Créer des institutions spécifiques chargées de promouvoir l'investissement dans des secteurs déterminés propres aux régions intérieures ciblées pour satisfaire les besoins exprimés par la population L'ancien modèle tunisien de développement a atteint ses limites et n'a pu répondre aux attentes de la population en matière de création de postes d'emploi, de répartition équitable des fruits de la croissance et du développement régional. D'où la nécessité d'opter pour un nouveau modèle de développement qui tienne compte des différents défis économiques et sociaux de la Tunisie. C'est pour approfondir la réflexion sur ce sujet qu'un séminaire sur le thème «Pour une croissance inclusive : l'emploi des jeunes et le développement régional» a été organisé, hier à Tunis, par l'Agence japonaise de coopération internationale (Jica) et l'Ecole supérieure de commerce de Tunis (Esct). Les intervenants ont notamment mis en exergue les attentes des habitants en milieu rural qui exigent, en plus de l'emploi, des services de santé, de transport et d'éducation adéquats. Le nouveau modèle de développement à élaborer devrait tenir compte de ces spécificités régionales. L'encouragement de l'investissement pourrait multiplier la création de postes d'emploi à condition de revoir le mode de fonctionnement des différentes structures chargées de la promotion de l'investissement pour qu'elles ne soient pas une entrave au développement. L'un des intervenants a même proposé la création d'institutions spécifiques chargées de promouvoir l'investissement dans des secteurs déterminés propres aux régions intérieures ciblées pour satisfaire les besoins exprimés par la population. Transparence et recevabilité de l'Etat Par ailleurs, les intervenants ont appelé, notamment, à la mise à niveau des institutions chargées du développement régional en impliquant davantage les organisations professionnelles — comme l'Utica — et la société civile qui sont en mesure de donner leur avis sur les différents projets et de les superviser. «Le nouveau modèle de développement peut tenir compte des points forts réalisés par la Tunisie pour les consolider», soutiennent de nombreux participants au séminaire. Le cadre réglementaire ne doit pas constituer un handicap pour la multiplication des PME mais un stimulant des investissements. Cette réglementation qui représente la règle du jeu de toutes les entreprises doit être respectée par tous et non détournée par certains à leur profit. «Pas moins de 220 entreprises ont détourné la règle du jeu à leur profit», estime un intervenant. La mise en place d'une base d'économie de marché claire peut résoudre certains problèmes qui se posent actuellement à la Tunisie. Le fruit de la croissance doit, de même, être distribué de façon équitable entre toutes les régions selon le modèle de développement. La flexibilité du travail permettrait aussi d'assurer une meilleure mobilité des travailleurs et de renforcer les opportunités d'emploi. Le secteur bancaire a un rôle important à jouer dans la stimulation des investissements et du choix des projets prometteurs capables de recruter de nombreux travailleurs. M. Mustapha Kamel Nabli, ancien gouverneur de la BCT et modérateur d'une session du séminaire, a indiqué, pour sa part, qu'il est temps d'aller au fond des choses au niveau de la réflexion et de ne pas se limiter aux généralités. «On a besoin d'un modèle de développement qui crée l'emploi, souligne-t-il, ainsi que le développement régional et la croissance». Il estime, par ailleurs, que la vraie question qui devrait être posée est la suivante : comment promouvoir les PME et quel est le rôle de l'Etat dans ce sens ? La transparence et la redevabilité de l'Etat sont nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. La réflexion a intérêt aussi, selon l'orateur, à aborder la qualité de l'enseignement et de la santé. De leur côté, les entreprises doivent être compétitives et performantes pour pouvoir s'imposer sur le marché. Même le dialogue social doit être préparé dans de bonnes conditions pour que chacun y trouve son compte. M. Nabli considère, par ailleurs, que l'Etat est une institution par excellence comme toutes les autres institutions et doit bénéficier de sa part dans la réflexion au même titre que l'économie de marché. Pr Mongi Boughzela, de l'Université de Tunis-El Manar, a indiqué qu'il existe des solutions destinées à résoudre le problème du chômage en Tunisie qui ne concerne pas uniquement les diplômés du supérieur — comme on a toujours tendance à le signaler — mais aussi les jeunes qui n'ont que le niveau secondaire et sans formation. Il a indiqué, de même, que des emplois informels existent même dans les entreprises du secteur formel. Mais les jeunes pensent que l'Etat est responsable de les faire employer. Plusieurs femmes pourraient accéder au monde du travail au cours de la prochaine période si les opportunités se multiplient. L'orateur a fait remarquer que notre économie ne génère pas assez d'emplois qualifiés. Le système éducatif semble, lui aussi, responsable du chômage dans notre pays. L'Etat étant dans l'incapacité de recruter, c'est au secteur privé d'assumer dans une large mesure cette tâche délicate. D'où la nécessité de revoir le code du travail en le simplifiant, en assurant l'équité fiscale et en favorisant l'entrepreneuriat.