismes, ne sont pas du tout le propos du film qui tient, d'ailleurs, le peuple en révolte hors champ. Le roi, le gouvernement, à l'exception de la reine et de sa dame d'honneur, n'occupent pas non plus le centre du film. C'est à une classe bien particulière que le réalisateur semble s'intéresser, celle des domestiques de Versailles. Ce petit peuple, qui vit dans les caves du château, qui est terrorisé autant que ses maîtres par la Révolution et qui n'est en rien solidaire des révolutionnaires. Tout comme le personnage central, Sidonie Laborde, la lectrice de la reine. Dans ce rôle important, Léa Seydoux est tout simplement parfaite. Son personnage lui permet de montrer toute l'étendue de son talent . Tour à tour juvénile, effacée, révoltée ou mystérieuse, elle est, avant tout, fascinée par «sa» reine, elle-même fascinée par Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen) dont elle est amoureuse. Jacquot semble lui aussi très amoureux, il filme ses actrices avec une magnifique délicatesse. Sur le plan esthétique, Les adieux à la reine est une œuvre d'une beauté somptueuse, de laquelle émane pourtant un parfum de tragédie historique.