«Les premières rencontres de l'innovation» organisées mardi dernier par le ministère de l'Industrie et de la Technologie en collaboration avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ont été l'occasion de débattre de la question de l'innovation sous toutes ses coutures. Mécanismes de financement de l'innovation, réseaux d'innovation et témoignages de chefs d'entreprise innovantes ont constitué le menu de cette rencontre. Le choix d'un tel thème trouve sa justification dans les objectifs nationaux en matière de développement économique. En effet, la Tunisie place l'innovation et la promotion de filières à forte valeur ajoutée parmi ses priorités pour la future période . Des mécanismes spécifiques pour promouvoir l'innovation Ainsi des mécanismes spécifiques ont-ils été mis en place pour atteindre cet objectif et accompagner les entreprises dans leur démarche innovation. C'est à ce propos qu'a été créé le Fonds commun de placement à risque «In'Tech», un fonds qui sert à financer des projets innovants et relatifs à des créneaux porteurs. Le fonds sert également à assurer l'extension ou le développement des PME adhérentes au programme de mise à niveau concernant les Investissements à caractère technologique prioritaire (ITP), l'innovation et le développement technologique et les opérations visant la remontée de filière par l'intégration des fonctions de conception et de maîtrise du produit fini. Le Foprodi ( Fonds de promotion et de décentralisation industrielle) est un autre programme qui a été mis en place en vue de promouvoir les initiatives axées sur l'innovation, le Foprodi vise, ainsi, à créer une nouvelle génération de promoteurs, à promouvoir la création et le développement des PME et à encourager le développement régional. Le Programme national de promotion de l'innovation technologique et la prime d'investissement dans les activités de recherche développement sont deux autres mécanismes qui visent également à encourager les entreprises à adopter des démarches innovantes et à intégrer la recherche développement dans leur stratégie et leurs priorités. Cette journée a été une occasion d'exposer les mécanismes de financement prévus pour subvenir aux dépenses qui se rattachent à une telle démarche et pour découvrir les réseaux d'innovation dans les technopôles de Sousse, Monastir et Bizerte, mais aussi pour faire part d'expériences particulièrement réussies en la matière. L'API, partenaire de choix de l'innovation M.Mohamed Ben Abdallah, DG de l'API, a souligné lors d'une rencontre avec la presse qu'il a eue en marge de cette journée, qu'on ne peut parler d'innovation sans poser la question du financement. Il a , en outre, déclaré que plusieurs rencontres, des tables rondes seront organisées ainsi que des formations spécifiques pour les cadres des pépinières et des technopôles. M.Ben Abdallah a, en outre, souligné que des efforts vont être déployés en vue de réaliser une corrélation entre le PMN ( Programme de mise à niveau) et le Programme de l'innovation. D'un autre côté, le directeur de l'API a attiré l'attention sur l'importance de concevoir l'innovation dans une perspective économique, l'innovation a, en effet, pour but d'assurer le développement économique et de générer des résultats concrets en termes de productivité, de qualité et d'efficacité. Des expériences internationales à suivre Lors de cette rencontre, on s'est, par ailleurs, penché sur les enjeux et les pratiques internationales en matière de financement de l'innovation dans les entreprises. Ont intervenu sur ce thème M.Patrick Crehan, expert international en innovation, M.Roger Goudillard, directeur de l'AFD à Tunis, et M.Patrick Klein, DG Entreprises à l'UE. M.Patrick Crehan a présenté, dans son intervention, le cas des pays nordiques en matière d'innovation. Et a souligné, à ce propos, que selon des systèmes de benchmarking internationaux, tels que le EIS (European Innovation Scoreboard), les pays de la Scandinavie et plus largement les cinq pays nordiques ont des économies identifiées comme les plus innovantes dans le monde. Le conférencier a, par ailleurs, souligné que ces pays sont de petits pays dont la superficie avoisine celle de la Tunisie et ajoute qu'il est de ce fait très intéressant de suivre l'évolution de leurs politiques et programmes en matière d'innovation pour cerner les leçons à retenir. M.Crehan note d'un autre côté que «les pays nordiques évoluent vers un concept de l'Innovation totale», ajoutant qu'actuellement c'est la Finlande qui joue le rôle de pionnier dans cette démarche. M.Patrick Klein a, de son côté, exposé l'expérience de l'Union européenne dans le financement des activités innovantes et a précisé que face à la nécessité de promouvoir l'innovation pour la compétitivité des entreprises en Europe, la Commission européenne a développé une politique de financement qui intègre un certain nombre de dispositifs de soutien en étroite collaboration avec les acteurs concernés des Etats membres. M.Klein a ajouté, d'un autre côté, que les pouvoirs publics européens ont créé des instruments financiers spécifiques dans le cadre du Programme communautaire de compétitivité et d'innovation ( PIC). «En outre, l'élaboration du futur plan d'action pour la recherche et l'innovation permet à la Commission européenne de travailler avec l'ensemble des parties prenantes pour instaurer des outils et des partenariats public/privé plus efficaces pour fiancer l'innovation et pallier, ainsi, aux manquement du marché», a-t-il encore ajouté. M.Jean Goudillard, présentant l'intervention de l'AFD dans le financement de l'innovation, a rappelé que le groupe AFD, Proparco soutient de longue date le capital investissement en Tunisie. Proparco a notamment accompagné l'expérience de Tuninvest Innovation qui a investi dans des entreprises innovantes, l'AFD apporte, d'ores et déjà un soutien en formation à l'équipe de la Sages qui gère le Fonds commun de placement à risques «In'Tech», a-t-il encore précisé. M.Goudillard a, enfin, affirmé que le groupe AFD-Proparco est déterminé à continuer à agir sur tous ces leviers pour aider la Tunisie à devenir cette économie à fort contenu technologique qu'elle ambitionne d'être et, dans ce cadre, elle accordera la priorité à la promotion de l'innovation dans les entreprises en s'engageant de manière encore plus volontariste dans le capital risque.