La situation financière de la Sncft est critique suite à plusieurs facteurs internes et externes. Une restructuration permettrait d'équilibrer et de pérenniser les états financiers, avec la participation de toutes les parties prenantes Une stratégie a été élaborée par la Société nationale des chemins de fer tunisiens (Sncft) en vue de relancer les activités et améliorer les bénéfices qui ont connu une régression au cours des dernières années. Cette stratégie a été annoncée lors d'un séminaire sur le thème «Sncft, réalité et perspectives», organisé hier à Tunis. Les composantes de la stratégie qui a commencé à être exécutée consistent notamment en l'acquisition de 19 trains électriques pour les lignes Tunis-Borj Cédria et Sousse-Monastir-Mahdia, ce qui a permis de réaliser un saut qualitatif au niveau des prestations fournies. Récemment, deux nouveaux trains ont été acquis sur un ensemble de huit trains commandés et qui seront livrés prochainement à raison de deux trains par mois. Par ailleurs, la société a acquis et mis sur les rails 20 trains pour les lignes Tunis-Bizerte, Tunis-Béja-Jendouba-Ghardimaou et Tunis-Gafour-Kalaâ Khasba-Le Kef. Ces acquisitions ont permis de diversifier l'offre et d'améliorer la qualité des prestations. Des avantages préférentiels Dans un souci d'améliorer davantage les prestations, il sera procédé prochainement à la remise en état de plus de 100 wagons de transport interurbain des voyageurs. Pour ce qui est du transport du phosphate, les acquisitions ont concerné 200 wagons. S'agissant des ressources humaines, les efforts déployés se basent essentiellement sur la préservation de la paix sociale pour assurer la marche normale des activités. Il est question donc de renforcer le dialogue avec les parties syndicales et les agents de la société en vue de les inciter à améliorer davantage le rendement et à fournir des prestations de qualité. Le travail va se poursuivre pour assurer la formation et le recyclage des ressources humaines tout en améliorant les conditions de travail. Dans une allocution prononcée à cette occasion, M. Chiheb Ben Ahmed, ministre du Transport, a indiqué que le secteur du transport, d'une façon générale, et le transport terrestre, en particulier, constitue l'un des piliers de la croissance et participe au développement socioéconomique. Le secteur répond ainsi au besoin de transport des personnes et des marchandises avec des avantages préférentiels au niveau du coût, de la sécurité et de la protection de l'environnement. D'où le choix de l'Etat de donner la priorité au transport collectif et ferroviaire conformément à la législation en vigueur dont la loi n°33 en date du 19 avril 2004. Le transport ferroviaire demeure encore un choix stratégique traduit par plusieurs projets comme le projet du réseau ferroviaire rapide du Grand-Tunis, l'étude relative au métro de Sfax, le transport ferroviaire, l'étude relative à la ligne maghrébine à grande vitesse, la réhabilitation des lignes Sousse-Kasserine, Tunis-Kasserie ainsi que des linges du transport du phosphate... Une feuille de route élaborée M. Ben Ahmed a souligné que l'intérêt pour ce secteur va se poursuivre en cherchant de nouvelles sources de financement des projets dont les études ont été achevées ainsi que la réalisation de nouvelles études. D'ailleurs, le programme du ministère du Transport pour 2014 dans le domaine du transport terrestre consiste notamment à développer le transport ferroviaire, poursuivre la réalisation du réseau ferroviaire rapide du Grand-Tunis, la rénovation des bus, le renforcement de la décentralisation pour l'organisation du transport interurbain et régional... D'autre part, un programme de réformes structurelles sera exécuté prochainement pour le court et moyen termes en vue de traiter la situation financière difficile de certaines sociétés qui souffrent d'un déséquilibre financier. Le dialogue social va permettre d'examiner certains problèmes en suspens et d'améliorer le rendement dans les différentes sociétés. Le plan directeur national du transport et les plans régionaux seront exécutés. Une feuille de route a été élaborée par le ministère pour garantir une logistique efficiente destinée au commerce extérieur, la gestion rationnelle des projets publics et l'accélération de lancement des projets structurels, le démarrage de la restructuration des entreprises publiques passant par des difficultés financières en définissant des paramètres référentiels pour la bonne gouvernance. La feuille de route comporte aussi la sécurité totale du système de transport et la mise en place d'un plan pour la gestion des risques et le développement du dialogue social. Le ministre a précisé que l'exécution de tous les axes de la feuille de route ont commencé à être exécutés. Diminution des recettes L'orateur a rappelé que la Sncft est passée par des difficultés financières, qui ont nécessité l'intervention de l'Etat pour l'assainissement de la situation en 1994, 1998 et 2005. En 2011, l'Etat a pris en charge les dettes dues à la Société nationale de distribution du pétrole et à la Caisse nationale de retraite et de prévention sociale. Malgré ces interventions, la situation financière se dégrade de nouveau comme c'est le cas après chaque opération d'assainissement. D'où la nécessité, selon le ministre, de réfléchir sur la restructuration et les réformes afin de garantir la pérennité des équilibres financiers de la société. La situation critique de la Sncft est due, en fait, à plusieurs facteurs internes et externes à la société. Parmi ces facteurs, les augmentations importantes des salaires notamment après la révolution, les recrutements, l'évolution des charges, la stagnation des tarifs et la diminution des recettes suite à la resquille. A cela s'ajoute la perturbation du transport du phosphate à cause des sit-in anarchiques. Le ministre estime que la restructuration de la société est devenue impérative, mais celle-ci ne peut être exécutée que par l'implication de toutes les parties prenantes en misant sur le sens patriotique du partenaire social appelé à soutenir l'effort de l'Etat pour sauver la société. D'ailleurs, le séminaire s'inscrit dans le cadre de l'approfondissement du dialogue au sujet de la réalité et des perspectives de la société pour définir un programme de réforme basé sur l'approche participative. A noter que les activités de transport du phosphate ont régressé de 63%, contre une baisse de 49% pour le transport des autres marchandises. Les recettes ont connu, par conséquent, une chute de 60%. Le nombre des travailleurs a atteint, à la fin du mois de mars 2014, quelque 5273 agents dont 471 cadres. Malgré les pertes successives, la société continue à assumer un rôle de premier plan en tant que locomotive du développement, surtout si les facteurs perturbateurs extérieurs — qui sont hors de sa volonté — sont maîtrisés.